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18 janvier 2024 4 18 /01 /janvier /2024 14:52

La chanson «  Вечер на рейде ~ Soirée sur la rade » fut créé à Leningrad en août 1941, peut de temps avant, que la ville soit sous blocus, On pense que c'est l'une des premières chansons militaires, née à Leningrad en août 1941.

Ses auteurs sont les compositeurs Vassili Soloviev-Sedoï et le poète Alexandre Tchourkine. Comme tous les habitants de Leningrad, dans les premiers mois de la guerre, ils creusaient des tranchées, éteignaient des bombes incendiaires et travaillaient le soir dans le port de Leningrad.

- Un soir d'août, après une journée de travail, des amis se sont assis pour se reposer à bord d'une barge déchargée. "Rien ne rappelait la guerre", se souvient alors Alexandre Tchourkine.- Les vagues s'éclaboussaient légèrement sur les galets. La baie était enveloppée de brume bleue. Il y avait un navire dans le rade. Venant de lui, on entendait un son tranquille ; quelqu'un jouait de l'accordéon... Soloviov-Sédoï restait assis silencieux et comme prit dans ses pensées.

Quand nous sommes rentrés chez nous, il a dit: "c'est une belle soirée. Cela vaut une chanson." Apparemment, il avait déjà engendré la mélodie, parce qu'il m'a immédiatement dit. "Le contenu doit être le suivant: les marins quittent leur ville bien-aimée, disent au revoir...»

Voici trois vidéogrammes de cette chanson, Sur le premier c'est Soloviov-Sedoï qui, en 1974, l'interprète lui-même lors d'un concert. Sur le second, c'est une certaine «Aliona (Lacy Bluezly)» qui chante cette chanson sur fond de la baie de Sébastopol. Le troisième fut filmé en décembre 2016, lors d'une « flashmob,» à la gare de Sébastopol.

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Вечер на рейде / Soirée sur la rade

Musique: Vassili Soloviev-Sedoï / Texte: Alexandre Tchourkine

Chantons, amis, car en mer, demain,
Nous partons, dans l'avant aube embrumée.
Chantons plus gaiement, que chante avec nous
L’alerte capitaine à la chevelure argentées.

Adieu ville aimée,
Nous partons en mer, demain
Et, tôt le matin,
Scintillera au-dessus de la poupe,
Le bout de tissu bleu, familier.


Le soir est à nouveau si agréable,
Que l'on ne peut pas, ne pas chanter de chansons.
Sur le service en mer, sur la grande amitié,
Ensemble, amis, chantons !

Sur la grande rade, le silence s'étale,
La mer, de brume, s'est noyée
Et, la vague embrasse le rivage natal,
Apportant doucement le son d'un accordéon.

Adieu ville aimée,
Nous partons en mer, demain
Et, tôt le matin,
Apparaîtra derrière la poupe,
Le bout de tissu bleu familier.

Traduction: Sarah P. Struve

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13 mai 2023 6 13 /05 /mai /2023 14:16

Sergueï Makhovikov et né en 1963 à Leningrad. Il est chanteur, compositeur, interprète, acteur, cinéaste. En 2015, il a participé au projet de l'orchestre philharmonique D'état du territoire de l'Altaï de E. Artemeev sur le travail de V. Chukchine, faisant une tournée avec lui àSaint-Pétersbourg, Ivanovo, Yaroslavl et Moscou.
À l'automne 2014, il s'est rendu au Donbass, où il a apporté de l'aide humanitaire et donné plusieurs concerts. Plus tard, il s'est rendu à plusieurs reprises en République Populaire de Lougansk et en République Populaire de Donetsk toujours, en mission humanitaire.
Depuis 2015, il est interdit de séjour en Ukraine. En février 2016, il donne un concert pour les militaires russes à la base aérienne de Hmeimim en Syrie.
En mars 2023, il participe à l'émission de Sergueï Mikheev : « Tchelovek Z » que l'on peut visionner, ici. 

A. Zakhartchenko

Dans le vidéogramme ci-après, pour le quarantième jour du décès d'Alexandre Zakhartchenko, premier dirigeant de la République Populaire de Donetsk, assassiné dans un attentat le 31 aout 2018, Sergueï Makhovikov interprète cette chanson qu'il a  dédié à la mémoire de Zakhartchenko.

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Над всем Донбассом безоблачное небо / Au-dessus de tout le Donbass, un ciel sans nuages

Musique & texte :Sergueï Makhovikov

Un détachement de la milice est parti en reconnaissance de combat
Dans les tranchées, cela fait trois jours que les sentinelles ne dorment pas.
Dans le cagna, même le chat attend ; quand est-ce qu'ils rentreront à la maison.
Le crépuscule se couvrait d'un manteau gris
"Comment vont les gars là-bas ? Vont-ils revenir?"
Les commandants se taisent et fument cigarette sur cigarette.
Nous avons compris cette loi fondamentale de la guerre:
Plus effrayant que l'attente, c'est le temps du silence mort.

Par des obus, le "no mens land" familier est déchirée .
"Halte, qui va là ?!"et retentirons des voix :
"Au-dessus de tout le Donbass, un ciel sans nuages.
Au-dessus de tout le Donbass, un ciel sans nuages."

Te rappelles-tu lorsque nous avons rassemblé tous les blessés dans le ravin,
Ils étaient couchés en silence ; passait, cliquetant, l'ennemi.
Soudain, lentement, l'engin vira
 et s'en allât écraser...
Et ensuite, nous ne saurions l'oubliez, c'était comme ça:
Harnaché de grenades, un gamin, sous le tank, s'est couché ,
Et le ciel s'est soulevé et, s'en reveint en pluie d'éclats.
Comment s'appelait-il et quel âge il avait, nous ne le savions pas, nous avons juste murmuré: "Bien-aimé...".
Les étoiles ont entrouvert leur formation et se sont élevés à l'unisson avec toi.

Les Sentinelles ne dorment pas, et leur prière vole au ciel.
"Halte, qui va là ?!,"en réponse, retentissent les voix :
"Au-dessus de tout le Donbass, un ciel sans nuages.
Au-dessus de tout le Donbass, un ciel sans nuages."

Croix de Saour-moguila et fichus dans les nuages.
Nous avons été bombardés à bout portant, nous avons ri dans l'obscurité.
Et la nuit, en petite sœur, le saint printemps, s'est faufilé vers nous
Et nous nous sommes relevés de dessous la terre, sommes allés contre l'ennemi.
Et même le chien rampait en attaque - " Avec nous Moscou !"
Il y avait beaucoup de morts, peu d'eau et beaucoup de sang...
Pas de grades, pas de noms, et seulement dans le talkie-walkie, le grésillement de l'indicatif d'appel.
C'est notre destin et nous sommes fiers de notre avancée.

Les enfants attendent leurs pères, ils ont dans leurs paumes et l'amour et la guerre
Les gars reviendrons et nous dirons alors :
"Au-dessus de tout le Donbass, un ciel sans nuages.
Au-dessus de tout le Donbass, un ciel sans nuages.
Au-dessus de tout le Donbass, un ciel sans nuages.
Au-dessus de tout le Donbass, la victoire enrobée d’or! »

Traduction: Sarah P. Struve

 

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3 mars 2023 5 03 /03 /mars /2023 08:38

Le poème "la fille du mineur", créé par Anna Reviakina dans son style poétique unique, sincère, à sa manière impressionniste, raconte le choix inévitable et tragique devant lequel la barbarie fatale met aujourd'hui les vivants. Ses lignes sont un tocsin bourdonnant, qu'il est impossible de ne pas entendre, et un murmure de jeune fille à peine perceptible, un chagrin amer, dont la mémoire restera impérissable.

Le poème traduit, ici, est le premier d'un recueil de poésies éponyme écrit en 2016 et publié en 2018, que l'on peut lire en ligne,en cliquant la couverture du livre.

Il est facile de reconnaître cette ville aimée par l'auteur, Donetsk, et de ressentir l'amour pour les gens de cette ville et l'attente d'un monde lumineux, dont tout humain est digne. Dans le recueil, Les visages esquissés de la guerre sont accentués par des illustrations au fusain.

En mai 2018, lors d'un soiré littéraire. Anna Reviakina, raconte qu'elle termina son recueil le 8 octobre 2016, date anniversaire de la naissance de Marina Tsvetaeva. Elle y lit des extrait de son recueil.

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Шахтёрская дочь / La fille de mineur

Anna Reviakina (2016)

 

 

De trous de ver et de saignements
Se cicatrise la guerre.
Derrière les bas-cotés, au-dessus des champs,
Il y a des volées de corbeaux noirs.
Sur la route où le front se faufile,
Là ou il se disloque; Dieu voit,
Une claire damoiselle à la natte châtain,
Dans les cheveux ; une fleur bleue.
Ses mains ne sont pas plus épaisses que des brindilles,
Ses pieds sont des voûtes de ballet,
Elle est de ces gentilles filles,
De ces saintes orphelines naïves
Sa robe est de morne pauvreté,
Sa petite croix est de fil et de métal.
Cette fille est si transparente,
Qu'il serait improbable de la faire parler.
Sur la route, là où il y a la boue de la périphérie,
Là où les guerriers sont à l'affût,
Cette fillette impassible
Commence à être une ligne.
Silencieuse, miséricordieuse,
Se noyant dans les ténèbres.
Cette fille est véridique,
Comme la guerre qui est derrière ma fenêtre.
Sur les paumes; des croix et des lignes,
Sous les yeux; un voile de pluie...
cette fille s'appelle Maria.
Et elle est aux deux tiers, moi.

Traduction: Sarah P. Struve

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25 septembre 2022 7 25 /09 /septembre /2022 13:25

L'auteur de "Родина ~ Rodina ~Patrie," s'appelle Sergueï Trofimov; il est auteur-compositeur-interprète, musicien, chanteur, artiste Émérite de la Fédération de Russie. Il est également connu sous le nom de scène de Trofim.

- Le premier vidéogramme ci-après, reprend l’interprétation par Victoria Tcherentsova, chanteuse et actrice, qui interprète cette chanson lors de la cérémonie de clôture de la finale du III championnat National «Compétences des sages».

- le second vidéogramme, reprend l'interpretation du groupe populaire "Ptachitsa" de Saint-Pétersbourg, qui l’interprète dont Stengazeta a déjà présenté certains de ses membresIvan Razoumov et Veronika kourbanmamadova, ce groupe est composé outre ces deux interprète, de Lia Bragina, Svetlana Kocheleva et Sergueï Lebedev.

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Родина / Patrie
Сергей Трофимов

 

Les coupoles dorées des églises au-dessus de la rivière.
Fraises mûres avec du lait cru
Je cours sur l'herbe fauchée, et au dessus de moi
Le ciel est bleu et haut...
Je suis un gamin de cinq ans.,
Et ma joie chante, et mon bonheur vole...

Contes de grand-mère sur l'Amour et le Courage,
Où le Bien et la Vérité protègent le monde.
Médailles de grand-père "Pour Berlin" et "Pour Prague"
Et le feu d'artifice des fêtes de printemps...
Je sais que nous sommes tous ensemble, un Peuple!
Et ma joie vole, et mon bonheur chante.

C'est tout ce qui m'est proche, c'est quelque part au fond de moi.
C'est la chose la plus sainte qui soit resté en moi.
Cela nous garde et nous guérit comme la Grâce du Seigneur.
C'est quelque chose que l'on ne peut acheter, ni enlever.

Passera alentour, le temps, indifférant,
Effaçant les adresses familières,
Nous connaîtrons et le profit et le calcul,
Mais l'un dans l'autre, Nous arrêterons de voir le ciel...
Et, lorsque, pour moi, cela deviendra difficile,
Je me le dirai a nouveau, en dépit des temps...

C'est tout ce qui m'est proche, c'est quelque part au fond de moi.
C'est la chose la plus sainte qui soit resté en moi.
Cela nous garde et nous guérit comme la Grâce du Seigneur.
C'est quelque chose que l'on ne peut acheter, ni enlever.

Traduction : Sarah P. Struve

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19 août 2022 5 19 /08 /août /2022 07:44

Anna Reviakina est une poétesse Russe, née en 1983, à Donetsk. Elle est membre de l'Union des écrivains de la République populaire de Donetsk et de l'Union des écrivains de Russie. Ces poèmes parlent de sa ville, Donetsk, qui depuis huit ans, debout, affronte la guerre et les bombardements incessants. A propos de Donetsk, elle écrit :

Sous les pieds brûle l'asphalte / Et on n’entend plus les cloches / Dans cette ville on fond l'acier / On verse son propre sang

Ses poèmes reflètes l'angoisse des habitants de sa ville face à l'agression à la quelle Donetsk est confronté.

Je vole vers Moscou pour poser des questions... est un poème datant de 2018, alors que depuis quatre ans Donetsk défend, sous les bombardements ennemis, son indépendance

 

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Я летаю в Москву, чтоб задавать вопросы… / Je vole vers Moscou pour poser des questions...
Anna Reviakina / Анна Ревякина

De la ville où les palmiers se forgent avec des rails,
Je m’en vais à Moscou, prenant les vols les moins chers.
Ces vols sont toujours au petit matin bondé.
Et, je vois à main droite le flamboiement de l'aube.
Du jaune citron au rouge sang,
Comme si quelqu'un avait oublié de fermer des tubes de couleurs.
L'avion est ma grue blanche en origami
Mon avion vole vers le nord et laisse des cicatrices
Sur la pureté lisse de l'espace si proche.
On m'offre depuis un filtre d'osmose inversé
De l'eau dans un verre à demi plein.
Et, je ressens, comme jamais, un long cordon ombilical
Entre Dieu et moi, dont je me souviens
Souvent en vain, lorsque je rature le cahier de biais
Je vais à Moscou pour poser des questions.
On me regarde de travers, moi, la rustre,
Répondez-moi, que va-t-il arriver à ceux qui sont dans la ville du sud
Debout, les dents serrées, les mains sur les armes, contractées,
Ils se tiennent jusqu'à la mort, ce quatrième hiver de Dieu.
Debout, tels des écoliers dans un chœur, la bouche ouverte.
Dites-nous ce qui nous arrivera, à nous, sur la rade, rejetés
Il y a bien longtemps que je n'ai plus peur,
je porte en lieu et place de mon corps, mon âme,
Je la porte à l'envers, les coutures, l'étiquette,
Numéro de série, déjà plus une âme, pas encore une ogive.
Répondez-moi personnellement ou bien par téléphone.
Mon pays, une steppe entourée de terrils,
Attend une réponse, tel quelqu'un
mortellement malade, un diagnostic.
On ne parle de lui que dans les faits divers.
Répondez, j'ai besoin d'une réponse d'en haut.
Quand est-ce que nous passerons enfin le test de la guerre,
Dans cette vie ou dans celle qui vient après ?
Je vais à Moscou pour poser des questions...

Traduction : Sarah P. Struve

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14 juillet 2022 4 14 /07 /juillet /2022 12:38

Cette chanson a été écrie en 1979 par Léonid Serguéev. Journaliste de télévision et barde, Leonid Serguéev (30 mars 1953, Brest, Biélorussie - 5 juillet 2022, Moscou.) Il a vécu une grande partie de sa vie à Kazan avant de s’installer à Moscou. Serguéev a terminé la faculté d’histoire et de philosophie de l’université d’Etat de Kazan (1975) Il est de formation, professeur d'histoire et de sociologie.

Voilà ce qu’il disait à propos de cette chanson, "Kolokolenka – Le petit clocher :"

« Je suis profondément convaincu qu’il y a des chansons qui se meuvent dans d’autres dimensions et se matérialisent à travers quelqu’un, afin de pénétrer dans cette vie. Et l’auteur, dans ce cas la, n’en est que le messager, le passeur, le révélateur de ce qui lui est prédestiné (…)

Durant mes années d’étude à l’université de Kazan, j’ai été amené a accompagner six fois, dans le cadre de la faculté d’histoire et de philosophie, les « commandos des neiges ». A propos de ce que sont « les commandos des neiges » c’est une autre histoire*. L’important, c’est qu’après chaque expédition sur les lieux des combats, apparaissaient de nouvelles chansons sur la guerre.

Ainsi donc, en 1979, alors que je travaillais déjà au journal «Vetchernïaïa Kazan’ », j’ai pris un congé en janvier pour partir avec la 10° expédition des « commandos des neiges ». Nous avons été dans les pays baltes et dans l’Oblast’ de Kaliningrad (l’ancienne Prusse orientale) et les impressions, le ressenti, ce que j’entendis, ce que je vis plus tard, après l’expédition, se métamorphosa en cette nouvelle chanson  « Kolokolenka »

Les premiers à entendre cette chanson, furent tout naturellement, mes amis. Elle se chantait tant pendant les concerts que lors des réunions avec les vétérans. On la chantait également dans les hôpitaux militaires, à Douchanbé, à Tachkent, à Podolsk…

Je me souviens qu’à l’hôpital de Douchanbé on m’emmena dans une des salles et on me dit ; « Chantes !... ». Et là-bas, il y a couché un gars sans bras ni jambes… Et seules me regardent dimmenses yeux noirs Comment chanter ici ? Que chanter ? J’ai chanté « Kolokolenka »…

En 1986, il y eut à la télévision l’émission « Le ring musicale ». Si l’animatrice n’avait pas été aussi stupide, cela aurait été une émission réussie. Mais elle était déterminée à s'enthousiasmer pour la musique rock et à "étouffer" la chanson d'auteur. A un moment donné, j’en ai eu assez et juste après une parodie ridicule, j’ai tout de suite enchainé avec« Kolokolenka ». Il fallait voir les regards étonnés des gens … Comme les sourires s’effaçaient des visages … Il y eut un tel silence à la fin de la chanson … Et Sacha Rozenbaum s'est levé et chanta encore une fois «La route de la vie».

Pour résumer, au matin, je me suis réveillé célèbre… Mais cela n’est pas l’essentiel, à ma stupéfaction et à mon effroi presque mystique, les héros de cette chanson ont commencés … à reprendre vie. Bien sur pas au sens propre. Mais, tout d'abord à la radio où je travaillais, est arrivée une lettre d'Afghanistan, dans laquelle l'auteur, par ailleurs lieutenant, écrivait que : «nous avons refait votre chanson et nous la chantons ainsi : « … est sur le petit champ… notre section de commando-parachutistes… ». Puis une lettre de la famille d’un certain Kroupenikov porté disparu durant la dernière guerre mondiale … Entendant cette chanson, ils avaient pensé que l'auteur savait peut-être des choses sur leur grand-père … Ce fut un choc ; ce personnage inventé prenait vie … pas celle que nous vivons, mais une vie dans la mémoire d’autrui. Tout cela n’était que le début.

A la fin des années 90, une famille est venu à l’un de mes concerts que je donnais à Saint Petersburg… C’était la famille dusergent Mokhov. Sa veuve et son fils avec sa famille…Et je vis pour la première fois mon héros que j’avais créé. Sur la photographie, un jeune homme coiffé d’une boudionovka ; le sergent chef Léonid ( !) Mokhov, porté disparu en 1942, dans les marais de Pinsk. Les lettres aux archives, les fiches signalétiques, les réponses… Jusqu'à ce jour, ces copies se trouvent chez moi. Jusqu'à ce jour il y a des recherches le concernant.

Mais l’histoire de cette chanson continue son cours. Il y a quelques années, durant le festival d’hiver de Grouchinsk, à Samara, Dima Biktchentaev et Valera Bokov, s’approchent de moi et ils me racontent : « Nous nous sommes produit, à l'hôpital du coin, devant des blessés. Et un garçon a demandé que nous chantions "Kolokolenka" ». Ils ont alors dit que l'auteur était ici à Samara … Le lendemain je me suis rendu à cet hôpital. On m‘amène dans une salle ; il y a couché là, un gars ; Le capitaine Slava Eguine, cela fait longtemps qu’il est couché là, gravement blessé à la tête sur la place Minoutka à Grozny… Je lui ai chanté la chanson. Il est resté silencieux puis a dit : « …Il y est arrivé ? » J’ai réfléchi, réfléchi et je lui dis « Je ne sais pas… » Il a réfléchi et il m’a dit « … Normalement il n’a pu y arriver. L'endroit est dégagé, la mitrailleuse sur une hauteur Il ne peut y arriver ». J’ai réfléchi longuement et je lui dis : « je ne sais pas… » Il a encore réfléchi et me dit : « Moi, je n’y suis pas arrivé. C’était aussi un endroit dégagé… » C’est un sniper posté dans un immeuble qui l’a atteint, lorsqu'il traversait en courant cette place. Je suis parti continuer à chanter dans les autres salles de l’hôpital. »

- Voici donc, pour les âmes qui l’habitent, le vidéogramme de cette chanson enregistré lors de l’émission« Le ring musicale ».

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Колоколенка
Le petit clocher

Leonid Serguéev / Леонид Сергеев

Sur la montagne, sur la petite montagne il y a un petit clocher.
Depuis là, le long du petit champ, cogne une mitrailleuse.
Et, couché dans le petit champ, les bottes tournées vers le petit soleil,
Avec grande nonchalance, traîne notre héroïque section.

Nous happons la petite terre de nos doigts crochus,
Les balles comme de petits moineaux folâtrent dans la poussière…
Mitri Gorokhov et le sergent Mokhov,
Ces petits moineaux que voila, ont finis par trouver.

C’est là que l’adjudant-chef  Kroupennikov me dit doucement,
Que je prenne la petite mort pour le bon peuple,
Qu’en haut du petit clocher, je me noie de mon petit sang
Puisqu’il est ainsi, ce sacré fils de pute.

À mon petit fusil, j’ai fixé vigoureusement la baïonnette.
Dans ma botte, j’ai fourré un vieux Nagan.
Dans ma poche gauche, j’ai enfoncé profondément
Ma médaille de troisième classe, ainsi que celle de la Valeur.

On m’a donné du biscuit, on m’a passé un clope
L’adjudant chef Kroupennikov m’a vidé une flasque,
Je l’ai gouté, me suis rappelé ma propre maman
Et, le long du champ, du petit champ, j’ai vite couru.

Et, sur le petit clocher, le fils de pute s’est énervé,
S’est mis à me viser, pour à coup sur.
On aurait dit qu’une petite poussière, qu’un petit grain de sable
Etait tombée dans l’œil du forcené, sa main bougea.

J‘ai laissé tomber le fusil et me suis affalé derrière un petit rocher
Pour que l’ennemi pense qu’il m’a apparemment accroché
Mais fallait croire qu’il s’y connaissait, il ne m’a pas cru tout de suite.
Et, derrière la pierre, la petite pierre, il m’a longuement coincé.

Mais, visiblement ce n’était pas mon destin de gouter les balles,
L’adjudant-chef Kroupennikov s’est levé comme à la parade,
Tout de suite, du petit clocher, pépiant joyeusement,

Les moineaux s’envolèrent droit dans sa poitrine, le rejetant en arrière.

Petites montagnes – petits monts, clochers – clochetons…
Qui recevra quoi, à qui est-ce le tour ?
Blessure non cicatrisée, mémoire vivante,
Le petit soleil, le petit champ et l’
héroïque section.

Traduction : Sarah P. Struve

_____________________

* - Il est communément admis qu’entre 26 et 27 millions de soldats soviétiques ont péris durant la Grande guerre Patriotique. Jusqu'à aujourd’hui, des équipes de volontaires vont chaque année sur les lieux des combats pour rechercher les traces et les restes de ces combattants afin de leur donner une sépulture descente. Les « Commandos des neiges » fonts partis de ces volontaires, ils ont été initiés en 1965, peut après le 20° anniversaire de la victoire sur le nazisme, par des étudiants de la République du Tatarstan

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28 juin 2022 2 28 /06 /juin /2022 13:11

L'auteur de la chanson "Последний бой! ~ Posledni boï! ~ Le dernier combat !" est l'écrivain, poète, acteur et musicien, Mikhail Nozhkine, né en 1937. La chanson résonne dans le film en trois parties, sur la grande guerre patriotique "Освобождение ~ Ocvobojdenia ~ Libération" de Yuri Ozerov ; l'auteur écrivit cette chanson durant le tournage du film, où il joua le rôle du commandant d'une compagnie d'assaut.

Dans le vidéogramme, Mikhail Nozhkine interprète cette chanson lors du 70° anniversaire de la victoire,  le 9 mai 2015.

Cette traduction est dédiée aux combattants des républiques populaires de Lougansk et de Donetsk ainsi qu'à leurs frères de l'armée fédérale russe, qui, en cet instant, se battent afin de libérer la terre russe.

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Последний бой! ~ Le dernier combat !

Mikhail Nozhkine

Il y a si longtemps, si longtemps
Que nous ne nous sommes pas reposés
Ce n’était tout simplement pas
le temps de nous reposer.
A travers la moitié de l'Europe
Nous avons rampé,
Et, demain, demain, enfin,
Ce sera le dernier combat.

Encore un peu, encore un chouia,
C'est le plus dur, le dernier combat.
Et moi, je veux rentrer en Russie, à la maison,
Il y a si longtemps que je n'ai vu maman
Et moi, je veux rentrer en Russie, à la maison,
Il y a si longtemps que je n'ai vu maman !...

C'est la quatrième année qu'on n'a plus de vie
À cause de ces fritz,
Cela fait quatre ans,
Que coule en rivière la sueur salée,
Que coule le sang.

Encore un peu, encore un chouia,
C'est le plus dur, le dernier combat.
Et moi, je veux rentrer en Russie, à la maison,
Il y a si longtemps que je n'ai vu maman
Et moi, je veux rentrer en Russie, à la maison,
Il y a si longtemps que je n'ai vu maman !...

Demain, nous nous retrouverons
Pour la dernière fois, au corps à corps,
une dernière fois, nous pourrons
Servir la Russie
Et, pour elle, mourir,
Cela ne fait pas du tout peur,
Car, quand même, chacun
Espère survivre !

Encore un peu, encore un chouia,
C'est le plus dur, le dernier combat.
Et moi je veux rentrer en Russie, à la maison,
Il y a si longtemps que je n'ai vu maman
Et moi, je veux rentrer en Russie, à la maison,
Il y a si longtemps que je n'ai vu maman !...

Traduction : Sarah P. Struve

 

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1 mai 2022 7 01 /05 /mai /2022 19:18

Le journaliste russe, Andreï Babitski, est décédé à l'age de 57 ans dans la nuit du 31 mars au 1° avril 2022, à Donetsk, où il vivait et travaillait depuis le début de la guerre civile ukrainienne. Voici la traduction de l'un de ses articles, qu'il publia en 2017 et qui parle de ce qui s'est passé le 2 mai 2014 à Odessa.

________________________

UNE MÉMOIRE NON APAISÉ
par Andreï babitski

 

Dans mon enfance, parfois je commençai à soupçonner, que le monde autour de moi, était une décoration créée par une force invisible, afin de tester je-ne-sais quelles de mes réactions. Je ne sais par quoi était provoqué un tel manque de confiance vis-à-vis de la réalité, mais je me sentais réellement tel un rat de laboratoire, que quelqu'un étudiait à travers une vitre, j'avais de la suspicion envers le téléviseur et la fenêtre de ma chambre, qui avaient une vue complète sur mon espace de vie et, par moment, même ma maman, m'apparaissait irréelle.

Avec les années, les suspicions se sont dissipées, s’étant changées en des représentations plus compliquées du monde mais, le 2 mai 2014, j'ai ressenti cette suspicion connue de manque de confiance vis-à-vis de ce que je voyais. Il se passait quelque chose à la maison des syndicats d'Odessa, quelque chose qui ne pouvait être, mais, ce quelque chose, d'un rien du tout, a brutalement commencé à exister. J'ai déjà fait face à diverses circonstances tragiques, mais ces histoires avaient une sorte de schéma de développement compréhensible. Les gens se déshumanisaient dans le processus, perdant leur famille et leurs proches, brûlant de l'intérieur jusqu'à n'être plus qu'enveloppe motivée par la haine seule.

Alors que le 2 mai 2014, à Odessa, l'atrocité est apparue comme de nulle part : d'un trou soudainement formé dans la réalité, une véritable "Banderavchtchina" avec des membres coupés, des ventres éventrés et des enfants pendus. Nous connaissions toutes ces horreurs par les livres, mais nous pensions que c'était une histoire de bêtes inconnues vers laquelle il n'y avait pas de retour. Et, dans tous les cas, nous ne croyions pas que cette espèce d'animaux pourrait soudainement apparaître dans notre âme, car la foi dans le progrès est inépuisable.

Cela est arrivé : les filles et les garçons, qui hier encore nourrissaient des poupées et faisaient du surf dans les déferlantes d'Odessa, aujourd'hui, versaient du kérosène dans des bouteilles et achevaient les brûlés, qui s'étaient jetés par les fenêtres de la Maison des syndicats sur l'asphalte d'Odessa.

En un seul instant et sans aucun passage, ils ont organisé un sabbat d'homicide — dévorant des personnes semblables à eux, les habitants de leur propre ville, leurs pairs pour la plupart. Ils ont bu leur sang, puis, avec des larmes de joie dans les yeux, ils ont supplié que l'on soit fier de leur exploit : - Jetez au moins un regard qui, et comment nous avons brûlé, ici. Nous ne voulons pas vous déranger sans raison, mais vous n'avez encore jamais vu une telle horreur magnifique !

On entend souvent dire que ce ne sont pas des nazis, car ils n'avaient nulle part où se faire recruter, mais simplement des enfants malheureux et défavorisés de la dévastation post-soviétique. D'où cette cruauté bestiale que l'autre partie aurait certainement manifestée, si elle en avait eu l'occasion. Mais, ce n'est pas le cas.

Le nazisme est une idéologie, qui n'est pas nécessairement introduite dans la conscience sous la forme d'une doctrine finie, finie et logiquement cohérente. En général, elle n'affecte que légèrement la conscience et se manifeste sous la forme d'une humeur générale. L'homme sourit du fait que le soleil lui murmure quelque chose. Et la conscience elle-même, dans la plupart des cas, est représentée par une vague capacité d'acheter des saucisses dans un magasin, de s'assurer qu'on a bien payé la bonne somme au marché, ainsi que des bribes de mots de la chanson sur « laissez-les courir maladroitement...»

L'infiltration du nazisme dans la société dure des années et une personne ajoute simplement des informations inactives dans un placard, pour le moment, lointain . Il ne lutte pas avec elles, ne cherche pas à les neutraliser, elles l'aident au contraire à survivre, donnant l'espoir qu'il fait partie d'une grande communauté, qui, à travers toutes ses tribulations personnelles et ses circonstances difficiles, dédaigne la parenté avec le peuple choisi pour la grande cause. Il croit et ne croit pas, mais en général, il ne pense pas particulièrement à justifier ou, au contraire, à détruire la doctrine décousue et bestiale qui s'empare progressivement de son être. Il s'y sent à l’aise parce que quelque part dans les réserves du subconscient repose une idée qui réchauffe l'âme dans les moments les plus sombres de la vie.

Il est absolument normal, socialement adapté : a un ami, un frère, étudie, travaille, dit des bons mots, se réjouit, se lamente et se fâche comme tout le monde. Mais, le poison du nazisme retravaille déjà imperceptiblement, pour lui-même et les autres, sa nature spirituelle.

Et puis, Bang - le 2 mai. Et, il est l'instant d’après un soldat prêt et dévoué de la Wehrmacht. Il brûle des gens et est fier d'avoir participé à la construction d'un monde meilleur.

Ces événements sont devenus une frontière entre le passé et le présent. Dans ce passé, il y avait des sourires dédaigneux de nos partisans nationaux de l'Ukraine Euro-Atlantique du camp libéral. Ils haussaient les épaules et regardaient l'interlocuteur avec un sentiment de légère pitié et de mépris. "Où avez-vous vu des nazis là-bas ?"demandaient-ils. Après aussi, ils continuaient à s'interroger, mais leurs yeux glissaient obstinément par-dessus et à côté de la maison des syndicats incendiée et les corps carbonisés dans son hall. Ils n'ont pas accepté cette horreur comme argument prouvant que Bandera est revenu dans toute sa forme bestiale et a commencé à cravacher l'Ukraine comme un cocher son cheval.

Cependant, leur opinion a cessé d'être importante. Auparavant, nous pensions qu'ils conversaient de façon honnête et impartiale avec nous, simplement en raison de certaines de leurs préférences, ils avaient tendance à minimiser le danger du nationalisme ukrainien. Après le pogrom d'Odessa, il est devenu clair qu'ils n'allaient pas nous parler du tout. L'avance qu'ils ont accordée à l'Ukraine s'est avérée être un ausweis autorisant toutes formes d'actions. Selon eux, il était possible de brûler des personnes, de tirer à coup de canons et de chars sur les villes et villages du Donbass, de mener des processions aux flambeaux avec des portraits de Bandera et de Chukhevich, de fusiller des prisonniers sans procès ainsi que de les torturer de la manière la plus brutale, dans des prisons improvisées des bataillons territoriaux nazis.

Ce mois de mai Odessite, est étroitement enveloppé dans un linceul de désespoir et de haine. Aucun des auteurs de la tragédie n'a été arrêté, ni condamné. Et seulement une rumeur populaire, et les réseaux sociaux partagent des rumeurs selon lesquelles les filles et les garçons qui ont mis du kérosène dans des bouteilles, meurent les uns après les autres de la manière la plus surprenante. Quelqu'un s'est noyé, un autre a été poignardé en Russie, un autre a été jeté d'un toit. Honnêtement, je ne suis pas du tout sûr que ce soit vrai ; c'est plutôt ainsi que l'angoisse de représailles s'exprime. Ni Odessa, ni tous ceux qui ont vécu ces terribles événements comme un chagrin personnel, ne sont prêts à oublier et à pardonner. Et cette attention intense aux destins de ces petits bestiaux, dont le nom de chacun est bien connu, est une sorte de garantie que, tôt ou tard, tous répondront de ce qui a été fait.

Source ~ Life

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27 mars 2022 7 27 /03 /mars /2022 18:53

La chanson « minute de silence » est issue du film « Батальоны просят огня – Batalionny prossïat ognïa – les bataillons demandent un appuie d’artillerie » film en quatre parties datant de 1985, inédit en France, (comme d’ailleurs la majorité du cinéma russe, censuré par les distributeurs audiovisuels occidentaux ?)

Ce film aborde l’histoire de la reprise, en 1943, par les troupes soviétiques du fleuve Dniepr. Deux bataillons de fusiliers-voltigeurs doivent traverser le Dniepr en concentrant le feu de l’ennemi sur eux. Tant-dis que Le gros des forces soviétiques, traversera le fleuve à un endroit libre des troupes d’occupation allemandes.

Dans ce film, les principaux rôles sont interprétés par plusieurs acteurs connus du cinéma soviétique et russe, dont, entre autre, Alexandre Zbrouev, Alexandre Pankratov-Tcherny, ainsi que NikolaÏ Karatchentsov qui interprète la chanson du film « Minutes de silence. »

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Минуты тишины

Les minutes de silence

Paroles M. Matoussovski / Musique A. Petrov

Aussi étrange que cela soit, durant les jours de guerre,
Il y a des minutes de silence,
Lorsque le combat s’apaise fatigué,
Et que les déflagrations ne s’entendent presque plus,
Nous restons dans ces jours de guerre,
Assourdis de silence.

C’est ainsi parfois durant les jours de guerre,
Nous faisons des rêves dans les tranchées,
Nous rêvons de villages d’avant guerre,
Derrière les fenêtres des quels, brûlent des lumières.
Et dans les gourbis, les jours de guerre,
Nos rêves respirent la paix.

Comment prévoir à l’avance
Le difficile chemin
Des compagnies de fantassins,
Qui arrivera jusqu’au boyau prochain,
Qui arrivera jusqu'à la victoire.
Comment prévoir à l’avance,
Où te mènera ton destin?...

Traduction : Sarah P. Struve

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25 mars 2022 5 25 /03 /mars /2022 06:01

 

Dmitri Stechine, est un journaliste russe, travaillant pour le journal « Kosomolskaia pravda. » il y est, entre autre, correspondant de guerre et a couvert différents théâtres de guerres, tels que la Libye, la Syrie, l'Ossétie du sud. Ces derniers jours, il était à Marioupol, c'est de là-bas qu'il envoie des notes sur sa page Telegram. Voici la traduction de l'un de ses postes.

 

Note de Marioupol

La guerre a des détails terribles, que le témoin ne réalise qu'après. Le psychisme sépare ce qui est vu : sang / intestin et horreur infernale, séparément. Sinon, la conscience et l'esprit ne le supporteront pas. Aujourd'hui, j'ai retravaillé dans ma tête ce que j'ai vu à Marioupol. La première image provoque une sorte de tristesse implacable : un corps d'enfant dans un sac de linge de lit, juste à l'échangeur à l'entrée de la ville. Un magasin "O'stin," Une exposition de jouets pour enfants près d'un passage. Une sorte de cabinet psy de débriefing. Pour comprendre, à une dizaine de mètres de ce cabinet, sous une couverture, se trouve une vieille dame morte avec une cane brisée par des éclats d'obus. Comme tous les morts à la guerre, les personnes âgées n'ont tout simplement pas eu le temps de s'abriter. Et la troisième chose, la pire, qui m'afflige jusqu'à présent... J'enregistrai une vidéo et une femme avec un garçon de 15 ans est venue me voir. Ils avaient sur leur tête des bandanas blancs éblouissants faits de draps. La femme m'a pris pour un officiel et a commencé à me torturer avec des questions :
- Notre grand-mère a la maladie de Parkinson, où prendre les médicaments ? Vous n'en avez pas ?
- Non, je n'ai pas de médicaments.
- C'est un médicament rare, on n'en trouve pas partout. Il y a l'hôpital N°17 à côté. D'après vous, on peut y aller ?
J'ai jeté un regard sur les côtés. Il ne se passait rien autour, bien sûr, mais en temps de guerre, les gens grouillaient devant l'hôpital. Je me suis décidé à lui donner un conseil :
- Allez y, bien sûr, vous voyez, les gens tout autour. Si le médicament est rare, peut-être que personne n'en a besoin.
- On peut y aller, sûr?
Je haussai les épaules, je voulais terminer cette conversation, elle était douloureuse et je ne savais pas encore ce qui me stressait.
- Allez-y, vous voyez, je suis là sur la place !
La femme a remercié et est partie. Je me souviens encore que dans les coins des yeux, elle avait des traces de sel, comme des larmes séchées.
Exactement cinq minutes plus tard, suffisamment de temps pour que mon interlocutrice et son fils atteignent cet hôpital, les "Azov"* l'ont couvert d'un paquet de "Grad."
J'ai envoyé à la mort mon interlocutrice, je lui ai donné mon assurance. Je n'ai aucun moyen de savoir si elle est en vie, si son fils est en vie, et que cela s'agrippe à moi tel un lourd péché. De toute façon, à la guerre, on ne peut l'éviter.

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* "Azov" ~ Bataillon nazi intégré à l'armée ukrainienne.

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  • : Le mot « Stengazeta » est un acronyme voulant dire « journal mural ». Stengazeta de Paris publie des traductions de chansons russes contemporaines et/ou populaires, ainsi que des articles d'opinions. Il m’a semblé utile, de faire percevoir à travers ce blog, la Russie et ses cultures, hors du prisme propagandiste et réducteur que véhiculent les pouvoirs politiques, économiques & médiatiques occidentaux. S. P Struve
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