"Златые горы ~ Zlatyé gory ~ Montagnes d'or" est une chanson populaire dont l'auteur n'est pas connu. Cette chanson semble dater de la fin du XIX, ou du début du XX°. Elle fut rendue célèbre par l’interprétation de la chanteuse Lidia Rouslanova (1900 ~ 1973,) que l'on peut entendre, ici.
Le vidéogramme ci-dessous, est une interprétation du cœur académique Populaire Russe de Sibérie,enregistré en 2005, lors du jubilé des 25 ans de travail de Viatcheslav Motchalov, en tant que chef de ce cœur.
"Позабыт-позаброшен ~ Pozabyt pozabrochen ~Oublié, abandonné" est une chanson populaire russe dont les auteurs sont inconnus. La chanson a de multiples versions, chacun chantant sa version sur des mots oubliés. Il est vrai, qu’une source dit que l'écrivain Vadim Saphonov affirme dans son livre "Гранит и синь ~ Granit i Sin' " publié en 1979, qu'il a écrit cette chanson durant les années de guerre civile, lorsque enfant, il vagabondait de par la Russie. Il semble impossible d'affirmer ou non la véracité des dires de Saphonov. Cependant, il semble que cette chanson soit apparue un peu avant, encore dans la Russie impériale, que sa popularité est venue peu à peu en lien avec les évènements révolutionnaires et surtout la guerre civile qui s’ensuivie. Elle était particulièrement rependue dans ses différentes variantes parmi les enfants-vagabonds les "Bezprizorniki" littéralement "sans surveillance" durant les années 20 et 30 du siècle dernier. Ces enfants-vagabonds se comptaient par centaines de milliers, sinon par millions, à travers toute la Russie ravagée par la guerre civile.
" Oublié, abandonné" aété chantée dans le premier film sonore fait en U.R.S.S. "Le chemin de la vie" (1931) contribuant aussi à sa popularité. Pendant et après la Deuxième Guerre mondiale, la chanson est revenue de nouveau dans la rue. À cette époque, il y avait beaucoup d'orphelins sans foyer - leurs maisons ayant brûlé, leurs parents, morts ou disparus - ces adolescents errants faisaient l’aumône, en chantant des chansons.
Pour ma part, j'ai entendu cette chanson dès mon plus jeune âge ; le beau-père de ma mère, pour moi, c'était mon grand-père ; Guèorgui Pavlovitch Sleptsov, un autodidacte musical de génie, la jouait au piano et la chantait de sa voix de velours. Cette chanson était pour lui de l’ordre du vécu : Lui-même, enfant originaire du kraï de Stavropol, s’était retrouvé à l’âge de huit ans,durant la guerre civile, à vagabonder à travers le sud de la Russie, jusqu'à ce qu’un officier « l’adopte » et qu’il rejoigne l’Europe avec les restes de l’armée blanche, pour s’installer finalement à Paris où il rencontra ma grand-mère maternelle de beaucoup plus âgée que lui. Il vécut avec elle jusqu’à la mort de celle-ci. De cette voix magnifique, malheureusement, il n’a été fait aucun enregistrement.
- La première vidéo est celle de l’interprétation d’Oleg Pogoudine. Je l’ai choisie, car la voix de Pagoudine semble la plus proche de celle de Gueorgui Sleptsov, bien que pour moi, la voix de mon grand-père fut incomparable.
Vladimir G. Zakharov (1901 – 1956) a dirigé de 1932 et jusqu’à la fin de sa vie le Chœur Piatnitski. Il écrivit sa première chanson pour ce Chœur durant l'automne 1933. C’était une chanson sur des paroles de Mikhaïl Issakovski. Puis, de nombreuses autres chansons issues de cette collaboration et amitié fructueuse, suivirent, toujours pour le chœur Piatnitski. La chanson, ici présenté : "Иктоегознает– I kto ievo znaiet – Qui donc, sait" écrite en 1938, reçut un accueil exceptionnel toujours sur des paroles d'Issakovski. En envoyant son poème à V. Zakharov,Mikhaïl Issakovski lui avait écrit :
"Si cette chanson vous plaît et vous décidez d'en écrire la musique, ce serait très bien. Je voulais seulement pour que cette chanson ne soit pas « volubile », et que la musique soit harmonieuse, ralentir son rythme. Quant au refrain, il doit avoir un côté, me semble-t-il, quelque peut « malicieux » parce que la jeune fille, elle, elle sait ce qui se passe, mais en partie par modestie, mais aussi par malice et coquetterie, elle fait semblant de ne pas comprendre.". Zakharov entendit ce que le poète lui disait; il apportât à la mélodie de nouvelles sonorités. Dans la chanson est alors apparu un léger reflet de chagrin tendre, donnant à celle-ci un charme tout particulier.
Cette chanson est devenue tout de suite une chanson populaire. Ecrite peu de temps avant la guerre, d’abord pour le chœur Piatnitski,, elle devint vite très populaire, tout le monde la chantait, y compris à l’étranger où tout émigré blanc et enfant d’émigré blanc l'entonnait lors de réunions de famille ou de feux de camps. Sans doute fut-elle apportée durant la guerre par des prisonniers et des travailleurs déportés, ayant pu rejoindre les diverses résistances actives dans les pays européens. En Union Soviétique, puis en Russie, de nombreux artistes la reprirent, tels que; Lydia Rouslanova, Marina Diviatova, Alïona Petrovskaïa, Irina Krutova ou encore le groupe cubanaty @ radiocity, la chanteuse rock-folk Matrïochka et nombre d’autres. Il existe une version chinoise et même une autre anglaise.
Au couchant, un gars se balade près de ma maison,
Il me cligne des yeux et ne dit rien.
Qui est-cet donc, pourquoi cligne-t-il,
Pourquoi cligne-t-il, Dieu seul le sait.
Dès que j’apparais sur la promenade, il se met à danser et à chanter,
Mais soupire et se détourne lorsque nous nous quittons, aux portillons,
Mais qui le sait, pourquoi soupire-t-il,
Pourquoi soupire-t-il, Dieu seul le sait.
Je lui ai demandée,
Pourquoi as-tu l’air chagriné ?
Est-ce la vie qui t’a attristé ?
Il m’a répondu – c’est mon pauvre cœur que j’ai égaré,
Mais, qui le sait, pourquoi égare-t-il,
Pourquoi égare-t-il et, qui sait.
Hier, il m’a envoyé par la poste, deux lettres énigmatiques,
Chaque ligne n’est que points de suspension,
Devines donc, toute seule.
Mais, qui le sait, que sous entent-il,
Que sous entent-il et, qui sait.
Je n’ai pas essayée de deviner, n’attends rien et n’espère rien,
Seulement, je ne sais pourquoi, dans la poitrine, mon cœur, doucement, fondait.
Mais, qui sait, pourquoi fond-il,
Pourquoi fond-il et, qui sait ?
J’avais écouté et aimée les sœurs Fedorov alors que j’étais encore enfant, leurs voix m’avaient envoutés et m’avaient accompagnées durant toute mon enfance, puis les vieux microsillons 25cm de Melodia, s’étaient abimés ou perdus dans les déménagements et je ne les avais plus entendues. Elles restaient présentes dans mon esprit avec leur chant polyphonique issu plus particulièrement de la région de Pskov, je les ai redécouvertes avec un grand bonheur, l’année dernière sur la toile.
La chanson russe vivait depuis longtemps dans la famille Fedorov. Elle résonnait dans le village natal, Staryi Borok dans la région de Pskov, elle résonnait dans la rue Baltiskoïa, où les Fedorov se sont installés depuis qu’ils étaient partis de Leningrad. Dans la famille tout le monde chantaient: le père, la mère, les enfants. Ivan Fiodorovitch et Daria Iakovlevna chantaient souvent ensemble. Les sœurs étaient assises à cette époque sur un vieux coffre, en écoutant les voix de leurs parents. Déjà, Il ne passait pas de jour sans que la mère, Daria Iakovlevna, n'entende la même chanson sur ses filles. « Apprenez aux filles, la musique – lui conseillait-on – il sortira toujours quelque chose d’elles ». À Leningrad, les sœurs travaillaient à l’usine Kirov. Mais la guerre, le siège de Leningrad, ont chamboulés leur vie. Le père est parti au front. La famille fut évacuée dans l'Oural, à Sverdlovsk (Ekaterinbourg) –Nous travaillerons tous, excepté Galia– elle est trop petite encore – avait décidé la mère. Katia est allée à l'atelier de couture, Nastia est devenu cordonnier, Ninel’, constructeur, Nina était tourneuse. Elles travaillaient beaucoup, mais la chanson n'était pas oubliée dans les conditions difficiles de la guerre. Voici un premier vidéogramme des sœurs Fedorov : « Принароде,вхороводе - pri norodie, V khorovodie - Devant les gens, dans la ronde »
Le nom du compositeur de la musique n’apparaît dans aucun recueil de chansons soviétique où fut publiée cette romance. Il est plus que probable, que l’auteur en soit Boris Prozorovski, dont Stengazeta a déjà parlé et qui travailla souvent avec Timofeiev.
Sous la fenêtre, le merisier bruit,
Ses pétales, répandant.
De derrière la rivière, une voix familière s’entend,
Là-bas, les rossignols chantent toute la nuit.
Mon cœur de jeune fille s'est mis à battre joyeusement …
Comme il fait doux, comme il fait bon dans le jardin!
Attends-moi, mon joyeux, mon aimant,
À l'heure intime je viendrai à toi.
O, pourquoi mon cœur, par toi, fut arraché ?
Pour qui donc, maintenant, brille ton regard ?
Je ne regrette pas que tu m'aies quitté,
Je regrette seulement que les gens parlent trop.
Droit vers la rivière, s’enfonce, le sentier,
Le gamin dort, il n’y est pour rien.
Je ne vais ni pleurer, ni m’attrister,
Le passé ne reviendra jamais.
Sous la fenêtre, le merisier bruit,
Ses pétales, répandant.
De derrière la rivière, la voix familière ne résonne plus,
Là-bas, les rossignols ne chantent plus.
"На улице дождик - Na oulitsé dozhdik - Dans la rue, la pluie" est une chanson populaire russe datant certainement, au plus tard du début du XIX° siècle. Le nom des auteurs de cette chanson, reste inconnu.
L’une des plus belles interprétations, est celle de Lidia Rouslanova, (1900 – 1973) Lidia Rouslanova est une célèbre chanteuse populaire russe. Originaire d’une famille de vieux croyants, elle était avec Clavdia Shulchenko, le prototype de ces chanteuses russes qui ponctuèrent le XX° siècle soviétique.
Dans la rue, la pluie Tombe à verse Tombe à verse Rabattant la terre Rabattant la terre Un frère, berce sa sœur Oï, liuchenki lïuli Un frère berce sa sœur Un frère berce sa sœur Il lui dit Dépêche toi de grandir, Et sois plus sage. Tu deviendras grande En mariage, on te donnera Oï, liuchenki lïuli En mariage, on te donnera En mariage, on te donnera Dans un village étranger Oï, liuchenki lïuli Dans une famille ne voulant pas de toi. Dans la rue la pluie Tombe à verse Rabattant la terre Rabattant la terre Un frère berce sa sœur.
Cette chanson qui est souvent présentée comme une chanson populaire, est en fait, un poème de David Samoïlov mis en musique par le barde Victor Stolïarov, poème, qui à l’origine portait le nom de « La chanson du hussard.» Voici ce qu’en raconte Victor Stolïarov :
« J’ai lu le poème de David Samoïlov « La chanson du hussard » dans le journal « Ogonïok » les mots simples, expressifs, m’ont, si l’on peut dire, accrochés. Tout de suite j’ai ressenti l’intonation d’où est née spontanément une mélodie. Cela se passait vers le milieu des années 80. Je ne m’en rappelle pas exactement, mais il semble que pour la première fois la chanson fut interprétée par notre ensemble « Talisman » au festival de la ville de Pouchtchino sur le fleuve Oka. C’est alors que Ada Iakoucheva (poétesse et animatrice radio) parlant du festival à la radio « Iunost » a fait passer à l’antenne cette chanson. L’ensemble faisait des représentations dans les grandes et petites salles de différentes villes, (….) il était connu que d’un cercle étroit d’amateurs de la chanson d’auteur. C’était d’autant plus étonnant que l’on demandait souvent d’interpréter la chanson « Lorsque nous étions à la guerre ». On me racontait après, que l’on avait entendu cette chanson dans des endroits les plus inattendus, par exemple, des touristes l’avaient chanté dans les montagnes duTien Shan. Il n' y a pas longtemps des amis m’ont racontés que Pélaguéia, interprète de chansons populaires cosaques, la chantait d ‘une façon « très ressemblante».
Sur le premier vidéogramme ci-après, « Lorsque nous étions à la guerre » est interprétée par Alexeï Efimov, consacré en 2009 comme étant le premier des dix meilleurs joueurs amateurs d’accordéon de Russie par l’émission du 1° kanal: «играй гармонь – Igraï garmon’ - Joue accordéon »
Le second vidéogramme est interprété et joué par le Théâtre de Transbaïkalie.
"Stïojki-dorojki - les sentiers" est une chanson populaire dont les auteurs ne sont pas connus. Cette chanson fait partie de celle, qu’inévitablement, entonnent quelques convives d’une fête finissante, lorsque la gaité et l’excitation laisse place à la nostalgie.
Se sont enfouis, les sentiers,
Là où sont passées les jambes de mon aimé,
Se sont recouverts de mousse, se sont embroussaillés,
Là où nous nous promenions avec toi, mon aimé.
Pleurant nos adieux, nous nous enlacions,
De ne pas nous oublier, nous nous le promettions.
Depuis ce temps, je n’ai plus de tranquillité,
Avec une autre, certainement, se promène mon aimé.
S’il ne m’aime plus, s’il m’a oublié
Si une autre, il a enlacé,
Je jure que de lui, je me vengerai,
Dans une rivière profonde, je m’enfoncerai.
Oiselets chanteurs, dites-moi la vérité,
Apportez-moi des nouvelles de mon bien-aimé.
Où donc, mon aimé s’est évanoui, où s’est-il caché ?
Mon pauvre cœur souffre et est éploré.
Se sont enfouis, les sentiers,
Là où sont passées les jambes de mon aimé,
Se sont recouverts de mousse, se sont embroussaillés,
Là où nous nous promenions avec toi, mon aimé.
Cette chanson est apparue en occident au début des années soixante. Un 45 tours circulait : sur l’une des faces on pouvait entendre « Camarade Staline » sur l’autre « J’ai traversé la Sibérie » L’enregistrement était de mauvaise qualité.
Il existe nombre de variantes de cette chanson de prisonnier dont l’auteur n’est pas connu. Souvent sous le titre, «Приморили гады – Primorili, gady - ils m’ont détruits, les salauds.» dont la version de V. Vissotski, celle de C. Nikitine. Dans les années 90, cette chanson fut reprisse par Mikhaïl Kroug.
Mikhaïl Kroug [1962 – 2002] de son vrai nom, Mikahaïl Vorobiov, était un barde. Il a commencé sa carrière en participant en 1987, à un concours de chansons d’auteur. Il gagna alors la première place avec sa chanson «Про Афганистан - Pro Afghanistane - sur l’Afganistan.»
Mikhaïl Kroug avait une prédilection pour les chansons de truands et ses chansons étaient très appréciés par « le milieu « avec lequel il se lia par la force des choses.
Il fut assassiné à son domicile, dans la nuit du 30 juin au 1° juillet 2002.
J’ai traversé la Sibérie chaussé de lapties,
Ecoutant les chants de vieux bergers.
S’avançaient les lueurs crépusculaires,
Des bords de la Caspienne, le vent soufflait.
Tu es entrée, comme dans un indicible conte;
Tu t’es enfuie, m’ayant oublié.
Avec ma guitare je suis resté à cafarder,
Parce qu'avec un autre, tu t’en es allée.
Peut être, ne devrai-je pas m’attrister,
Lorsque les roses commencent à fleurir ?
Les roses de ce jardin printanier,
Je n’ai plus personne à qui les offrir.
Ils m'ont détruits, les salauds, ils m’ont annihilés,
Ils ont pris ma petite liberté,
Mes boucles d’or ont blanchis,
Au bord du précipice, me suis assis.
Le Khorenko orchestre est un groupe musical de Saint Petersburg crée par Dmitri Khorenko. Khorenko, créa son premier programme musical en 1995 alors qu’il était étudiant à l’Académie nationale des arts du théâtre de Saint-Pétersbourg. A cette époque, il travaillait parallèlement comme animateur radio. À partir de 1997, autour de lui, se forme un collectif musical avec comme dominante une musique jazzy qui donne naissance au « Khorenko orchestre». Voici donc, par le Khorenko orchestre, l’interprétation jazzy d’une chanson de truands datant d’avant la révolution russe et dont les auteurs ne sont pas connus ; « Чубчик – tchubtchik – Le toupet » cette chanson, dans sa version classique fut notamment interprétée par Piotr Lechtchenko et l'est également, d'une façon flamboyante, par Jeanna Bitchevskaïa.
Toupet, petit toupet, toupet frisé, Flottes, toupet, au vent ! Avant, toupet, je t’aimai, Je ne peux t’oublier maintenant.
Parfois, je mets sur la nuque mon galurin, Je vais m’balader de minuit jusqu’au matin ! Et de dessous le chapeau, le toupet s’échappant, Il se met à flotter au vent !
Toupet, petit toupet, toupet frisé, Mais tu ne flottes plus au vent ! Et toi, ma poche, petite poche trouée, Toi, tu ne plais, tu ne plais pas au truand !
L’hiverpassera,Viendra l'été, Les fleurs refleuriront abondamment dans le jardin. Quant à moi, pauvre gamin, Mes pieds et mes mains, de fer seront enchaînés.
Mais, la Sibérie, la Sibérie je n’en ai pas peur, moi, La Sibérie, n’est-ce pas une terre russe également. Toupet frisé, Déploie-toi, Accompagne-moi, en flottant au vent.
Toupet, petit toupet, toupet frisé, Mais tu ne flottes plus au vent ! Et toi, ma poche, petite poche trouée, Toi, tu ne plais, tu ne plais pas au truand !
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Le mot « Stengazeta » est un acronyme voulant dire « journal mural ». Stengazeta de Paris publie des traductions de chansons russes contemporaines et/ou populaires, ainsi que des articles d'opinions.
Il m’a semblé utile, de faire percevoir à travers ce blog, la Russie et ses cultures, hors du prisme propagandiste et réducteur que véhiculent les pouvoirs politiques, économiques & médiatiques occidentaux.
S. P Struve