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3 mars 2023 5 03 /03 /mars /2023 08:38

Le poème "la fille du mineur", créé par Anna Reviakina dans son style poétique unique, sincère, à sa manière impressionniste, raconte le choix inévitable et tragique devant lequel la barbarie fatale met aujourd'hui les vivants. Ses lignes sont un tocsin bourdonnant, qu'il est impossible de ne pas entendre, et un murmure de jeune fille à peine perceptible, un chagrin amer, dont la mémoire restera impérissable.

Le poème traduit, ici, est le premier d'un recueil de poésies éponyme écrit en 2016 et publié en 2018, que l'on peut lire en ligne,en cliquant la couverture du livre.

Il est facile de reconnaître cette ville aimée par l'auteur, Donetsk, et de ressentir l'amour pour les gens de cette ville et l'attente d'un monde lumineux, dont tout humain est digne. Dans le recueil, Les visages esquissés de la guerre sont accentués par des illustrations au fusain.

En mai 2018, lors d'un soiré littéraire où elle  lisait des extrait de son recueil. Anna Reviakina, racontait qu'elle avait terminé son recueil le 8 octobre 2016, date anniversaire de la naissance de Marina Tsvetaeva. .

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Шахтёрская дочь / La fille de mineur

Anna Reviakina (2016)

 

 

De trous de ver et de saignements
Se cicatrise la guerre.
Derrière les bas-cotés, au-dessus des champs,
Il y a des volées de corbeaux noirs.
Sur la route où le front se faufile,
Là ou il se disloque; Dieu voit,
Une claire damoiselle à la natte châtain,
Dans les cheveux ; une fleur bleue.
Ses mains ne sont pas plus épaisses que des brindilles,
Ses pieds sont des voûtes de ballet,
Elle est de ces gentilles filles,
De ces saintes orphelines naïves
Sa robe est de morne pauvreté,
Sa petite croix est de fil et de métal.
Cette fille est si transparente,
Qu'il serait improbable de la faire parler.
Sur la route, là où il y a la boue de la périphérie,
Là où les guerriers sont à l'affût,
Cette fillette impassible
Commence à être une ligne.
Silencieuse, miséricordieuse,
Se noyant dans les ténèbres.
Cette fille est véridique,
Comme la guerre qui est derrière ma fenêtre.
Sur les paumes; des croix et des lignes,
Sous les yeux; un voile de pluie...
cette fille s'appelle Maria.
Et elle est aux deux tiers, moi.

Traduction: Sarah P. Struve

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19 août 2022 5 19 /08 /août /2022 07:44

Anna Reviakina est une poétesse Russe, née en 1983, à Donetsk. Elle est membre de l'Union des écrivains de la République populaire de Donetsk et de l'Union des écrivains de Russie. Ces poèmes parlent de sa ville, Donetsk, qui depuis huit ans, debout, affronte la guerre et les bombardements incessants. A propos de Donetsk, elle écrit :

Sous les pieds brûle l'asphalte / Et on n’entend plus les cloches / Dans cette ville on fond l'acier / On verse son propre sang

Ses poèmes reflètes l'angoisse des habitants de sa ville face à l'agression à la quelle Donetsk est confronté.

Je vole vers Moscou pour poser des questions... est un poème datant de 2018, alors que depuis quatre ans Donetsk défend, sous les bombardements ennemis, son indépendance

 

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Я летаю в Москву, чтоб задавать вопросы… / Je vole vers Moscou pour poser des questions...
Anna Reviakina / Анна Ревякина

De la ville où les palmiers se forgent avec des rails,
Je m’en vais à Moscou, prenant les vols les moins chers.
Ces vols sont toujours au petit matin bondé.
Et, je vois à main droite le flamboiement de l'aube.
Du jaune citron au rouge sang,
Comme si quelqu'un avait oublié de fermer des tubes de couleurs.
L'avion est ma grue blanche en origami
Mon avion vole vers le nord et laisse des cicatrices
Sur la pureté lisse de l'espace si proche.
On m'offre depuis un filtre d'osmose inversé
De l'eau dans un verre à demi plein.
Et, je ressens, comme jamais, un long cordon ombilical
Entre Dieu et moi, dont je me souviens
Souvent en vain, lorsque je rature le cahier de biais
Je vais à Moscou pour poser des questions.
On me regarde de travers, moi, la rustre,
Répondez-moi, que va-t-il arriver à ceux qui sont dans la ville du sud
Debout, les dents serrées, les mains sur les armes, contractées,
Ils se tiennent jusqu'à la mort, ce quatrième hiver de Dieu.
Debout, tels des écoliers dans un chœur, la bouche ouverte.
Dites-nous ce qui nous arrivera, à nous, sur la rade, rejetés
Il y a bien longtemps que je n'ai plus peur,
je porte en lieu et place de mon corps, mon âme,
Je la porte à l'envers, les coutures, l'étiquette,
Numéro de série, déjà plus une âme, pas encore une ogive.
Répondez-moi personnellement ou bien par téléphone.
Mon pays, une steppe entourée de terrils,
Attend une réponse, tel quelqu'un
mortellement malade, un diagnostic.
On ne parle de lui que dans les faits divers.
Répondez, j'ai besoin d'une réponse d'en haut.
Quand est-ce que nous passerons enfin le test de la guerre,
Dans cette vie ou dans celle qui vient après ?
Je vais à Moscou pour poser des questions...

Traduction : Sarah P. Struve

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24 décembre 2020 4 24 /12 /décembre /2020 09:50

L’interprète de ce poème de Sergueï Essenine, Efimytch, de son vrai nom, Oleg Charandanov, est originaire de Volgograd et, vit la plupart du temps à Moscou. De formation, il est ingénieur soudeur, Charandanov raconte dans une interview sur Radio Mayak, que ce surnom d'Efimytch, il l'avait pris un peu comme une blague et puis, la reconnaissance venant, ce surnom est resté mais, comme il le dit lui-même : c’était une idée discutable.

Dans ce vidéogramme, Oleg Charandanov, interprète un poème de Sergueï Essenine, datant de 1924 : « Мы теперь уходим понемногу… ~ Maintenant, nous partons, petit à petit... » Il est, ici, accompagné par son fils Vladislav. On peut entendre les compositions d'Efimytch sur sa page YouTube, ainsi que sur les diverses plateformes musicales.

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Мы теперь уходим понемногу… / Nous partons, maintenant, petit à petit ...

Sergueï Essenine ~ Musique : Oleg Charandanov

Nous partons, maintenant, petit à petit,
Vers ce pays où il n'y a que silence et sérénité,
Bientôt, peut-être, vais-je m'en aller,
Recueillir les cendres de ma vie,

Jolis bouleaux en futaies !
Toi, la terre ! Et vous, plaines asséchées !
Devant cette assemblée qui va s'en aller,
Ma tristesse, je n'ai pas la force de la cacher.

En ce monde, j'ai trop aimé
Tous ce qui fait que l'âme, de chair, soit enrobée.
Le monde des trembles qui, leurs branches déployées,
Se miraient dans les eaux rosées.

Nombre de fois dans le silence, j'ai pensé,
Nombres de chansons sur moi, j'ai composé,
Et, sur cette terre affligée,
je reste heureux d'avoir vécu et respiré.

Je suis heureux d'avoir embrassé des femmes
Froissé des fleurs et, dans l’herbe, traîné
Et, les bêtes, nos frères cadets,
Leurs têtes, n'ai jamais frappé.

Là-bas, je sais, que ne fleurissent pas les bosquets,
Ne tintent pas, les coups de cygne des blés.
Ainsi donc, devant l'assemblée des s'en-allant,
Je reste toujours frissonnant.

Il n'y aura pas dans ce pays, je le sais,
Dans la brume, ces plaines mordorées,
C'est pour cela que me sont chers,
Ces humains qui vivent avec moi, sur terre.

Traduction : Sarah P. Struve

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18 novembre 2020 3 18 /11 /novembre /2020 16:19

Alexandre Pouchkine écrivit ce poème à l'age de vingt-trois ans, alors qu'il séjournait dans le sud de la Russie du côté d'Odessa et de Kichinev, où il avait été exilé et où il exerçait quelque emploi administratif.

Sur le vidéogramme ci-après, c'est le Chœur académique d’État de Russie qui interprète le poème.

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Le prisonnier ~ Узник
A. Pouchkine (1822)

Je suis enfermé derrière les barreaux d'un humide cachot.
Un jeune aigle élevé en captivité,
Mon triste camarade, battant des ailes,
Becquette sous la fenêtre une nourriture ensanglantée,

Il la becquette et la jette et, regarde par la fenêtre,
Comme à l’unisson de ma pensée.
Il m’appelle du regard et de son glas,
Voulant dire. «  Envolons-nous, allez ! 

Nous sommes de libres oiseaux ; il est temps, frère, il est temps !
Là, où derrière les nuages, les monts blanchissent,
Là, où les limites marines bleuissent,
Là, où se promènent seuls, le vent ... et moi !... »

Traduction : Sarah P. Struve

 

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20 février 2020 4 20 /02 /février /2020 14:20
« Tu galoperas dans l'obscurité... ~ Tы поскачешь во мраке... » est un poème de Joseph Brodsky (1940~
1996,) datant de 1962. que l'on peut entendre lu par l'auteur lui-même, ici.

 Dans le vidéogramme ci-après, sur un montage vidéo de vorolo1, Elena Frolova, que StengazetA a déjà présenté, chante ce poème de Brodsky, mis en musique par elle.

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Tu galoperas dans l'obscurité... ~ Tы поскачешь во мраке... 
Joseph Brodsky

 

Tu galoperas dans l'obscurité, à travers l'immensité infinie des monts froids,
Le long des frondaisons de bouleaux, s'enfuyant dans l’obscurité, vers de triangulaires maisons,
Le long de ravins désertés, à travers l'herbe gelée, sur les fonds sablonneux,
Éclairé par la lune et, ne voyant qu'elle seule,
Le claquement sonore des sabot le long des monts de froids figés, — il n'y a rien avec quoi comparer,
C'est toi, là-bas, en bas, tu tisses ta toile le long des ravins,
Là-bas, quelque part vers l'obscurité depuis ta route s'enfuit un ruisseau,
Là, où murmure ton ombre rapide sur un dos de briques.

Il galope sacrement sur l'herbe gelée, s'évanouissant dans l'obscurité,
Surgissant au loin, éclairé par la lune, sur les monts infinis, 
Devant de noirs buissons, le long de ravins dénudés, le vent frappe le visage,
Parlant avec lui même, se dissolvant dans une noire forêt.
le long de ravins vides, Devant de noirs buissons - aucune trace ne sera retrouvée,
Même si tu es preux et qu'autour de tes jambes s’entrelace la lumière,
De toute façon jamais et pour rien au monde tu ne sauras le rattraper.
Qui donc là-bas galope parmi les monts, Je veux le savoir, je veux le savoir.

Qui galope là-bas, qui donc fonce sous la brume froide, dis-je,
De ma face solitaire tournée vers le tsar de la forêt -
Je m'adresse à la nature de la part des triangulaires maisons :
Qui donc galope seul là-bas, éclairé par la tsarine des monts ?
Mais l'épicéa gothique des plaines russes engloutit toute réponse,
des fenêtres grand ouvertes, résonne un merveilleux piano, se déverse la lumière,
Quelqu’un galope à travers les monts, éclairé par la lune, affleurant la voûte céleste,
A travers l'herbe figée, le long de noirs buissons. Approche la forêt.

Parmi les basses branches étincellera l'émeraude chevalin,
Qui donc se tient à genoux, près des barrages de bièvres, dans l'obscurité, 
Celui qui se regarde soi-même, reflété dans l'eau noire,
Celui-là est revenue vers soi, celui qui chevauchait les monts dans l'obscurité.
Non, ne penses pas, que la vie - est un cercle vicieux de contes sortilèges,
Car,des centaines de monts - d'incroyables croupes de juments,
Desquelles, dans la nuit, mais sous la lumière lunaire, Le long d'alentours endormis,
Nous endormant dans un songe, nous galopons vers le sud, impétueusement. 

Je m'adresse à la nature : ce sont des cavaliers  fonçant vers l'obscurité,
Créant leur monde semblable tout à coup au tien,
Depuis les barrages de bièvres, depuis les feux froid des terrains vagues
Jusqu'aux immenses barrages, jusqu'à la foule muette des lampadaires.  
De toute façon – le retour, De toute façon même au rythme de ballades
Il y une sorte d'élan, il y a une sorte de retour triste,
Même si le Créateur sur ses icônes ne dort ni ne vit,
Apparaît brusquement à travers une cathédrale de pins quelque chose en forme de sabots.

Tu es ma forêt et mon eau, qui  contournera et, qui tel un courant d'air 
Pénètre en toi, qui donc dit et, qui sous-entend,
Celui qui se tient de côté, dont les paumes sur tes épaules,sont posées, 
Celui qui est allongé sur le  dos dans un ruisseau glacé.
Ne s'en va pas involontairement, il ne lui est pas difficile de tout discerner,
Car ce n'est pas la vie, mais une autre sorte de douleur,
Qui se niche en toi et, déjà ne s'entend plus, comme vient le printemps,
Seules les sommets tel le balancier d'un rêve, bruissent inlassablement dans l'obscurité.

Traduction : Sarah P. Struve
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14 septembre 2019 6 14 /09 /septembre /2019 11:05

L'auteur du poème « Если я заболею ~ Esli ia zabaleiou ~ Si je tombe malade, » est Iaroslav Smeliakov. ( 26 décembre 1912, Loutsk ~ 27 novembre 1972, Moscou. ) Smeliakov, fils de cheminot, était poète, traducteur et critique littéraire.

En 1960, Iouri Vizbor, dont StengazetA a déjà publié une traduction, mit le poème en musique. Nombre d'interprètes ont repris cette chanson dont notamment Vladimir Vissotski. Il est à noter, que dans la version de Visbor, la troisième strophe n’apparaît pas. Cependant, le chanteur/compositeur Iouri Chevtchouk, la reprend dans son interprétation, ici.

Voici deux vidéogrammes de cette chanson : le premier reprend l’interprétation de Iouri Vizbor ; le second, celle de Vladimir Vissotski.

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Если я заболею ~ Si je tombe malade
Texte : Iaroslav Smeliakov / Musique Iouri Vizbor

Si je tombe malade,
Aux médecins, je ne voudrais pas m’adresser,
Je m'adresserais à mes camarades
Ne pensez pas que ce soit dans un délire
Faites moi, de la steppe, un lit,
Recouvrer les fenêtres de brouillard
Au chevet, mettez
Une étoile tombée
du ciel,.

J'ai, toujours, foncé devant.
Pour
un enfant de Marie, je ne suis jamais passé.
Si je suis blessé
Dans de terribles et justes combats ;
Bandez moi la tête
D'un
sentier de steppes russes,
Recouvrez-moi
D'une couverture aux couleurs automnales.

Je n'ai nul besoin de poudres, ni de gouttes, frérots,
Que, toujours scintillent les reflets dans le verre à facettes.
L'argent des cascades, le vent chaud des déserts,
Voilà avec quoi, cela vaut le coup de soigner.
L'argent des cascades, le vent chaud des déserts,
Voilà avec quoi, cela vaut le coup de soigner.
 

Depuis les mers et les montagnes
S'exhale la fraîcheur, s’exhalent de vastes étendues.
Suffit de regarder, tu le ressens ;
Les gars, nous vivons éternellement.
Ce n'est pas de mes blessures,
Que je vous
quitte de couloirs en corridors, amis,  
Je pars, camarades,
A travers la féerique Voie lactée.


Traduction Sarah P. Struve

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16 septembre 2018 7 16 /09 /septembre /2018 12:07

Voici un poème de Sergueï Essénine, "Ты меня не любишь, не жалеешь ~ Tu ne m’aimes, ni ne me plains." Essénine écrivit ce poème en 1925, peu avant sa mort. Les biographes ne donnent pas d'indications précises sur le nom de la personne ayant inspiré ce poème. Il existe, cependant, une version, comme quoi Essénine aurait consacré ce poème à Olga Kobtsova.

Essénine fit sa connaissance, à Batoumi, vers la fin de décembre de 1924. Il reste une photo unique de Essénine et Kobtseva.

Lev Povitski se rappelait : «c'était une jeune fille âgée de dix-huit. D'apparence, elle ressemblait à une lycéenne des temps anciens. La jeune fille était érudite, avec des intérêts pour la littérature et,  rencontra Essénine avec grand enthousiasme ». Le peintre K.A.Sokolov, considérait cette passion comme sérieuse. Il lui écrivit de Tiflis, en date du 17 décembre 1924 : «si toute cela vient des profondeurs de ton âme et, que cela te soit indispensable ; je ne peux que vouloir bonheur pour ton âme fatiguée et tourmentée »

~ Dans le premier vidéogramme, le poème est lu par Alexandre Zlichtchev.

~ Dans le second vidéogramme, le poème est chanté par Alexeï Pokrovski.

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Ты меня не любишь, не жалеешь ~ Tu ne m’aimes, ni ne me plains.

Sergueï Essénine ~ Сергей Есенин

 

Tu ne m’aimes, ni ne me plains,
Ne serai-je pas vraiment beau ?
Ne me regardant pas, tu blêmis de passion,
Ayant entouré mes épaules de tes mains.

Jeune femme, au rictus sensuel,
Je suis avec toi,  ni tendre, ni grossier.
Raconte-moi, combien en as-tu caressé ?
De combien de mains, te souviens-tu ?
De combien de lèvres ?

Je sais – Telles des ombres, ils sont passés,
Sans avoir effleuré ton brasier,
Sur les genoux de beaucoup d’entre eux, tu t’asseyais,
Et  maintenant, tu restes assise chez moi.

Que tes yeux soient à demi clos
Et  toi, tu pense à quelqu’un d’autre,
Il est vrai que je ne t’aime pas tant,
Dans l’éloignement d’un être cher, me noyant.

Cette ardeur ne l’appelle pas destinée,
Liaison superficielle et violente.
Comme, par hasard, t’ayant rencontré,
Je sourirai en te quittant, tranquillement

Et toi aussi, tu iras de par ton chemin
Éparpillant  des jours sans joie,
Seulement, de non embrassés, ne touche pas,
Seulement, ceux ne brûlant pas, ne les attire pas à toi.

Et lorsque, le long de la ruelle, avec d’autres
Tu passeras, à propos d’amour, bavardant,
Je sortirai, peut-être, me promener
Et à nouveau, nous nous rencontrerons.

Ayant détourné, vers l’autre, tes épaules, plus prés,
Et t’étant légèrement penchée vers le bas,
Doucement, tu me diras : «  bon soir ! » -
Et je répondrai : « bonsoir, miss.»

Et rien ne dérangera l’âme,
Et rien ne la fera frissonner,
Celui qui a aimé, ne peut plus aimer,
Celui qui a brûlé, celui-là ne pourra plus s’enflammer.

Traduction Sarah P. Struve

(Traduit pour le blog "Pêle mêle")

 

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19 mars 2017 7 19 /03 /mars /2017 09:33

"Утро туманое ~ Outro toumanoie ~ Matin brumeux," est une romance composée par Erast Abaza sur le texte d'un poème d'Ivan tourguniev (1818, Orel – 1883, Bougival - France) "В дороге ~ V dorogué ~ En chemin."

Les frères Abaza étaient des officiers de la garde impériale du régiment de hussard cantonné à Tsarskoe Selo. Tous les trois possédaient parfaitement la guitare, étaient des admirateurs passionnés de chants tziganes, alors à la mode. On racontait que chez les Abaza, toutes les nuits, résonnaient des chansons, le plancher tremblait de danses endiablées et, lors des silences, résonnaient les guitares. Tourgueniev qui fréquentait la maison des frères Abaza, a décrit la création de la romance « (...) Et, il a commencé doucement à chanter les lignes familières. Un accord remplaçait l'autre. Naissait la mélodie. D'abord, à mi-voix, puis de plus en plus fort, tout le chœur Tzigane faisait écho au chanteur. Ainsi, à l'aube d'un matin gelé, est née la mélodie de la romance“ Matin brumeux .” Lorsque a débuté la guerre de Crimée, nombres d'officiers du régiment de la garde, ont intégrés les régiments d'infanterie, afin de pouvoir aller au front. Erast Abaza en faisait partie. Il est tombé au combat lors de la défense de la baie de Sébastopol, le 6 juin 1855.

Voici deux vidéogrammes de cette romance. Sur le premier, elle est interprétée par Boris Chtokolov; sur le second, par Valentina Ponomareva.

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Утро туманое  ~ Matin brumeux
I.Tourgueniev / E. Abaza

Matin brumeux, matin argenté,
Étendues tristes, de neige, enveloppées
Sans le vouloir, tu te souviendras des temps passés,
Tu te souviendras des visages depuis longtemps oubliés...

Tu te rappelleras les propos volubiles, passionnées,
Les regards, si avidement, si humblement saisi,
Les premières rencontres, les derniers instants,
De la douce voix, les sons aimés.

Tu te souviendras de la séparation au sourire étrange,
tu te souviendras tant de ce qui est familier, maintenant éloigné,
En écoutant, des roues, le murmure incessant,
En regardant, d'un air pensif, vers le ciel insensé.
Novembre 1843

Traduction : Sarah P. Struve.

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8 mai 2014 4 08 /05 /mai /2014 13:04

"Хотят ли русские войны ~  Khotiat li rousskiè voïny ~ Les Russes veulent-ils la guerre" est une chanson qui résonna pour la première fois en 1961 dans une interprétation de Mark Bernes. L’auteur en est Evgueni Evtouchenko, poète russe et prosateur, né en 1932. L’idée d’écrire une chanson dans laquelle s’exprimerait une protestation contre la guerre et un appel à la paix, Evtouchenko l’a eu pour la première fois à l’automne de cette année-là, lors de l’un de ses voyages à l’étranger en raison de ce que souvent lors de ses tournées en Europe occidentale et aux États-Unis, cette même et unique question résonnait: "les Russes veulent-ils la guerre ?" A son retour en Russie. Evtouchenko montre son poème au compositeur Édouard Kolmanovski (1923 - 1994.) Une première version de cette chanson ne plût pas à Mark Bernes, qui était pressenti pour l’interpréter, après quoi Kolmanovski écrivit une nouvelle version musicale, qui est devenue la musique définitive de cette chanson.

Voici un vidéogramme en forme de mémorial, trouvé sur la page Youtube de Mirana Monako. Sur la voie de Mark Bernes, cette vidéo reprend des images d’archives décrivant l’occupation allemande et nazie de l’Ukraine; les défilés nationaux-socialistes dans l’ouest de l’Ukraine comme à Lvov (Lviv), Baby Yar dans la banlieue de Kiev, les camps de concentration libérés par l’armée Rouge, les pendaisons à Kharkov et la destruction de Donetsk, le massacre de Khatyne, en Biélorussie, où, comme de nos jours à Odessa, le feu fut utilisé comme arme de meurtre de masse. Enfin, la rencontre sur l’Elbe des troupes soviétiques et américaines. 

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Хотят ли русские войны ~  Les russes veulent-ils la guerre
Texte: Evgueni Evtouchenko  ~ musique Edouard  Kolmanovski 

Les Russes veulent-ils la guerre.
Demandez-le à la silencité des labours et des champs
Aux peupliers, aux bouleaux,
Demandez-le à ces soldats,
Dormant sous les bouleaux,
Leurs fils vous répondront
Les Russes veulent-ils, les Russes veulent-ils;
Les Russes veulent-ils la guerre.


les soldats mouraient  durant cette guerre;
Non seulement pour leur pays
Mais pour que les gens de toute la terre
Puissent dormir tranquillement la nuit.
Demandez-le à ceux qui combattaient;
Ceux qui sur l’Elbe nous enlaçaient;
Nous restons fidèles à cette mémoire.
Les Russes veulent-ils, les Russes veulent-ils,
Les Russes veulent-ils la guerre.

Oui, nous savons combattre,
Mais ne voulons pas, qu’à nouveau,
Des soldats tombent au combat
Sur leur terre amère.
Demandez-le aux mères,
demandez-le à ma mie,
Et alors, vous comprendrez
Les Russes veulent-ils, les Russes veulent-ils;
Les Russes veulent-ils la guerre.

Le comprendront, le pécheur, et le docker,
L'ouvrier et le  métayer,
Les peuples de chaque pays;
Les Russes veulent-ils, les Russes veulent-ils,
Les Russes veulent-ils la guerre.

Traduction: sarah P. Struve.

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15 mars 2014 6 15 /03 /mars /2014 06:00

"Над окошком месяц  ~Nad okochkam mecïats ~ Au-dessus de la fenêtre le croissant de lune."  est  une rchanson populaire russe, sur un poème de Sergueï Essenine (1895 –1925) poème qu’il écrivit en août 1925, quelques mois avant sa mort.

FrankelC’est le compositeur soviétique  Yan Frenkel, originaire d’une famille Ashkenaz de Kiev, décédé en 1989 à Riga, et qui repose au cimetière de Novodivitchi de Moscou ,  qui en composa la musique pour le film "Корона Российской империи ~ korona Rossiisskoï imperii ~ La couronne de l’Empire russe" sorti en 1971.

Frankel a composé nombre de musiques et de chansons de films. il écrivit, parallèlement, les musiques des chansons de nombreux chanteurs soviétiques célèbres, telle Ludmila Zykina.

Essenine-Topol.jpgVoici deux vidéogrammes pour illustrer cette chanson.
Dans le premier,
elle est interprétée Par le cœur académique d’Etat de Riazan et L'orchestre symphonique de Riazan sur un arrangement musical  d'Evgueni Papov.
Dans le second  vidéogramme, 
sur un montage de "pustinnik50" on peut entendre la bande son originale du film avec l’interprétation de l’acteur Vladimir Ivachov (1935 ~1995.).

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Над окошком месяц  / Au-dessus de la fenêtre le croissant de lune
Paroles : S. Essenine  ~ Musique Y. Frankel

Au-dessus de la fenêtre le croissant de lune, sous la fenêtre le vent.
Un peuplier dénudé, clair  et argenté.
Le pleure lointain d’un accordéon, voix esseulée,

Si familier et tellement  éloigné.
Le pleure lointain de l’accordéon, voix esseulée.

Si familier et tellement  éloigné.

Pleure et rit la chanson téméraire.
Où est tu mon tilleul ? Tilleul séculaire ?

Moi-même, aux aurores,  les jours de fête, il fut un temps,
Mon accordéon déployé, je m’en allai voir mon aimée.

Pour mon aimée, je ne représente plus rien, maintenant.
Je  pleure et rit au son d’une chanson étrangère.

Au-dessus de la fenêtre le croissant de lune, sous la fenêtre le vent.
Un peuplier dénudé, clair  et argenté.

Au-dessus de la fenêtre le croissant de lune, sous la fenêtre le vent.
Un peuplier dénudé, clair  et argenté.

Août 1925

Traduction : Sarah P. Struve.

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  • : STENGAZETA - ПАРИЖСКАЯ СТЕНГАЗЕТА
  • : Le mot « Stengazeta » est un acronyme voulant dire « journal mural ». Stengazeta de Paris publie des traductions de chansons russes contemporaines et/ou populaires, ainsi que des articles d'opinions. Il m’a semblé utile, de faire percevoir à travers ce blog, la Russie et ses cultures, hors du prisme propagandiste et réducteur que véhiculent les pouvoirs politiques, économiques & médiatiques occidentaux. S. P Struve
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