« Tu galoperas dans l'obscurité... ~ Tы поскачешь во мраке... » est un poème de Joseph Brodsky (1940~
1996,) datant de 1962. que l'on peut entendre lu par l'auteur lui-même, ici.

Dans le vidéogramme ci-après, sur un montage vidéo de vorolo1, Elena Frolova, que StengazetA a déjà présenté, chante ce poème de Brodsky, mis en musique par elle.
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Tu galoperas dans l'obscurité... ~ Tы поскачешь во мраке...
Joseph Brodsky
Tu galoperas dans l'obscurité, à travers l'immensité infinie des monts froids, Le long des frondaisons de bouleaux, s'enfuyant dans l’obscurité, vers de triangulaires maisons, Le long de ravins désertés, à travers l'herbe gelée, sur les fonds sablonneux, Éclairé par la lune et, ne voyant qu'elle seule, Le claquement sonore des sabot le long des monts de froids figés, — il n'y a rien avec quoi comparer, C'est toi, là-bas, en bas, tu tisses ta toile le long des ravins, Là-bas, quelque part vers l'obscurité depuis ta route s'enfuit un ruisseau, Là, où murmure ton ombre rapide sur un dos de briques. Il galope sacrement sur l'herbe gelée, s'évanouissant dans l'obscurité, Surgissant au loin, éclairé par la lune, sur les monts infinis, Devant de noirs buissons, le long de ravins dénudés, le vent frappe le visage, Parlant avec lui même, se dissolvant dans une noire forêt. le long de ravins vides, Devant de noirs buissons - aucune trace ne sera retrouvée, Même si tu es preux et qu'autour de tes jambes s’entrelace la lumière, De toute façon jamais et pour rien au monde tu ne sauras le rattraper. Qui donc là-bas galope parmi les monts, Je veux le savoir, je veux le savoir. Qui galope là-bas, qui donc fonce sous la brume froide, dis-je, De ma face solitaire tournée vers le tsar de la forêt - Je m'adresse à la nature de la part des triangulaires maisons : Qui donc galope seul là-bas, éclairé par la tsarine des monts ? Mais l'épicéa gothique des plaines russes engloutit toute réponse, des fenêtres grand ouvertes, résonne un merveilleux piano, se déverse la lumière, Quelqu’un galope à travers les monts, éclairé par la lune, affleurant la voûte céleste, A travers l'herbe figée, le long de noirs buissons. Approche la forêt. Parmi les basses branches étincellera l'émeraude chevalin, Qui donc se tient à genoux, près des barrages de bièvres, dans l'obscurité, Celui qui se regarde soi-même, reflété dans l'eau noire, Celui-là est revenue vers soi, celui qui chevauchait les monts dans l'obscurité. Non, ne penses pas, que la vie - est un cercle vicieux de contes sortilèges, Car,des centaines de monts - d'incroyables croupes de juments, Desquelles, dans la nuit, mais sous la lumière lunaire, Le long d'alentours endormis, Nous endormant dans un songe, nous galopons vers le sud, impétueusement. Je m'adresse à la nature : ce sont des cavaliers fonçant vers l'obscurité, Créant leur monde semblable tout à coup au tien, Depuis les barrages de bièvres, depuis les feux froid des terrains vagues Jusqu'aux immenses barrages, jusqu'à la foule muette des lampadaires. De toute façon – le retour, De toute façon même au rythme de ballades Il y une sorte d'élan, il y a une sorte de retour triste, Même si le Créateur sur ses icônes ne dort ni ne vit, Apparaît brusquement à travers une cathédrale de pins quelque chose en forme de sabots. Tu es ma forêt et mon eau, qui contournera et, qui tel un courant d'air Pénètre en toi, qui donc dit et, qui sous-entend, Celui qui se tient de côté, dont les paumes sur tes épaules,sont posées, Celui qui est allongé sur le dos dans un ruisseau glacé. Ne s'en va pas involontairement, il ne lui est pas difficile de tout discerner, Car ce n'est pas la vie, mais une autre sorte de douleur, Qui se niche en toi et, déjà ne s'entend plus, comme vient le printemps, Seules les sommets tel le balancier d'un rêve, bruissent inlassablement dans l'obscurité. Traduction : Sarah P. Struve
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