Voici l’un des derniers poèmes de Sergueï Essenine (1895 – 1925)
Essenine datait rarement ses poèmes, cependant il data celui-ci, qu’il écrivit le 28 novembre 1925, un mois avant son suicide. Le jour où il écrivit « Mon érable effeuillé » il se trouvait en hôpital psychiatrique où il s’était réfugié de sa propre volonté pour se cacher de poursuites judiciaires et de la Tcheka, qui le recherchait. L’un de ses biographes s’était renseigné auprès du service météo pour connaitre le temps qu’il faisait à Moscou les jours entourant l'écriture de ce poème. De fait, ces jours là, une tempête de neige soufflait sur la ville. Il faisait un temps froid et humide.
Ce poème fut mis en musique par le compositeur Vassili Lepatov (1897 – 1965). Lepatov mit en musique d’autres poèmes d’Essenine dont « Lettre à ma mère ». Qui résonne dans le film de Choukchine : « L’obier rouge ».
- Sur le vidéogramme ci-après, « Mon érable effeuillé » est interprété par Vladimir Charine du groupe Tchaïf
-------------------------------------
Клен ты мой опавший / Mon érable effeuillé
Mon érable effeuillé, érable, de glace, noyé,
Pourquoi, sous les tourbillons de neige, te tiens-tu penchés ?
Qu’as-tu donc vu ? Qu’as-tu écouté ?
Hors du village, tu sembles avoir glissé.
Et, comme un gardien saoul, sortant dans l’allée,
Tu t’es pris dans les congères, te gelant le pied.
Hélas, je ne tiens plus vraiment debout, enivré,
Revenant de godaille, jusqu’à la maison, je n’arriverai.
Là-bas j’ai rencontré un saule, là-bas, un pin, j’ai enlacé,
Sous la blanche tempête, je leur chantais l’été.
Semblable à cet érable, je me voyais,
Érable encore feuillu, pareille à un vert palais diapré.
Et, ivre mort, toute modestie épuisée,
Un bouleau, telle la femme d’un autre, j’enlaçais.
Traduction : Sarah P. Struve