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1 mai 2022 7 01 /05 /mai /2022 19:18

Le journaliste russe, Andreï Babitski, est décédé à l'age de 57 ans dans la nuit du 31 mars au 1° avril 2022, à Donetsk, où il vivait et travaillait depuis le début de la guerre civile ukrainienne. Voici la traduction de l'un de ses articles, qu'il publia en 2017 et qui parle de ce qui s'est passé le 2 mai 2014 à Odessa.

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UNE MÉMOIRE NON APAISÉ
par Andreï babitski

 

Dans mon enfance, parfois je commençai à soupçonner, que le monde autour de moi, était une décoration créée par une force invisible, afin de tester je-ne-sais quelles de mes réactions. Je ne sais par quoi était provoqué un tel manque de confiance vis-à-vis de la réalité, mais je me sentais réellement tel un rat de laboratoire, que quelqu'un étudiait à travers une vitre, j'avais de la suspicion envers le téléviseur et la fenêtre de ma chambre, qui avaient une vue complète sur mon espace de vie et, par moment, même ma maman, m'apparaissait irréelle.

Avec les années, les suspicions se sont dissipées, s’étant changées en des représentations plus compliquées du monde mais, le 2 mai 2014, j'ai ressenti cette suspicion connue de manque de confiance vis-à-vis de ce que je voyais. Il se passait quelque chose à la maison des syndicats d'Odessa, quelque chose qui ne pouvait être, mais, ce quelque chose, d'un rien du tout, a brutalement commencé à exister. J'ai déjà fait face à diverses circonstances tragiques, mais ces histoires avaient une sorte de schéma de développement compréhensible. Les gens se déshumanisaient dans le processus, perdant leur famille et leurs proches, brûlant de l'intérieur jusqu'à n'être plus qu'enveloppe motivée par la haine seule.

Alors que le 2 mai 2014, à Odessa, l'atrocité est apparue comme de nulle part : d'un trou soudainement formé dans la réalité, une véritable "Banderavchtchina" avec des membres coupés, des ventres éventrés et des enfants pendus. Nous connaissions toutes ces horreurs par les livres, mais nous pensions que c'était une histoire de bêtes inconnues vers laquelle il n'y avait pas de retour. Et, dans tous les cas, nous ne croyions pas que cette espèce d'animaux pourrait soudainement apparaître dans notre âme, car la foi dans le progrès est inépuisable.

Cela est arrivé : les filles et les garçons, qui hier encore nourrissaient des poupées et faisaient du surf dans les déferlantes d'Odessa, aujourd'hui, versaient du kérosène dans des bouteilles et achevaient les brûlés, qui s'étaient jetés par les fenêtres de la Maison des syndicats sur l'asphalte d'Odessa.

En un seul instant et sans aucun passage, ils ont organisé un sabbat d'homicide — dévorant des personnes semblables à eux, les habitants de leur propre ville, leurs pairs pour la plupart. Ils ont bu leur sang, puis, avec des larmes de joie dans les yeux, ils ont supplié que l'on soit fier de leur exploit : - Jetez au moins un regard qui, et comment nous avons brûlé, ici. Nous ne voulons pas vous déranger sans raison, mais vous n'avez encore jamais vu une telle horreur magnifique !

On entend souvent dire que ce ne sont pas des nazis, car ils n'avaient nulle part où se faire recruter, mais simplement des enfants malheureux et défavorisés de la dévastation post-soviétique. D'où cette cruauté bestiale que l'autre partie aurait certainement manifestée, si elle en avait eu l'occasion. Mais, ce n'est pas le cas.

Le nazisme est une idéologie, qui n'est pas nécessairement introduite dans la conscience sous la forme d'une doctrine finie, finie et logiquement cohérente. En général, elle n'affecte que légèrement la conscience et se manifeste sous la forme d'une humeur générale. L'homme sourit du fait que le soleil lui murmure quelque chose. Et la conscience elle-même, dans la plupart des cas, est représentée par une vague capacité d'acheter des saucisses dans un magasin, de s'assurer qu'on a bien payé la bonne somme au marché, ainsi que des bribes de mots de la chanson sur « laissez-les courir maladroitement...»

L'infiltration du nazisme dans la société dure des années et une personne ajoute simplement des informations inactives dans un placard, pour le moment, lointain . Il ne lutte pas avec elles, ne cherche pas à les neutraliser, elles l'aident au contraire à survivre, donnant l'espoir qu'il fait partie d'une grande communauté, qui, à travers toutes ses tribulations personnelles et ses circonstances difficiles, dédaigne la parenté avec le peuple choisi pour la grande cause. Il croit et ne croit pas, mais en général, il ne pense pas particulièrement à justifier ou, au contraire, à détruire la doctrine décousue et bestiale qui s'empare progressivement de son être. Il s'y sent à l’aise parce que quelque part dans les réserves du subconscient repose une idée qui réchauffe l'âme dans les moments les plus sombres de la vie.

Il est absolument normal, socialement adapté : a un ami, un frère, étudie, travaille, dit des bons mots, se réjouit, se lamente et se fâche comme tout le monde. Mais, le poison du nazisme retravaille déjà imperceptiblement, pour lui-même et les autres, sa nature spirituelle.

Et puis, Bang - le 2 mai. Et, il est l'instant d’après un soldat prêt et dévoué de la Wehrmacht. Il brûle des gens et est fier d'avoir participé à la construction d'un monde meilleur.

Ces événements sont devenus une frontière entre le passé et le présent. Dans ce passé, il y avait des sourires dédaigneux de nos partisans nationaux de l'Ukraine Euro-Atlantique du camp libéral. Ils haussaient les épaules et regardaient l'interlocuteur avec un sentiment de légère pitié et de mépris. "Où avez-vous vu des nazis là-bas ?"demandaient-ils. Après aussi, ils continuaient à s'interroger, mais leurs yeux glissaient obstinément par-dessus et à côté de la maison des syndicats incendiée et les corps carbonisés dans son hall. Ils n'ont pas accepté cette horreur comme argument prouvant que Bandera est revenu dans toute sa forme bestiale et a commencé à cravacher l'Ukraine comme un cocher son cheval.

Cependant, leur opinion a cessé d'être importante. Auparavant, nous pensions qu'ils conversaient de façon honnête et impartiale avec nous, simplement en raison de certaines de leurs préférences, ils avaient tendance à minimiser le danger du nationalisme ukrainien. Après le pogrom d'Odessa, il est devenu clair qu'ils n'allaient pas nous parler du tout. L'avance qu'ils ont accordée à l'Ukraine s'est avérée être un ausweis autorisant toutes formes d'actions. Selon eux, il était possible de brûler des personnes, de tirer à coup de canons et de chars sur les villes et villages du Donbass, de mener des processions aux flambeaux avec des portraits de Bandera et de Chukhevich, de fusiller des prisonniers sans procès ainsi que de les torturer de la manière la plus brutale, dans des prisons improvisées des bataillons territoriaux nazis.

Ce mois de mai Odessite, est étroitement enveloppé dans un linceul de désespoir et de haine. Aucun des auteurs de la tragédie n'a été arrêté, ni condamné. Et seulement une rumeur populaire, et les réseaux sociaux partagent des rumeurs selon lesquelles les filles et les garçons qui ont mis du kérosène dans des bouteilles, meurent les uns après les autres de la manière la plus surprenante. Quelqu'un s'est noyé, un autre a été poignardé en Russie, un autre a été jeté d'un toit. Honnêtement, je ne suis pas du tout sûr que ce soit vrai ; c'est plutôt ainsi que l'angoisse de représailles s'exprime. Ni Odessa, ni tous ceux qui ont vécu ces terribles événements comme un chagrin personnel, ne sont prêts à oublier et à pardonner. Et cette attention intense aux destins de ces petits bestiaux, dont le nom de chacun est bien connu, est une sorte de garantie que, tôt ou tard, tous répondront de ce qui a été fait.

Source ~ Life

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25 mars 2022 5 25 /03 /mars /2022 06:01

 

Dmitri Stechine, est un journaliste russe, travaillant pour le journal « Kosomolskaia pravda. » il y est, entre autre, correspondant de guerre et a couvert différents théâtres de guerres, tels que la Libye, la Syrie, l'Ossétie du sud. Ces derniers jours, il était à Marioupol, c'est de là-bas qu'il envoie des notes sur sa page Telegram. Voici la traduction de l'un de ses postes.

 

Note de Marioupol

La guerre a des détails terribles, que le témoin ne réalise qu'après. Le psychisme sépare ce qui est vu : sang / intestin et horreur infernale, séparément. Sinon, la conscience et l'esprit ne le supporteront pas. Aujourd'hui, j'ai retravaillé dans ma tête ce que j'ai vu à Marioupol. La première image provoque une sorte de tristesse implacable : un corps d'enfant dans un sac de linge de lit, juste à l'échangeur à l'entrée de la ville. Un magasin "O'stin," Une exposition de jouets pour enfants près d'un passage. Une sorte de cabinet psy de débriefing. Pour comprendre, à une dizaine de mètres de ce cabinet, sous une couverture, se trouve une vieille dame morte avec une cane brisée par des éclats d'obus. Comme tous les morts à la guerre, les personnes âgées n'ont tout simplement pas eu le temps de s'abriter. Et la troisième chose, la pire, qui m'afflige jusqu'à présent... J'enregistrai une vidéo et une femme avec un garçon de 15 ans est venue me voir. Ils avaient sur leur tête des bandanas blancs éblouissants faits de draps. La femme m'a pris pour un officiel et a commencé à me torturer avec des questions :
- Notre grand-mère a la maladie de Parkinson, où prendre les médicaments ? Vous n'en avez pas ?
- Non, je n'ai pas de médicaments.
- C'est un médicament rare, on n'en trouve pas partout. Il y a l'hôpital N°17 à côté. D'après vous, on peut y aller ?
J'ai jeté un regard sur les côtés. Il ne se passait rien autour, bien sûr, mais en temps de guerre, les gens grouillaient devant l'hôpital. Je me suis décidé à lui donner un conseil :
- Allez y, bien sûr, vous voyez, les gens tout autour. Si le médicament est rare, peut-être que personne n'en a besoin.
- On peut y aller, sûr?
Je haussai les épaules, je voulais terminer cette conversation, elle était douloureuse et je ne savais pas encore ce qui me stressait.
- Allez-y, vous voyez, je suis là sur la place !
La femme a remercié et est partie. Je me souviens encore que dans les coins des yeux, elle avait des traces de sel, comme des larmes séchées.
Exactement cinq minutes plus tard, suffisamment de temps pour que mon interlocutrice et son fils atteignent cet hôpital, les "Azov"* l'ont couvert d'un paquet de "Grad."
J'ai envoyé à la mort mon interlocutrice, je lui ai donné mon assurance. Je n'ai aucun moyen de savoir si elle est en vie, si son fils est en vie, et que cela s'agrippe à moi tel un lourd péché. De toute façon, à la guerre, on ne peut l'éviter.

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* "Azov" ~ Bataillon nazi intégré à l'armée ukrainienne.

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23 mars 2011 3 23 /03 /mars /2011 14:06

par Komla Kpogli

 

A l'avènement de Barack Obama au pouvoir, des milliards de personnes sur la terre avaient manifesté leur optimisme. Parmi celles-ci, c'est peu dire qu'il y a eu la quasi-totalité des africains. Tous étaient persuadés que la couleur de peau du nouveau président augurait un changement de la politique internationale. Il faut en convenir et insister qu'ils n'étaient pas les seuls. Les quelques rares voix qui avaient émis des réserves furent sévèrement critiquées et taxées d'antiaméricanisme primaire .

Lorsque le futur prix Nobel de la paix fit son périple ghanéen, il fut applaudi chaleureusement. Son discours fut quasi-unanimement salué particulièrement par les africains qui ne virent là qu'un excellent discours à l'opposé de celui injurieux et crasse de Sarkozy à Dakar. Les rares commentaires critiques qui osèrent mettre le discours d'Accra en perspective furent voués aux gémonies]. Ils furent traités de conservateurs haineux qui n'avaient pas vu le vent du changement soufflé. 

Aujourd'hui, avec le recul, peut-être qu'en Afrique, tout au moins, les plus enthousiastes d'hier commencent par comprendre deux ou trois choses. Le sourire et l'image du « Mister President » et de sa famille étaient certes rafraîchissants pour un monde mis à feu et à sang par G.W Bush et ses lieutenants ; ces criminels de guerre qui, librement, vivent dans leurs ranchs, font du jardinage, écrivent leur mémoire et engrangent des droits d'auteur, boivent du petit lait, animent des conférences un peu partout et offrent leurs conseils pour d'autres guerres en cours ou à venir. Leur impunité est garantie d'office car, ils appartiennent au monde occidental excessivement ivre de force et détenteur des clés de la cour pénale dite internationale du bidonnant Moreno Ocampo, si prompt à harponner des fretins. Mais on a trop vite fait d'oublier que la politique reste ce qu'elle est et que l'Oncle « Barry » Obama, n'allait pas troquer sa belle image mondialement acceptée contre les intérêts des Etats-Unis d'Amérique. On ne mange pas l'image. Cela peut servir, oui. Mais, cela seul n'ouvre pas des marchés aux entreprises, pas plus qu'elle n'apporte des points de croissance à l'économie. Si le monde économico-financier a misé sur ce cheval noir, c'est pour que son sourire et sa belle image servent à quelque chose. Il doit gagner des courses. Le pragmatisme, pour utiliser un terme bien connu, doit être de son apanage. ...Passons !

Chose curieuse, alors même qu'il était sur deux fronts de guerre ouverte : Irak, avec un retrait qui n'en est pas un et Afghanistan, un prix Nobel lui a été décerné.  Son pays n'avait de cesse de provoquer en toute finesse des pays comme l'Iran, la Corée du Nord, le Cuba et le Venezuela. Oncle Barry a tenté de hausser le ton devant Israël et ses incessants massacres en Palestine. Sommé d'abandonner son antisémitisme] - puisque toute critique à l'égard de cet Etat est identifiée à ce mal terrifiant - il a été vite et sévèrement redressé et ainsi a-t-il laissé la main libre à la colonisation et à la répression. A chaque fois qu'un téméraire avance au sein de la boîte à outils occidentale qu'est l'ONU et surtout son Conseil de sécurité un texte visant à contraindre Israël à faire un geste si minime soit-il dans ce qui est ironiquement appelé « les territoires », l'Oncle Barry via sa Susan Rice – car Bush n'était pas le seul à avoir une Rice de même couleur – dégaine son véto. Et pourtant cette Rice là, c'est elle qui a failli lever les deux mains en faveur du texte de Sarkozy présenté par l'ex-délinquant qui avait « trahi la confiance du peuple français » Alain Juppé pour agresser la Libye]. Tellement la Rice était comblée.

Sans en donner l'air, le prix de Nobel de la paix fait des guerres. Mais, ces guerres là elles sont – ne souriez pas - « justes et humanitaires ». Elles sont nécessaires et utiles pour l'humanité. Exactement comme celles menées par Bush et ses « freedom fighters » au motif de libérer la planète de « l'Axe du mal ». La seule différence c'est que le prix Nobel de la paix 2009 évite autant que possible de rentrer treillis et de revêtir les attributs et le ton martial d'un chef de guerre. Redoutable communicateur, Obama agit autrement que son prédécesseur. Il sait ne pas y aller seul. Il sait éviter d'apparaître en première ligne. Cette stratégie de mener la guerre sans se faire trop voir, est tellement visible sur la Libye. Dans cette agression, il a su s'effacer pour mener la bataille via des sous-lieutenants qui n'ont rien à envier à Tony Blair. Ces sous-lieutenants à savoir les zélés Sarkozy et Cameron sont aux avant-postes. Ils sont pour la cause, accompagnés de leurs frères d'armes du Canada, d'Italie, de Pologne, du Danemark, d'Espagne, du Portugal et bien d'autres, pour la plupart rompus depuis des millénaires à une culture guerrière et de rapines à travers le monde. Ces pays, en meute si possible, en loup solitaire si besoin, agressent les pays qui ont le malheur d'être pourvus par dame nature de matières premières convoitées, enflamment la terre, tuent des populations civiles, soumettent des peuples affaiblis, saignent aux quatre veines des territoires à l'issue des opérations de braquage à mains armées cyniquement qualifiées d'opérations « humanitaires ». Quasiment tous les pays arabes, africains et latino-américains ont goûté ou goûte régulièrement à ce plat « humanitaire ». Lequel a déjà fait empoisonné et englouti des civilisations entières.

Obama ne fait pas la guerre, dit-on. Ah oui ?? « Il a rencontré des guerres qui étaient créées avant son avènement ». « Il ne peut pas les éteindre ». « Il est obligé de les gérer ». « Il fait des guerres justes ». « Ce sont des guerres qui s'imposent à lui, il n'y peut rien ». La vérité face à toutes à ces argumentations sophistiquées, est que le prix Nobel de la paix fait des guerres. Il les fait en souriant, renvoyant ainsi à une opinion tétanisée la belle image qui est la sienne. Or, la guerre dans le concret, est ignoble et horrible. Obama lui les mène les mots d'une douceur à faire dormir debout, à la bouche.

Aujourd'hui, c'est la Libye qui est prise. Elle est étranglée par la meute. Elle est bombardée sous le fallacieux prétexte que son dirigeant, Muammar Kadhafi « massacre des populations civiles » qui manifestent pacifiquement. Curieuse présentation des faits qui pourtant montrent des rebelles lourdement armés qui s'emparent des villes et confisquent des ressources. Face à ces faits, le prix Nobel de la paix des « guerres humanitaires » et ses amis demandent au pouvoir libyen de ne pas réagir, de laisser les rebelles avancer jusqu'à prendre la capitale du pays et mettre à la place du khalife, un nouveau khalife plus docile. On demande au pouvoir libyen de ne pas riposter et d'assister les bras croisés au déchirement de son territoire. On lui intime l'ordre de cessez-le-feu et de laisser le passage aux rebelles. On voit des scènes de guerre et on demande à une seule partie de désarmer. Or pendant la guerre, il est évident que chaque camp tue. Mais, lorsqu'à deux reprises, Kadhafi proclame un cessez-le-feu, s'est-on demandé au moins ce que les « insurgés » font pendant ce temps ? On se contente juste de nous dire qu'il décrète le cessez-le-feu pour mieux le violer]. La conclusion serait donc de l'attaquer.

Visiblement, ces « insurgés » ont d'importantes missions à accomplir. C'est pour cela que leur protection est si prompte. Non seulement, ils feront des gouvernants plus dociles qui offrent et offriront du pétrole et gaz quasi-gratuitement, mais aussi ils sont appelés à éloigner des côtes européennes, les immigrés retenus en Libye. Comme pour livrer au lynchage ces immigrés africains stockés en Libye par Kadhafi sur recommandation des Européens, et les éloigner davantage des frontières de l'Europe, on a répété sans coup férir que Kadhafi avaient importé des mercenaires des pays subsahariens. Ce refrain propagé par les médias propagandistes pro-guerre, à l'analyse, avait visiblement pour but de faire massacrer par les rebelles[10] une partie de ces africains et par ricochet, semer la terreur parmi ces migrants parqués par Kadhafi dont la chute pourrait entraîner une arrivée massive sur le sol européen. Délibérément la vie de ces africains a été sacrifiée sur l'autel d'une politique migratoire.  Ces actes là sont des crimes. De ces crimes là, on n'en parle pas. Ou si on en parle c'est pour les justifier en présentant les personnes tuées comme des mercenaires. Le prix Nobel de la paix s'est-il prononcé sur ces exactions sur les africains ? Où est Moreno Ocampo ?

Et comme c'est toujours le cas, le modus operandi n'a guère varié. On couvre les crimes des amis, on révèle voire fabrique ceux de l'ennemi à abattre. On passe par les instruments de l'éternelle boîte à outils occidentale : l'ONU et le fameux Conseil de sécurité dominé par les cousins occidentaux, si ce n'est pas elle, on sollicite l'OTAN, on parle de coalitions par-ci et d'alliance par là. Si ces instruments de légitimation de l'agression ne suffisent pas, on fait appel à des ensembles régionaux tels l'Union Européenne, l'Union Africaine, la Ligue Arabe et quoi encore ? Les médias, eux, n'ont jamais accompli leur meilleur rôle qu'en ces moments de guerre. Pendant que les « frappes chirurgicales » terrorisent les populations sur le terrain des opérations, ils font de la césarienne à l'information dans les salles de rédaction, propagent les pires mensonges, suppriment des images et convoquent sans discontinuité des experts autoproclamés, nourris à la mamelle du complexe militaro-industriel et de milieu du business de la guerre pour asséner leur évangile à tous ceux qui veulent les écouter. Le cas typique est celui de cet avion abattu au-dessus de Benghazi, présenté dans un premier temps unanimement comme celui de Kadhafi et comme la preuve de la violation du cessez-le-feu déclaré la veille. Plus tard, les rebelles avaient fait savoir que cet avion était le leur. Réaction : une ou deux phrases ici et là. Résultat : un peu passé inaperçu... Passons !

Le prix Nobel de la paix est donc un fauteur de guerre au même titre que son prédécesseur. La seule divergence entre eux est que le premier joue plus finement. Il avait eu la même attitude sur la Côte d'Ivoire jusqu'au jour où Sarkozy, toujours plus zélé et souvent plus royaliste plus que le roi a gaffé avec l'ultimatum lancé contre Gbagbo depuis Bruxelles]. Ce qui a eu le « malheureux » mérite de réveiller beaucoup d'africains qui dormaient encore. Sarkozy aurait eu l'intelligence d'inverser les rôles et laisser aux avant-postes l'Oncle Barry qu'une « opération humanitaire » serait déjà réalisée dans ce pays qui au demeurant, sera le prochain sur la liste après la Libye. Il suffit d'écouter l'ex-délinquant français Alain Juppé qui utilise la même rhétorique que sur la Libye en appelant l'ONU, toujours elle, à " jouer son rôle plus efficacement", rappelant que son mandat "permet d'utiliser la force" contre les crimes contre l'humanité commis par Laurent Gbagbo. Là encore, on ferme les yeux sur les exactions des rebelles et du « commando invisible » du couple Ouattara-Soro. Ce sont des amis.

Alors, une prochaine résolution issue de la case du sorcier nommée Conseil de sécurité de l'ONU contre la Côte d'Ivoire avec la même meute, et Obama en « cool attitude », sourire aux lèvres fera cette nouvelle guerre humanitaire à laquelle le destin l'a obligée.

Salut l'artiste !

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13 août 2010 5 13 /08 /août /2010 14:30

- Le Ministère du développement régional de la Fédération de Russie, s'adressant aux jeunes, a lancé une campagne d'information pour favoriser la tolérance,. Sur les chaines de télévision d'Etat, 5 clips différents sont diffusés dans lesquelles, des vedettes du sport, du cinéma et du show business, expriment leurs vues sur les relations inter-ethniques, la tolérance religieuse et ethnique.

- Le terme « Nationalité » désigne en Russie, les ethnies. Ce que l'on nomme communément en français « Nationalité », se dit en russe « Гражданство -- Grazhdanstvo -- Citoyenneté »

- Le terme employé en russe pour désigner l’ensemble des peuples constituant la Fédération de Russie est « Россиянин – Rossïanine ». Il n’existe pas de traduction de ce mot, que cela soit en français ou dans une quelconque autre langue. Ce mot et toujours traduit par le terme « Russe » ou à la rigueur « de Russie » Il serait intéressant que les linguistes se penchent sur ce terme n’existant qu’en russe.

J’ai choisie, quant à moi, de traduire ce terme par le mot « Russien » pour designer l’ensemble des habitants de la Russie.

S.P.S. 

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22 juin 2009 1 22 /06 /juin /2009 16:21

Peu de gens savent que le président Ingouche, Iounous-Bek Evkourov, commandait le détachement de l’armée de la Fédération de Russie qui entra le 12 juin 1999 à Pristina, en une audacieuse course depuis la Bosnie-herzégovine, venant ainsi au secours de la population kosovare Serbe, et affirmant ainsi la présence de la Russie à une époque où le regard porté sur celle-ci était, au mieux, empreint de condescendance. Ce musulman croyant et pratiquent, ce fils fidèle de la terre Ingouche et patriote de la Fédération de Russie, lorsque le devoir l’appela aux commandes de la République d’Ingouchie, en officier russe, et malgré les risques encourus, l'accepta. Il savait vers quoi le portait son engagement au service de son peuple et de son pays. Il suffit de regarder son regard pour le comprendre.

yunus-bek evkourov.jpg

Ce matin, des fous manipulés par des services étranger prés à sacrifier les peuples du Caucase pour un peu de pétrole, s’imaginant ainsi, par le sang versé, briser la Fédération de Russie, des fous ont tentés de briser la vie d’Evkourov et n’y sont pas parvenus. Pouvaient ils seulement réussir un 22 juin, jour anniversaire de l’invasion hitlérienne de l’Union Soviétique ? Comme l’a dit le premier ministre russe ; « En choisissant cette date symbolique, les criminels qui sont derrière cet acte, se sont alignés sur l’idéologie nazie. »

Que sa foi de croyant musulman, aide Evkourov à guérir de ses blessures. Derrière lui tous les croyants de Russie, musulmans, chrétiens , juifs, bouddhistes, animistes, prient selon leur rite, pour sa guérison. En Fédération de Russie il y a différentes religions, mais la mystique est une. C’est cette mystique qui porte cette immense terre et ses preux chevaliers, dont fait partie Iounous-Bek Evkourov.

S.P.S

 

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4 mai 2009 1 04 /05 /mai /2009 20:55
execusion de masseLa deuxième partie du livre de « années de guerre » de Vassili Grossman, se passe dans une ville d'Ukraine durant l'année 42. Le court extrait qui est publié ici, parait comme la quintessence de ce que veut essayer d'expliquer Grossman, de ce rapport de domination violence ; cette échelle qui s'enfonce dans l'entre épouvantable de la bête humaine, cette descente vers l'horreur qui n'a pour autre raison que la reproduction de la violence faite à l'homme par l'homme. Le pire n'est jamais évitable, et nous sommes sur l'intervalle d'un moment, d'une dynamique nourrie par les peurs et les souffrances que l'histoire humaine véhicule depuis la nuit des temps, avec comme seule évolution le progrès technique accompli dans la destruction de l'autre, et donc de soi. Il suffit de voir ce que la machine médiatique arrive à provoquer émotionnellement de quantité de peur, de haine, de certitude de ce qu'en écartant tel où tel autre du monde dit « civilisé » on échappera soi-même à cette destruction jamais évitable. Il suffit de regarder comment certains gouvernants sèment la peur et puis désignent des boucs émissaires comme agneau sacrificiel sur l'hôtel de notre « sécurité » ; nous, humains écervelés du progrès consumériste. En lisant ce court extrait, il faut tenter de changer les noms des victimes et des sous-victimes, des bourreaux, et ainsi entrapercevoir notre monde contemporain dans son évidente horreur.

A défaut d'avoir su ou pu résilier cette violence, des peuples se sont toujours levés, au prix de millions de morts, et apportés un semblant de trêve. Mais cette trêve, cette paix, malgré tout notre désir de la percevoir infinie et, ce sentiment d'allégresse qui s'empare de nous, lorsque nous réalisons que nous avons rejetés l'oppression, n'est jamais éternelle et, la bête immonde toujours se lève quelque part dans la part la plus sombre de notre humanité.
S.P.S.

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vie-et-destin.jpg(...) Les femmes, les vieux, les petits enfants, tous se rendaient fort bien compte de ce qui se passait dans le pays, à quel sort les Allemands vouaient le peuple et pourquoi ils menaient cette guerre affreuse. Une fois que, dans la cour, la vieille Varvara Andréïévna s’approcha de Rosental et lui dit en pleurant : « Qu’est-ce qui se passe donc dans ce monde, grand-père », l’instituteur lui répondit :

- Eh bien, un jour les Allemands vont sans doute organiser le grand supplice des juifs – elle est trop dure, la vie qu’ils font au pays d’Ukraine.

- Et que viennent faire les juifs là-dedans ? Demanda Voronnko.

- ce qu’ils viennent faire là-dedans ? Mais c’est un des principes fondamentaux, répondit l’instituteur. Les fascistes ont créé un bagne européen, universel, et afin de maintenir les bagnards dans la soumission, ils ont dressé une énorme échelle d’oppression. Les Hollandais ont la vie plus dure que les Danois ; Les Français vivent moins bien que les Hollandais : les Tchèques moins bien que les Français ; la vie aux Grecs, aux Serbes, et puis aux Polonais est encore pire : les Ukrainiens et les Russes sont placés encore plus bas. Ce sont là les degrés de l’échelle du bagne. Et à la base de cette énorme prison à multiples étages, c’est un précipice que les fascistes réservent aux Juifs. Leur sort est appelé à semer l’épouvante dans tout l’immense bagne européen, afin que le lot le plus terrible paraisse être un bonheur en comparaison de celui des Juifs. (…) C’est là une simple comptabilité de la sauvagerie, et non haine instinctive.

Vassili Grossman «Années de guerre» éditions Autrement 1993

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27 septembre 2008 6 27 /09 /septembre /2008 19:51

Parfois les petits événements renvoient aux grands changements. Le fiasco géorgien pourrait être un tel événement. Il annonce la fin de l’après guerre froide. Mais il ne marque pas le retour de n’importe quelle nouvelle guerre froide. Il marque un retour plus grand: le retour de l’Histoire.
L’après guerre froide a commencé sous le signe d’un triomphalisme occidental, symbolisé par le livre «La fin de l’Histoire» de Francis Fukuyama. Le titre était d’un sans-gêne, mais il a saisi l’esprit du temps qui régnait à l’Occident. L’Histoire a connu sa fin avec le triomphe de la civilisation occidentale. Le reste du monde n’avait pas d’autre choix que de céder devant l’avance de l’Occident.
En Géorgie, la Russie a déclaré sans équivoque qu’elle n’entendait plus se soumettre à l’Occident. Aprés deux décennies d’humiliation, la Russie a décidé de riposter. Dans peu de temps, d’autres puissances vont l’imiter. En vertu de sa puissance écrasante, l’Occident a pénétré dans des espaces géopolitiques d’autres pays dormants. Mais ils ne dorment plus, en particulier en Asie.
En réalité, la majorité des pays du monde est surprise de voir l’Occident considérer la Géorgie comme une victime de la Russie. Les Etats-Unis ne tolérerait pas non plus que la Russie pénètre dans sa sphère géostratégique en Amérique latine. Les Latinoaméricains ont bien compris la double morale des Etats-Unis. De même tous les commentaires musulmans constatent que les USA ont envahi aussi l’Irak de manière illégale. Ni l’Inde ni la Chine ne se sont laissées amener à protester contre la Russie: Cela montre combien la vision occidentale de la Géorgie est isolée selon laquelle le monde devrait aider le parti discriminé, la Géorgie contre la Russie. En réalité, la plupart des pays soutiennent la Russie contre l’Occident tyrannique. Le décalage entre la présentation occidentale et le reste du monde ne pourrait être plus grand.
C’est pourquoi il est décisif pour l’Occident de tirer la bonne leçon de l’expérience en Géorgie. Il doit réfléchir stratégiquement aux options limitées dont il dispose. Après l’effondrement de l’Union soviétique, les penseurs occidentaux supposaient que l’Occident ne devrait jamais faire de compromis géopolitiques. Ils pensaient que ce serait l’Occident qui pourrait dicter les conditions. Maintenant il doit reconnaître les réalités. Les populations occidentales de l’Amérique du Nord, de l’Union européenne et de l’Australasie (Australie, Nouvelle-Zélande, Océanie) comptent au total 700 millions, ce qui représente 10% de la population mondiale. Le reste, les 90%, se sont transformés d’objets de l’Histoire en sujets. Le «Financial Times» du 18 août a titré «Front unitaire de l’Occident à l’égard de la Géorgie». Il aurait fallu écrire: «Le reste du monde attribue à l’Occident la responsabilité du conflit géorgien.» 

Source: The Financial Times du 20/8/08 (extrait

 

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7 août 2008 4 07 /08 /août /2008 13:12

(...) Aujourd'hui la société occidentale nous révèle qu'il règne une inégalité entre la liberté d'accomplir de bonnes actions et la liberté d'en accomplir de mauvaises. Un homme d'Etat qui veut accomplir quelque chose d'éminemment constructif pour son pays doit agir avec beaucoup de précautions, avec timidité pourrait-on dire. Des milliers de critiques hâtives et irresponsables le heurtent de plein fouet à chaque instant. Il se trouve constamment exposé aux traits du Parlement, de la presse. Il doit justifier pas à pas ses décisions, comme étant bien fondées et absolument sans défauts. Et un homme exceptionnel, de grande valeur, qui aurait en tête des projets inhabituels et inattendus, n'a aucune chance de s'imposer : d'emblée on lui tendra mille pièges. De ce fait, la médiocrité triomphe sous le masque des limitations démocratiques.

Il est aisé en tout lieu de saper le pouvoir administratif, et il a en fait été considérablement amoindri dans tous les pays occidentaux. La défense des droits individuels a pris de telles proportions que la société en tant que telle est désormais sans défense contre les initiatives de quelques-uns. Il est temps, à l'Ouest, de défendre non pas temps les droits de l'homme que ses devoirs.


D'un autre côté, une liberté destructrice et irresponsable s'est vue accorder un espace sans limite. Il s'avère que la société n'a plus que des défenses infimes à opposer à l'abîme de la décadence humaine, par exemple en ce qui concerne le mauvais usage de la liberté en matière de violence morale faites aux enfants, par des films tout pleins de pornographie, de crime, d'horreur. On considère que tout cela fait partie de la liberté, et peut être contrebalancé, en théorie, par le droit qu'ont ces mêmes enfants de ne pas regarder et de refuser ces spectacles. L'organisation légaliste de la vie a prouvé ainsi son incapacité à se défendre contre la corrosion du mal. (...)

L'évolution s'est faite progressivement, mais il semble qu'elle ait eu pour point de départ la bienveillante conception humaniste selon laquelle l'homme, maître du monde, ne porte en lui aucun germe de mal, et tout ce que notre existence offre de vicié est simplement le fruit de systèmes sociaux erronés qu'il importe d'amender. Et pourtant, il est bien étrange de voir que le crime n'a pas disparu à l'Ouest, alors même que les meilleurs conditions de vie sociale semblent avoir été atteintes. Le crime est même bien plus présent que dans la société soviétique, misérable et sans loi. (...)

La presse, aussi, bien sûr, jouit de la plus grande liberté. Mais pour quel usage ? (...) Quelle responsabilité s'exerce sur le journaliste, ou sur un journal, à l'encontre de son lectorat, ou de l'histoire ? S'ils ont trompé l'opinion publique en divulguant des informations erronées, ou de fausses conclusions, si même ils ont contribué à ce que des fautes soient commises au plus haut degré de l’État, avons-nous le souvenir d'un seul cas, où le dit journaliste ou le dit journal ait exprimé quelque regret ? Non, bien sûr, cela porterait préjudice aux ventes. De telles erreurs peut bien découler le pire pour une nation, le journaliste s'en tirera toujours. Étant donné que l'on a besoin d'une information crédible et immédiate, il devient obligatoire d'avoir recours aux conjectures, aux rumeurs, aux suppositions pour remplir les trous, et rien de tout cela ne sera jamais réfuté ; ces mensonges s'installent dans la mémoire du lecteur. Combien de jugements hâtifs, irréfléchis, superficiels et trompeurs sont ainsi émis quotidiennement, jetant le trouble chez le lecteur, et le laissant ensuite à lui-même ? La presse peut jouer le rôle d'opinion publique, ou la tromper. De la sorte, on verra des terroristes peints sous les traits de héros, des secrets d’État touchant à la sécurité du pays divulgués sur la place publique, ou encore des intrusions sans vergogne dans l'intimité de personnes connues, en vertu du slogan : « tout le monde a le droit de tout savoir ». Mais c'est un slogan faux, fruit d'une époque fausse ; d'une bien plus grande valeur est ce droit confisqué, le droit des hommes de ne pas savoir, de ne pas voir leur âme divine étouffée sous les ragots, les stupidités, les paroles vaines. Une personne qui mène une vie pleine de travail et de sens n'a absolument pas besoin de ce flot pesant et incessant d'information. (...) Autre chose ne manquera pas de surprendre un observateur venu de l'Est totalitaire, avec sa presse rigoureusement univoque : on découvre un courant général d'idées privilégiées au sein de la presse occidentale dans son ensemble, une sorte d'esprit du temps, fait de critères de jugement reconnus par tous, d'intérêts communs, la somme de tout cela donnant le sentiment non d'une compétition mais d'une uniformité. Il existe peut-être une liberté sans limite pour la presse, mais certainement pas pour le lecteur : les journaux ne font que transmettre avec énergie et emphase toutes ces opinions qui ne vont pas trop ouvertement contredire ce courant dominant.

Sans qu'il y ait besoin de censure, les courants de pensée, d'idées à la mode sont séparés avec soin de ceux qui ne le sont pas, et ces derniers, sans être à proprement parler interdits, n'ont que peu de chances de percer au milieu des autres ouvrages et périodiques, ou d'être relayés dans le supérieur. Vos étudiants sont libres au sens légal du terme, mais ils sont prisonniers des idoles portées aux nues par l'engouement à la mode. Sans qu'il y ait, comme à l'Est, de violence ouverte, cette sélection opérée par la mode, ce besoin de tout conformer à des modèles standards, empêchent les penseurs les plus originaux d'apporter leur contribution à la vie publique et provoquent l'apparition d'un dangereux esprit grégaire qui fait obstacle à un développement digne de ce nom. Aux États-Unis, il m'est arrivé de recevoir des lettres de personnes éminemment intelligentes ... peut-être un professeur d'un petit collège perdu, qui aurait pu beaucoup pour le renouveau et le salut de son pays, mais le pays ne pouvait l'entendre, car les média n'allaient pas lui donner la parole. Voilà qui donne naissance à de solides préjugés de masse, à un aveuglement qui à notre époque est particulièrement dangereux. (...)

Lire le discours

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2 août 2008 6 02 /08 /août /2008 19:46

par Albert A. Stahel, Wädenswil, Suisse

Dans la nuit du 21 au 22 août 2008, des unités spéciales américaines et afghanes font l’assaut du village Azizabad. Ce village est situé dans la province occidentale de Hérat et se trouve à proximité de l’ancienne base soviétique qui se trouve sous direction américaine aujourd’hui. Suite à des expériences personnelles, on sait que dans la province de Hérat, il n’y a pas de Talibans. Lors de cette attaque, les soldats américains et leurs aco­lytes Afghans sont soutenus par des avions de combats. Le résultat de cette attaque aérienne est – d’après les données de la représentation de l’ONU à Kaboul – la mort de 90 civils, dont 60 enfants. Le président afghan, Hamid Karzai, proteste contre cette tuerie auprès du général américain McKiernan, qui commande les troupes de l’OTAN et des USA en Afghanistan. Karzai licencie tout de suite le commandant de corps de la région occidentale de l’Afghanistan ainsi que le commandant de l’unité spéciale afghane.
stop-war-in-afghan.jpgLes informations de l’ONU concernant cette tuerie sont confirmées par le ministère de l’Intérieur et les services de renseignements afghans. McKiernan conteste le nombre de 90 civils tués. D’après ses informations, il s’agirait au maximum de 40 morts. Que ce soient 40 ou 90 morts, ce sont tous des civils. Cette tuerie n’est qu’un exemple des actes commis envers les populations civiles du pays. Ce grand nombre de victimes est la conséquence de frappes aériennes exécutées par des avions de combats américains, britanniques et français soi-disant avec une grande précision. En réalité, des bombes de grande puissance explosive sont lancées à partir d’une grande altitude sur des villages, des maisons et des fêtes de noces. L’intensité de cette guerre aérienne a été renforcée ces derniers mois. Avec plus de 70 frappes par jour, la guerre aérienne en Afghanistan est plus intense qu’en Irak.
Mais c’est aussi au sol que – de plus en plus souvent – les troupes terrestres de l’OTAN et des USA tirent sur des civils qui se trouvent dans leurs voitures devant des barrages routiers. Le dernier événement, c’est le meurtre de trois personnes civiles – une femme et deux enfants – par des soldats allemands le soir du 29 août à un barrage dans la province de Kunduz. En plus, ce sont avant tout les soldats américains qui, lors de fouilles dans des villages afghans, pratiquent leur tactique douteuse. On enfonce les portes d’une maison, on crie après la famille présente pour la terroriser et on fouille toute la maison pour trouver les armes supposées. De temps à autre, des voitures civiles sont écrasées dans la rue par des voitures blindées Humwees américaines.
Les troupes de l’OTAN et des USA se comportent en Afghanistan comme une soldatesque agissant dans un espace hors la loi. Il semble que ces troupes et leurs donneurs d’ordre, considèrent l’Afghanistan comme la terre promise où l’on peut tuer à sa guise. Cela rappelle les guerres contre les Indiens du XVIIIe et XIXe siècle où des soldats souvent ivres massacraient arbitrairement des femmes et des enfants indiens dans le but de «débarrasser» le pays de ses Indiens. L’Afghanistan doit-il connaître le même sort, c’est-à-dire d’être «débarrassé des Afghans»? Avons-nous même affaire à un génocide ordonné par l’administration Bush? •

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29 mars 2008 6 29 /03 /mars /2008 23:31
S'il est un principe voltairien clair, c'est que la torture est absolument contraire aux Droits de l'homme et à l'idéal démocratique. Pourtant, il existe en France une association de défense des Droits de l'homme, Reporters sans frontières, qui légitime l'usage de la torture prétendument pour défendre la démocratie face au terrorisme. Cela n'est malheureusement pas surprenant : comme le souligne Salim Lamrani, le discours de cette organisation n'est qu'une rhétorique de façade qui masque mal son alignement sur son bailleur de fonds, la NED-CIA.
Robert Ménard, le secrétaire général de l'organisation parisienne Reporters sans frontières (RSF) depuis 1985, est un personnage extrêmement médiatique qui prétend défendre la « liberté de la presse » et qui se drape dans un discours humaniste plutôt apprécié de l'opinion publique. Grâce à la collusion des médias, Ménard est devenu un homme incontournable dans le monde de la presse.
Pourtant, ses actions sont loin de faire l'unanimité. Le manque flagrant d'impartialité dont fait preuve RSF a souvent été stigmatisé. L'organisation française, financée par les conglomérats économiques et financiers ainsi que par les États-Unis, comme l'a publiquement reconnu son secrétaire général, a mené des campagnes médiatiques curieusement similaires à l'agenda politique de la Maison-Blanche. Ainsi RSF, sous prétexte de défendre la liberté de la presse, s'en est pris respectivement à Cuba, a soutenu le coup d'État contre le président vénézuelien Hugo Chávez en avril 2002, a implicitement approuvé l'invasion sanglante de l'Irak en 2003 et a légitimé le coup d'État contre le président Jean-Bertrand Aristide à Haïti. Désormais, RSF mène une campagne médiatique spectaculaire contre la Chine et les jeux olympiques de Pékin de 2008 .
La proximité idéologique entre RSF et l'administration Bush est évidente à tel point que l'on se demande quels sont réellement les véritables objectifs de Robert Ménard. Les scandales de Guantanamo, d'Abou Ghraïb et des prisons secrètes tenues par la CIA à travers le monde ont démontré que les troupes étasuniennes n'hésitaient pas à utiliser la torture pour arriver à leurs fins. Ces méthodes inhumaines et injustifiables ont été unanimement condamnées par l'ensemble de la communauté internationale.
En octobre 2006, le Congrès étasunien a franchi le pas et a approuvé un projet de loi légalisant la torture, en flagrante violation des principes même de la démocratie. La majorité républicaine ainsi que plusieurs élus démocrates de la Chambre des représentants et du Sénat ont autorisé l'utilisation des preuves obtenues sous la torture contre le « combattant ennemi illégal ». Le texte, intitulé Loi des commissions militaires, 2006 , reconnaît l'existence de tribunaux secrets pour juger tout ressortissant étranger soupçonné de porter atteinte aux intérêts des États-Unis. L'accusé ne pourra pas prétendre au choix de son avocat, ni connaître les charges qui pèsent contre lui. De plus, les preuves présentées contre lui pourront rester secrètes. Bien évidemment, il pourra également être détenu sans pouvoir réclamer d'être présenté devant un juge, et ce indéfiniment. Il ne pourra pas contester la légalité de sa détention, ni les tortures dont il aura été victime.
La loi confère également au président étasunien « l'autorité [pour] interpréter la signification et l'application des conventions de Genève » prohibant la torture. Ces dernières ne pourront pas être invoquées « comme source de droit devant aucun tribunal des États-Unis ». La section V de la législation stipule que « personne ne pourra invoquer les conventions de Genève ni aucun de leurs protocoles dans une quelconque action d'habeas corpus ou tout autre acte civil ou toute poursuite judiciaire dans lesquels les États-Unis, un fonctionnaire en activité ou non, un employé, un membre des forces armées ou tout autre agent des États-Unis est partie en tant que source de droit ». En outre, « aucun tribunal, aucun juge n'aura le pouvoir d'entendre ou de prendre en considération une demande en assignation d'habeas corpus introduite par un ressortissant étranger (ou en son nom) qui est ou qui a été détenu par les États-Unis et qui a été considéré comme étant correctement détenu comme combattant ennemi ou en instance de cette qualification ».
Non seulement cette loi liberticide, d'essence totalitaire, représente une menace pour n'importe quel citoyen du monde ne bénéficiant pas de la nationalité étasunienne, mais elle octroie une impunité totale aux responsables des traitements cruels, inhumains et dégradants. L'Union européenne et la France en particulier ont maintenu un silence scandaleux au sujet de cette législation. Que se serait-il passé si la Chine, Cuba, l'Iran, la Russie ou le Venezuela avaient adopté une loi similaire ? Qui peut encore parler, en référence aux États-Unis, de modèle de démocratie ?
Lors de l'émission de radio « Contre-expertise » présentée par Xavier de la Porte sur France Culture le 16 août 2007 de 12h45 à 13h30, Robert Ménard, s'exprimant au nom de Reporters ans frontières, a suivi les pas de son mécène et a légitimé l'utilisation de la torture, tenant des propos extrêmement préoccupants. Évoquant l'assassinat du journaliste étasunien Daniel Pearl, il a souligné qu'il était légitime de torturer des suspects pour sauver la vie d'innocents, reprenant l'argumentation des plus effroyables dictatures et bien-sûr de l'administration Bush.
Ménard va encore plus loin puisqu'il légitime même la torture contre les membres des familles des preneurs d'otages, c'est-à-dire contre des innocents. « Si c'était ma fille que l'on prenait en otage, il n'y aurait aucune limite, je vous le dis, je vous le dis, il n'y aurait aucune limite pour la torture ». Voici un extrait des propos tenus par le secrétaire général de RSF :
« La police pakistanaise va prendre les familles, vous entendez bien, les familles des preneurs d'otages en otage et va torturer ces familles de preneurs d'otages pour obtenir les renseignements.
Ils vont obtenir des renseignements. Ils arriveront trop tard pour sauver Daniel. Vous savez comment il a été égorgé et dans quelles conditions....
Où on arrête ? Est-ce que on accepte cette logique qui consiste à... puisqu'on pourrait le faire dans un certain nombre de cas "vous le prenez en otage, on le prend en otage ; vous les malmenez, on les malmène ; vous torturez, on torture..."
Qu'est ce qui justifie... Est-ce que pour libérer quelqu'un, on peut aller jusque là ? C'est une vraie question.
Et ça c'est la vie réelle, c'est ça, ce que dit à l'instant François : on n'est plus dans les idées, c'est plus des combats, c'est plus des principes. Moi je sais plus quoi penser. Parce que ça, ça arrive à Marianne Pearl, je ne dis pas, je ne dirai pas qu'ils ont eu tort de le faire parce que elle, elle a pensé que c'était bien de le faire, qu'il fallait faire ça, qu'il fallait sauver son mari ; elle était enceinte... pour le petit qui allait naître, tout était permis.
Et il fallait absolument le sauver et s'il fallait s'en prendre à un certain nombre de gens, on s'en prenait à un certain nombre de gens ; s'en prendre physiquement, vous avez compris, en les menaçant et en en torturant, quitte à en tuer un certain nombre.
Je sais plus, je suis perdu, parce qu'à un moment donné je ne sais plus où il faut arrêter, où il faut mettre le curseur. Qu'est-ce qui est acceptable et qu'est ce qui n'est pas acceptable ? Et en même temps, pour les familles de ceux qui ont été pris en otage, parce que ce sont souvent nos premiers interlocuteurs, à Reporters Sans Frontières ; légitimement, moi, si c'était ma fille que l'on prenait en otage, il n'y aurait aucune limite, je vous le dis, je vous le dis, il n'y aurait aucune limite pour la torture ».
Comment peut-on prétendre défendre les droits de l'homme dès lors que l'on justifie une pratique aussi abominable et inhumaine que la torture ? Que reste-t-il de la crédibilité de Robert Ménard et de Reporters sans frontières - les deux étant tellement liés qu'il est de fait impossible de les dissocier - lorsqu'ils légitiment l'injustifiable ? Le secrétaire général de RSF a montré son vrai visage. Il ne défend pas la liberté de la presse mais les pratiques odieuses de la CIA. Mais est-ce bien surprenant sachant qu'il est financé par la National Endowment for Democracy qui n'est rien d'autre que l'officine écran de l'agence selon le New York Times.
Source;IRIB
_______________________

Transcription de "Contre Expertise", sur France Culture:
(émission du 16 février 2007, extraits vers la 33e minute du podcast)

Intervenants :

  • Xavier de la Porte, animateur de l’émission.
  • Laurent Combalbert, directeur de la négociation de crise du groupe GEOS.
  • François Sergent, chef du service Monde à Libération.
  • Robert Ménard, Secrétaire général de Reporter sans Frontières

 

Robert Ménard:
Sur la face noire de l’État, il y a pire que ça. Va sortir sur les écrans le film tiré du livre de Mariane Pearl, sur la prise d’otage de Daniel Pearl, du Wall Street Journal.

A un moment donné, et c’est pas un film romancé, c’est dans le livre de Mariane et tout… J’en ai parlé avec elle quand je suis allé aux Etats-Unis pour le lancement du film, il y a quelques semaines. A un moment donné, les Américains savent qui tient Daniel Pearl.

Qu’est ce qu’ils font? Qu’est ce qu’ils font faire ou sur quoi ils ferment les yeux? La police pakistanaise va prendre les familles, vous entendez bien, les familles des preneurs d’otages en otage et vont torturer ces familles de preneurs d’otages pour obtenir les renseignements.

Ils vont obtenir des renseignements. Ils arriveront trop tard pour sauver Daniel. Vous savez comment il a été égorgé et dans quelles conditions…

Où on arrête? Est-ce que on accepte cette logique qui consiste à... puisqu'on pourrait le faire dans un certain nombre de cas "vous le prenez en otage, on le prend en otage; vous les malmenez, on les malmène; vous torturez, on torture…"

Qu'est ce qui justifie… Est-ce que pour libérer quelqu'un, on peut aller jusque là? C'est une vraie question.

Et ça c'est la vie réelle, c'est ça , ce que dit à l'instant François: on n'est plus dans les idées, c'est plus des combats, c'est plus des principes. Moi je sais plus quoi penser. Parce que ça, ça arrive à Marianne Pearl, je ne dis pas, je ne dirai pas qu'ils ont eu tort de le faire parce que elle, elle a pensé que c'était bien de le faire, qu'il fallait faire ça, qu'il fallait sauver son mari; elle était enceinte… pour le petit qui allait naître, tout était permis.

Et il fallait absolument le sauver et s'il fallait s'en prendre à un certain nombre de gens, on s'en prenait à un certain nombre de gens; s'en prendre physiquement, vous avez compris, en les menaçant et en en torturant, quitte à en en tuer un certain nombre.

Je sais plus, je suis perdu, parce qu'à un moment donné je ne sais plus où il faut arrêter, où il faut mettre le curseur. Qu'est-ce qui est acceptable et qu'est ce qui n'est pas acceptable? Et en même temps, pour les familles de ceux qui ont été pris en otage, parce que ce sont souvent nos premiers interlocuteurs, à Reporters Sans Frontières; légitimement, moi, si c'était ma fille que l'on prenait en otage, il n'y aurait aucune limite, je vous le dis, je vous le dis (bis), il n'y aurait aucune limite pour (inaudible)...

Xavier de la Porte:
Donc, autant ne pas savoir vraiment ce qui se passe.

Robert Ménard:
Autant ne pas le dire, parce que, qu’est ce que vous voulez ? Qu’on vous raconte des choses comme ça. Vous imaginez les gens qui pensent que… et ils ont raison ; nous on les mobilise à longueur de temps, mais s’ils se disaient : la mobilisation, certes, c’est ça, mais ça passe aussi par des choses aussi cauchemardesque que ce que je viens de vous décrire… On ne sait plus où on en est -le bien, le mal- là dedans...

Source: Rue89
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