C’est Achille Levinton (1913 Odessa – 1971 Leningrad) qui écrivit cette chanson inspirée directement d’un certain folklore odessite où se mélange un monde de la petite et grande truanderie et un certain humour sans lequel Odessa ne seraient pas ce qu’elle est. On appelle souvent Odessa la Marseille de l’est. Quoi qu’il m’a toujours semblé que l’on devrait dire le contraire, que Marseille est l’Odessa de l’ouest. Il se trouvera sans doute, des esprits chagrins pour affirmer que ces propos sont présomptueux. Quoi qu’il en soit, ces deux villes ont accueilli dans leurs creusets respectifs de multiples populations, de multiples migrations qui ont su les rendre riches d’imagination et de créativité. En cela ces deux villes sont parentes. Voici donc un bel hommage à "l’Odessa du sud" d’un auteur compositeur né dans la "Marseille de l’est."
Achille Levinton fit des études de philologie à Leningrad. Il écrivit cette chanson pour l’une de ses amies, Ruth Zernova, écrivaine russe ayant participé à la guerre civile espagnole. Ils firent, tous deux, partie de la charrette de déportation en 1949 pour « Diffusion de calomnies antisoviétiques. » c’est là, pour l’anniversaire de R. Zernova, que Levinton écrivit cette chanson. Ils seront, tous deux, libérés et réhabilités en 1954.
Voici donc un vidéogramme de Vladimir Vissotski interprétant "Marseille !"
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Марсель ! / Marseille !
J’étais en train de me promener
Dans la poche d’un voisin,
Lorsque, c’est approché soudain,
Un citoyen totalement étranger.
Il m’a chuchoté :
Où pourrions-nous aller
Pour passer un p’tit bout de temps,
Le passer, le plus agréablement ?
Il m’a proposé de l’argent,
Un verre rempli de diamants,
Afin que je lui vende,
D’une usine, les plans.
Et il m’a encore murmuré :
Sais-tu qu’à Marseille
Il y a des bars !
Des filles impossibles !
De ces bordels !...
Là-bas les filles dansent toutes nues !
Les dames portent des zibelines,
Les laquais, du vin,
Les voleurs, des smokings !
Nous avons livré ce personnage inconvenant
Aux agents du NKVD.
Mais depuis ce temps,
Dans aucune prison ne l’ai rencontré.
Le pouvoir m’a félicité,
Même que le procureur m’a serré la main
Et puisь après,
Sous haute surveillance, on m’a enfermé.
Depuis ce jour, mes amis,
Je n’ai qu’une seule envie,
D’une façon ou d’une autre, aller me promener
Dans ce Marseille merveilleux et ensoleillé.
Là, où les filles dansent toutes nues,
Les dames portent des zibelines,
Les laquais, du vin,
Les voleurs, des smokings !
Traduction ; Sarah P. Struve
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