On appelait parfois ce chant de déportés du temps de l’URSS, l’hymne des prisonniers de la Kolyma. La date exacte de la création de ce chant n’est pas précisément connue. A. Morozov, un ancien déporté affirme l’avoir entendu à l’automne 1947, et le date des années 46-47. La construction du port de Vanino fut terminée en juin 45.
La paternité de cette chanson fut attribuée à nombre d’auteurs dont N. Zabolotsky, B. Routchïov ou Boris Kornilov. A. Birïoukov, un spécialiste de la littérature de la région de Magadan affirme que l’auteur serait Konstantin K. Sarakhanov.
Cette chanson porte le nom du port du village de Vanino qui se situe au bord du pacifique. Ce port fut un lieu de transit pour les prisonniers envoyés à la Kolyma. Les prisonniers arrivaient à la Station de Vanino pour être chargés sur les vapeurs en partance vers Magadan, centre administratif du « Dalstroï ». Le terme « zek –Зек » est une abreviation du mot prisonnier qui se dit en russe «Заключённый - zaklioutcheny »
la traduction reprend la version contemporaine de ce chant, qui ne correspond pas exactement au texte que chante ici Tatiana Kabanova dans un enregistrement datant de 1985.
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Ванинский порт / Le port de Vanino
Chanson de prisonniers
Je me rappelle le port de Vanino
Et, des paquebots, le morose mugissement,
Comme nous montions, par la passerelle, à bord
Dans de froides et sombres cales.
Sur la mer descendait le brouillard,
Hurlaient déchainés, les éléments.
S’étendait devant nous, Magadan,
Capitale du pays de la Kolyma.
C’était un cri plaintif et non un chant,
Qui, de chaque poitrine, s’échappait.
« Adieux pour toujours, continent ! »
Le navire surchargé, râlait.
Les zeks, tanguant, gémissant
Tels des frères s’enlaçaient,
Et seulement, parfois s’échappaient
Des bouches, de sourdes imprécations.
Soit maudite toi, la Kolyma,
Que l’on nomme, la planète enchantée.
Tu deviendras fou, forcément,
D'ici, de retour, il n’y en a pas.
Cinq cents kilomètres alentour, la taïga.
Dans cette taïga il n’y a que bêtes sauvages.
Les voitures ne vont pas par là-bas.
Se trainent, trébuchant, des élans.
Ici la mort et le scorbut, se sont liés d'amitié,
Les infirmeries sont pleines à craquer.
Inutilement pour ce printemps,
J'attends une réponse de mon aimée.
Je sais, tu ne m'attends pas
Et mes lettres, tu ne les lis pas,
A ma rencontre, tu ne viendras pas,
Mais si tu viens, tu ne me reconnaitras pas …
Adieu ma femme, Adieu mère!
Adieu vous, mes bons enfants.
Assurément, boire cul sec, il me faudra,
De ce monde, la coupe amère !
Traduction : Sarah P. Struve
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