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23 juillet 2013 2 23 /07 /juillet /2013 11:07

« Уходили мы из Крыма ~ Ukhodili my iz Kryma ~ Nous quittions la Crimée » est une romance dont le texte a été écrit à la fin des années 20 du XX° siècle par un jeune officier cosaque, ayant immigré à la fin de la guerre civile; Nikolaï Touroveroff (1899  Oblast' de Rostov - 1972 Paris). Voici ce qu’en dit Natalia Beliakova sur le site « Росийское казачество ~ Rossiiskoe kazatchestvo ~ Cosaques de Russie »
Touroverov.jpg « Essenine du Don,»  « chantre des cosaques de Russie » - Longtemps, ces appréciations flatteuses du talant de Nikolaï Touroveroff, ne raisonnaient qu’à l’étranger. Et si « le poète en Russie, est plus qu’un poète, » il est alors difficile d’estimer le rôle de ce cosaque du Don dans la vie de ceux qui durent se retrouver dans une émigration obligée et douloureuse.

Un rassembleur infatigable de l’héritage cosaque et un gardien dévoué de ses traditions, symbole pour l’européen, du cosaque russe; Voilà seulement quelques traits du portrait de Nikolaï Touroveroff, qui a su dans sa créativité, refondre sa douleur personnelle en un âpre élixir dilué de larmes, des traditions ethniques et de la fierté cosaque.
En novembre 1920, lorsque dans la rade de Sébastopol, on porta à bord d’un bâtiment, le lieutenant du régiment Ataman, gravement blessé, accompagné de son épouse et de son frère cadet, il était l’un des derniers cosaques des cinquante mille du corps du Don du général Vrangel, à embarquer. Savait-il qu’il voyait sa patrie pour la dernière fois ?
Nikolaï Touroveroff va continuellement revenir dans sa poésie, au tragisme de l’exode des gardes-blancs. La Crimée fut un tournant non seulement pour sa destinée d’homme, mais également pour sa créativité. Pour ce jeune officier à peine sortie de l’école des cadets du régiment Ataman, de ne pas tomber dans un désespoir sans fond, l’aida le désir de mettre en rimes, de conserver pour les contemporains et, peut-être aussi, pour leurs descendants, ce qui s’appelle « mémoire nationale. » Se sauvant par sa créativité, par elle, il exaltait aussi les autres. A l’étranger, il subsistait, faisant les emplois les plus obscures, d’abord en Serbie, puis en France.

Engagé dans la légion étrangère, il combattra l’envahisseur fasciste en Afrique du nord.

En 1928, Touroveroff présente son premier recueil de poésie sous un nom simple et contenant : "Путь ~ Pout’ ~ La voie" Dans ce recueil, il y avait des textes sur cette déchirure fatale, que fut la Crimée, pour les blancs (dont le texte de "Nous quittions la Crimée".»)IzkhodLe poème - ironie du destin - sans le nom de l’auteur, était également populaire dans la Russie soviétique et le thème sur l’adieu d’un officier de la garde blanche à sa monture, a même trouvé un reflet au cinéma : En 1988, sort sur les écrans : «Служили два товарища ~ Slougyli dva tovarichtchia ~ Deux camarades, servaient » Le héros du film ;  Broussentsov (interprété par Vladimir Vissotski) n’arrive finalement pas à abattre son cheval, préférant se tirer une balle dans la tempe.»

Voici un vidéogramme où Alexandre Smyrnov interprète cette romance qu'il a lui-même mis en musique. 

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Уходили мы из Крыма / Nous quittions la Crimée

 Nikolaï Touroveroff 

Nous quittions la Crimée
Au milieu du feu et de la fumée,
Depuis la poupe, en visant mal,

Je tirais sur mon cheval.

Et lui, il nageait, n’en pouvant plus,
Derrière la poupe élevée,

Ne sachant pas, ne croyant toujours pas
Que, ses derniers adieux, il me faisait.

Combien de fois, une seule sépulture,

Dans les combats, nous était  destinée.
Perdant ses forces, mon coursier nageait

Toujours, croyant en ma fidélité.

Mon ordonnance ne tirait pas à côté,

L’eau avait rougie légèrement…
La côte de la Crimée s’éloignant,

Jamais,  je ne pourrai l’oublier.

Traduction : Sarah P. Struve

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D
Merci beaucoup, Sarah !
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  • : STENGAZETA - ПАРИЖСКАЯ СТЕНГАЗЕТА
  • : Le mot « Stengazeta » est un acronyme voulant dire « journal mural ». Stengazeta de Paris publie des traductions de chansons russes contemporaines et/ou populaires, ainsi que des articles d'opinions. Il m’a semblé utile, de faire percevoir à travers ce blog, la Russie et ses cultures, hors du prisme propagandiste et réducteur que véhiculent les pouvoirs politiques, économiques & médiatiques occidentaux. S. P Struve
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