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20 février 2020 4 20 /02 /février /2020 14:20
« Tu galoperas dans l'obscurité... ~ Tы поскачешь во мраке... » est un poème de Joseph Brodsky (1940~
1996,) datant de 1962. que l'on peut entendre lu par l'auteur lui-même, ici.

 Dans le vidéogramme ci-après, sur un montage vidéo de vorolo1, Elena Frolova, que StengazetA a déjà présenté, chante ce poème de Brodsky, mis en musique par elle.

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Tu galoperas dans l'obscurité... ~ Tы поскачешь во мраке... 
Joseph Brodsky

 

Tu galoperas dans l'obscurité, à travers l'immensité infinie des monts froids,
Le long des frondaisons de bouleaux, s'enfuyant dans l’obscurité, vers de triangulaires maisons,
Le long de ravins désertés, à travers l'herbe gelée, sur les fonds sablonneux,
Éclairé par la lune et, ne voyant qu'elle seule,
Le claquement sonore des sabot le long des monts de froids figés, — il n'y a rien avec quoi comparer,
C'est toi, là-bas, en bas, tu tisses ta toile le long des ravins,
Là-bas, quelque part vers l'obscurité depuis ta route s'enfuit un ruisseau,
Là, où murmure ton ombre rapide sur un dos de briques.

Il galope sacrement sur l'herbe gelée, s'évanouissant dans l'obscurité,
Surgissant au loin, éclairé par la lune, sur les monts infinis, 
Devant de noirs buissons, le long de ravins dénudés, le vent frappe le visage,
Parlant avec lui même, se dissolvant dans une noire forêt.
le long de ravins vides, Devant de noirs buissons - aucune trace ne sera retrouvée,
Même si tu es preux et qu'autour de tes jambes s’entrelace la lumière,
De toute façon jamais et pour rien au monde tu ne sauras le rattraper.
Qui donc là-bas galope parmi les monts, Je veux le savoir, je veux le savoir.

Qui galope là-bas, qui donc fonce sous la brume froide, dis-je,
De ma face solitaire tournée vers le tsar de la forêt -
Je m'adresse à la nature de la part des triangulaires maisons :
Qui donc galope seul là-bas, éclairé par la tsarine des monts ?
Mais l'épicéa gothique des plaines russes engloutit toute réponse,
des fenêtres grand ouvertes, résonne un merveilleux piano, se déverse la lumière,
Quelqu’un galope à travers les monts, éclairé par la lune, affleurant la voûte céleste,
A travers l'herbe figée, le long de noirs buissons. Approche la forêt.

Parmi les basses branches étincellera l'émeraude chevalin,
Qui donc se tient à genoux, près des barrages de bièvres, dans l'obscurité, 
Celui qui se regarde soi-même, reflété dans l'eau noire,
Celui-là est revenue vers soi, celui qui chevauchait les monts dans l'obscurité.
Non, ne penses pas, que la vie - est un cercle vicieux de contes sortilèges,
Car,des centaines de monts - d'incroyables croupes de juments,
Desquelles, dans la nuit, mais sous la lumière lunaire, Le long d'alentours endormis,
Nous endormant dans un songe, nous galopons vers le sud, impétueusement. 

Je m'adresse à la nature : ce sont des cavaliers  fonçant vers l'obscurité,
Créant leur monde semblable tout à coup au tien,
Depuis les barrages de bièvres, depuis les feux froid des terrains vagues
Jusqu'aux immenses barrages, jusqu'à la foule muette des lampadaires.  
De toute façon – le retour, De toute façon même au rythme de ballades
Il y une sorte d'élan, il y a une sorte de retour triste,
Même si le Créateur sur ses icônes ne dort ni ne vit,
Apparaît brusquement à travers une cathédrale de pins quelque chose en forme de sabots.

Tu es ma forêt et mon eau, qui  contournera et, qui tel un courant d'air 
Pénètre en toi, qui donc dit et, qui sous-entend,
Celui qui se tient de côté, dont les paumes sur tes épaules,sont posées, 
Celui qui est allongé sur le  dos dans un ruisseau glacé.
Ne s'en va pas involontairement, il ne lui est pas difficile de tout discerner,
Car ce n'est pas la vie, mais une autre sorte de douleur,
Qui se niche en toi et, déjà ne s'entend plus, comme vient le printemps,
Seules les sommets tel le balancier d'un rêve, bruissent inlassablement dans l'obscurité.

Traduction : Sarah P. Struve
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5 janvier 2019 6 05 /01 /janvier /2019 13:32

Elena Frolova est l'auteur compositeur, interprète de la chanson « Efrosinia l'idiote ~ Ефросинья-дура », Elena Frolova est née en 1969, à Riga, elle vit en Russie. Elle a sorti un CD en France « Elena Frolova chante Marina Tsvetaeva. » Que l'on peut également entendre sur un montage vidéo, ici.

Efrosinia la folle, née Evdokiia Viazemskaïa, est connue en Russie comme Eufrosinia Koliupanovskaïa (1758 - 1855) Ce fut uns religieuse chrétienne russe, fol en Christ, vénérée comme une sainte par l'Église orthodoxe russe, qui la fête la 3 juillet.

Née vers 1758 dans une famille de noble. Evdokiia Viazemskaïa, après avoir terminé avec succès ses études à l'Institut de Smolny de Saint-Pétersbourg, est désigné « freilina » (Demoiselle d'honneur) de Catherine II. Son hagiographie raconte, qu'après une période vécue parmi les fastes de la cour, elle a décidé dans des circonstances peu claires, avec deux de ses compagnes, également dames de la cour, d'abandonner le palais royal pour se consacrer entièrement à la vie monastique. Craignant le rejet de sa famille en raison de son choix, elle a mis en scène avec ses amis, sa propre mort. Alors qu'elles étaient à Tsarskoïe Selo, La résidence d'été de l'impératrice, elles ont abandonné leurs vêtements sur la rive d'un lac, afin de faire croire à une noyade et se sont déguisés en simples paysannes , abandonnant leur vie de cour et sa splendeur.

Laissant ses amies, Evdokiia s'est mise à errer à travers la Russie en visitant des monastères et des lieux saints, jusqu'à ce que, se sentant prête pour sa vocation monastique et voulant « se cacher de la persécution du monde », elle est reçue en audience par le Métropolite Platon, qui, voyant la sincérité de son intention, envoya une lettre de recommandation au monastère vladychny de Serpukhov

Depuis lors, sous le nom d'Efrosinia la folle, commence son existence de « poisson dans le Christ », comme on appelait ceux qui simulant la folie, vivaient dans la pauvreté tout en priant sans cesse, afin de sentir qu'ils pouvaient prendre part à la Passion du Christ.

On lui a attribué d'abord, une cellule, puis une petite maison d'une pièce près des murs du monastère. Elle a vécu avec un grand nombre d'animaux nourris avec les restes de ces repas. Elle portait toujours une chemise grise avec un grand châle épais, marchant pieds nus et portant sur sa tête un petit bonnet doublé de fourrure. Elle a gardé ses cheveux coupés et portait toujours autour de son cou une longue chaîne en cuivre avec une croix. Son hagiographie nous dit qu'elle vivait constamment dans la privation et mortifiait son propre corps avec une chemise de crin. Elle dormait toujours assise, à même le sol, se nourrissant exclusivement de pain et de kvas, qu'elle prenait dans les cuisines du monastère. Quant à sa vie religieuse, elle se résumait à prier seule dans sa maison et n'assistait que rarement à l'église.

Toujours selon son hagiographie, Dans les années 1840, la religieuse est expulsée du monastère de Serpoukhov, sous une « fausse accusation » non spécifiée. Efrosinia s'est retrouvée à Kolioupanovo, dans l'Oblast de Toula, où le propriétaire Protopopov, lui a offert une maison sur ses terres. Refusant de vivre dans une maison qu'elle considérait comme trop confortable et spacieuse, elle a demandé à être logé dans une étable, elle a continué la vie qu'elle menait à Serpoukhov, en contact étroit avec les animaux, marchant pieds nus et vêtu seulement d'une robe de bure. Efrosinia est décédée le 3 Juillet 1855, ainsi que le rapporte le livre des actes de la paroisse Mère de Dieu de Kazan. Note d'après le livre « Безумием мнимым безумие мира обличившие... Блаженные старицы 19-20 веков ~ Par une folie apparente, démasquant la folie du monde ... Bienheureux reclus du 19° et 20° siècles » en pdf.

Voilà ce que dit Elena Frolova à propos des saints Fol-en-Christ : "Il me semble que les saints Fol-en-Christ, apparaissent aux moments les plus effrayants de notre histoire ; certainement pour maintenir un certain équilibre ou tout simplement pour nous retenir d'un précipice sans fond."

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Efrosinia l'idiote / Ефросинья-дура
Elena Frolova / Елена Фролова

Danses au palais, carnavals,
Feux d'artifice, soleil à profusion,
Mots éclatant, corridors,
Sur la robe, arabesques d'or .

Oripeaux d'un délire amoureux.
Jalousie, chasse, repas.
Est-ce pour cela que le ciel s'éveilla,
Afin que, lui revienne tout cela ?

Est-ce pour cela que, les anges chantent,
pour regarder ces couches ;
Plaisirs absurdes et soyeux.
Est ce vraiment, un honneur divin ?

Est-ce toujours ainsi, que, cela sera
Et rien ne m'éveillera
De cette perte sans fond ?
Mon Dieu, comme je me sens vide,
les jours s’envolent, fondent, s'en vont.
Le bonheur mène par le bout du nez, l'idiote.

Et là-bas ; haut, haut ;
L'alouette chante dans le ciel
Et là-bas ; loin, loin ;
Vit, Efrosinia-l'idiote.

Elle a des chiens, des chats,
Des corneilles et des colombes sur le toit,
Un corbeau et pour le corbeau, des miettes
Et, une lanterne brisée sur un bâton.

Luit à peine la flamme,
Mais brûle toujours, grâce à Dieu,
Éclairant la route vers le logis,
pour les oiseaux, vers le sud, partis.

Telles des souris, des mots somnolant,
se sont dispersé dans la cour, bruyamment.
Seules les anges entendent, entendent,
Comme le cœur de la folle, chante.

Seules voient les anges, voient,
Celle qui ne blessera personne,
Celle qui ne passera pas de côté.
Si quelque chose m'advient,
je lèverais les yeux vers le bleu tourbillon,
Souriant à sœur Efrosinia,

Car, loin, loin, là-bas ;
Chante au ciel, une alouette
Car, loin, loin, là-bas ;
Vit Efrosinia l'idiote.

Traduction : Sarah P. Struve

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4 septembre 2013 3 04 /09 /septembre /2013 05:00

Voici une romance dont le texte fut écrit par Boulat Okoudjava et la mélodie par Issak Shwarts, pour le film « Законный брак – Zakonnyi brak - Un mariage légitime »  sorti en 1985. Okoudjava apparait dans ce film et chante  cette romance. Un mariage légitime  raconte comme un acteur de théâtre, évacué durant la guerre en Asie centrale, avec toute la troupe de son théâtre, rencontre une compatriote   malade. Il contracte avec elle un mariage blanc afin qu’elle puisse rentrer avec lui à Moscou et c’est, peut-à-peut,  qu’un véritable amour s’installe entre eux, jusqu’au jour où il est appelé à rejoindre le front.

Voici deux vidéogrammes :
Le premier reprend l’extrait du film, où Okoudjava chante cette romance,
  le train  emportant dans la nuit, les personnages de ce film, vers Moscou et leurs destins respectifs obérés par la guerre. On peut visionner le film en V.O. en cliquant sur l'affiche ou le titre du film en russe.
Dans le second vidéogramme, c'est Elena Frolova qui chante cette romance

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Счастливый жребий  / Le sort heureux
Boulat Okoudjava / Isaak Shwartz

Après la pluie les cieux paraissent plus vastes,
L’eau,  plus bleue, le cuivre, tellement plus  vert.
Dans le parc municipal, des flûtes et  des cors d'harmonie.
Le chef d’orchestre semble s’envoler.
Dans le parc municipal, des flûtes et  des cors d'harmonie.
Le chef d’orchestre semble s’envoler.

Ah, comme me reviennent à l’esprit les orchestres anciens,
Non pas les militaires, mais ceux des années de paix.
S'est déversée  dans les ruelles environnantes,
Cette mélodie mais, personne n’est  là pour la chanter.

Avec nous, sont les femmes, elles sont d’une grande beauté,
Et les merisiers  ont  tous fleuri.
Peut-être bien que sera heureux, le sort qu’on aura  tiré,
Nous nous retrouverons à nouveau dans ce parc fleuri.

Mais du passé, de la tristesse des anciens temps,
Que je ne  me plaigne, que je ne sois suppliant,
Se  déverse, en noirs affluents,
Cette musique, droit  dans mon sang.

Traduction: Sarah P. Struve

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  • : STENGAZETA - ПАРИЖСКАЯ СТЕНГАЗЕТА
  • : Le mot « Stengazeta » est un acronyme voulant dire « journal mural ». Stengazeta de Paris publie des traductions de chansons russes contemporaines et/ou populaires, ainsi que des articles d'opinions. Il m’a semblé utile, de faire percevoir à travers ce blog, la Russie et ses cultures, hors du prisme propagandiste et réducteur que véhiculent les pouvoirs politiques, économiques & médiatiques occidentaux. S. P Struve
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