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31 octobre 2013 4 31 /10 /octobre /2013 11:40

"Позабыт-позаброшен ~ Pozabyt pozabrochen ~ Oublié, abandonné" est une chanson populaire russe dont les auteurs sont inconnus. La chanson a de multiples versions, chacun chantant sa version sur des mots oubliés.  Il est vrai, qu’une source dit que l'écrivain Vadim Saphonov affirme dans son livre "Гранит и синь ~ Granit i Sin' " publié en 1979,  qu'il a écrit cette chanson durant les années de guerre civile, lorsque enfant, il vagabondait de par la Russie. Il semble impossible d'affirmer ou non la véracité des dires de Saphonov. Cependant, il semble que cette chanson soit apparue un peu avant, encore dans la Russie impériale, que sa popularité est venue peu à peu en lien avec les évènements révolutionnaires et surtout la guerre civile qui s’ensuivie. Elle était particulièrement rependue dans ses différentes variantes parmi les enfants-vagabonds les "Bezprizorniki" littéralement "sans surveillance" durant les années 20 et 30 du siècle dernier. Ces enfants-vagabonds se comptaient par centaines de milliers, sinon par millions, à travers toute la Russie ravagée par la guerre civile.

" Oublié, abandonné" a été chantée dans le premier film sonore fait en U.R.S.S.  "Le chemin de la vie" (1931) contribuant aussi à sa popularité. Pendant et après la Deuxième Guerre mondiale, la chanson est revenue de nouveau dans la rue. À cette époque, il y avait beaucoup d'orphelins sans foyer  - leurs maisons ayant brûlé, leurs parents, morts ou disparus - ces adolescents errants faisaient  l’aumône, en chantant des chansons.
 

Pour ma part, j'ai entendu cette chanson dès mon plus jeune âge ; le beau-père de ma mère, pour moi, c'était mon grand-père ; Guèorgui Pavlovitch Sleptsov, un autodidacte musical de génie, la jouait au piano et la chantait de sa voix de velours. Cette chanson était pour lui de l’ordre du vécu : Lui-même, enfant originaire du kraï de Stavropol, s’était retrouvé à l’âge de huit ans, durant la guerre civile, à vagabonder à travers le sud de la Russie, jusqu'à ce qu’un officier « l’adopte » et qu’il rejoigne l’Europe avec les restes de l’armée blanche, pour s’installer finalement à Paris où il rencontra ma grand-mère maternelle de beaucoup plus âgée que lui. Il vécut avec elle jusqu’à la mort de celle-ci. De cette voix magnifique, malheureusement, il n’a été fait aucun enregistrement.

    - La première vidéo est celle de l’interprétation d’Oleg Pogoudine. Je l’ai choisie, car la voix de Pagoudine semble la plus proche de celle de Gueorgui Sleptsov, bien que pour moi, la voix de mon grand-père fut incomparable.

  - Le deuxième vidéogramme est issu de ce premier film sonore soviétique : «Путевка в жизень ~ Poutiovka v jyzen’ ~ Le chemin de la vie »

________________

Позабыт-позаброшен / Oublié, abandonné

Chanson de rue   

Là-bas, dans le jardin, auprès de la vallée,
Un rossignol assourdissant chantait,
Et moi, le gamin perdu à l'étranger,

Des gens, j’ai été oublié.

Oublié, abandonné,
Depuis mes jeunes années

Et moi, le gamin, l’orphelin,
De bonheur, je n’en ai point.

Je ne suis pas des leurs, à l'étranger
Et je vis sans famille,

Et de coin familier,
Nulle part, je ne trouverai.

Voilà que j’ai trouvé un abri
Mais, ce n’est pas plus mon pays,

Derrière les barreaux d’une maison de correction,
Derrière des murs de briques.

Ils m’ont amené, ils m’ont enfermé,
Et moi je pensai qu’ils plaisantaient

Et au matin ils m’ont annoncé :
Tu seras fusillé.

Voila qu’ils me tueront, je serai enterré,
Et je disparaîtrai,

Et personne ne saura,
Où ma tombe se trouvera.

Sur la tombe, sur la mienne,
Personne ne viendra,

Seule annonçant le printemps,
Le
rossignol chantera.

Il chantera, gazouillera,
Et de nouveau s’envolera,

Et ma pauvre petite tombe,
Solitaire
restera.

Chez les autres, sur leurs tombes
Il y a toujours des fleurs et des couronnes;

Chez moi, chez l’orphelin,
Que des souches desséchées.

Là-bas, dans le jardin, dans la vallée,
Un rossignol assourdissant chantait,

Et moi, le gamin, perdu à l'étranger,
Des gens, je suis oublié.

 Traduction: Sarah P. Struve
Памяти Георгия Павловича Слепцова.

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3 mai 2012 4 03 /05 /mai /2012 21:45

Dans la nuit du huit au neuf mai 1945, il y a 67 ans de cela, était signée la capitulation de l’Allemagne nazie. Le fascisme semblait terrassé pour toujours. Les soldats, ceux qui avaient survécu, pouvaient penser à rentrer bientôt chez eux. Parmi ces soldats, il y avait Alexeï Fatianov, l’auteur du texte de cette chanson.

fatianov.jpgAlexeï Fatianov (1919 – 1959), est issue d’une famille d’importants commerçants de la ville de Viazniki dans l’oblast de Vladimir. En 1937 après avoir suivi les cours de l’acteur et metteur en scène Alekseï Dikiy, il intègre en tant qu’élève l'école d'art dramatique du théâtre Central de l'Armée rouge. À partir de 1940 il joue dans les spectacles de l’ensemble de la région militaire d’Orlov. En juin 1941, après l’invasion de l’URSS, l’ensemble rejoint le front. Fatianov y sera blessé. En 1943 il intègre un bataillon disciplinaire. Il sera blessé une deuxième fois lors des combats pour la libération de la Hongrie.

Fatianov est l’auteur de nombreuses chansons d’après guerre, sa poésie est faite de mots simples et essentiels. Outre le fait d’être poète, il chantait, jouait du piano et de l’accordéon. Décédé brutalement à l’age de 40 ans, il repose au cimetière de Vagankovo à Moscou.

Vassili Soloviov-Sedoï (1907 – 1979)  l’auteur de la musique, est un célèbre compositeur soviétique, auteur, entre autre,solviov sidoi de la musique de la chanson « les nuits de Moscou » plus connue en France sous le titre « le temps du muguet. » Les parents de Solovïov-Sedoï étaient d’origine paysanne. Sa mère originaire de la région de Pskov, connaissait nombres de chansons populaires russes et, aimait à les chanter. Ce sont ces chansons qui jouèrent un rôle déterminant dans la structuration musicale du futur compositeur.

Solovïov-Sedoï, auteur de nombreuses chansons populaires, ainsi que de musiques de film, a été récompensé de plusieurs titres honorifiques et décorations.

Voici deux vidéogrammes de cette chanson. Sur le premier, dénichée sur le net, sur fond de photos tirées de film et d’archive, c’est Olga Arefeeva qui en est l’interprète. Olga Arefeeva est née dans l’Oural en 1966. Après deux années d’études à la faculté de physique, elle intègre l’école musicale Tchaïkovski de Sverdlovsk. Arefeeva est l’auteur interprète de plus de trois cents titres dont les sonorités vont du reggae à la balade , elle est par ailleurs écrivain.
Le second vidéogramme et celui de la très belle interprétation faite par Oleg Pogoudine et Evgueni Dïatlov lors d’un concert à Saint-Pétersbourg le 17 décembre 1999.
Diatlov est né en 1963 en extrême orient russe à Khabarovsk, il est acteur, chanteur et musicien.
Pogoudine, dont Stengazeta a déjà publié une interprétation, est né en 1968 à Leningrad et est un chanteur, acteur. Il a joué dans plusieurs films musicaux. Depuis 2007 il enseigne la musique à l’Académie des arts du théâtre de Saint-Pétersbourg.

Saint george

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Давно мы дома не были/ Il y a longtemps que nous n’avons été à la maison
Musique : V. Soloviov-Sedoï – paroles : A. Fatianov (1945)

Se consume la mèche de la chandelle,
Gronde le combat proche.
Verse-nous, l’ami, un godet,                   
De ceux que l’on sert au front,
Verse-nous, l’ami, un godet
De ceux que l’on sert au front,
Sans perdre inutilement notre temps,
Ensemble, nous parlerons.
Sans perdre inutilement notre  temps,
Amicalement et simplement,
Ensemble, nous parlerons.

Il y a longtemps que nous n’avons été à la maison…
Là où il y a des sapins,
Cela fait combien d’années que nos beautés
Se promènent sans garçons.
Cela fait combien d’années que nos beautés
Se promènent sans garçons.
Il semble aux filles, que sans nous,
Les étoiles ne flamboient plus.
Il semble aux filles, que sans nous,
Se couvre de suie, le croissant de lune
Et que les étoiles ne flamboient plus.

À quoi leur servent, les aubes précaires
Si les gars sont à la guerre,
En Germanie, en Germanie,
Dans un lointain pays.
En Germanie, en Germanie,
Dans un lointain pays.
Envole-toi, rêve de soldat
Et souviens-toi de moi.
Envole-toi, rêve de soldat,
Vers la  fille la plus tendre
Et souviens-toi de moi.

Il y a longtemps que nous n’avons été à la maison…
Fleurie le sapin familier,
Comme dans un conte irréel
Au bout du monde.
Comme dans un conte irréel
Au bout du monde.
Sur lui, les aiguilles sont neuves,
Sur lui, les aiguilles sont de miel.
Sur lui, les aiguilles sont neuves,
Et les pommes de pin,
Sur lui, sont de miel.

Où donc se répandent  les aiguilles des pins,
Où sont donc les sapins,
Cela fait combien d’années que nos beautés
Se promènent sans garçons
À quoi leur servent, les aubes précaires
Si les gars sont à la guerre,
En Germanie, en Germanie,
Dans un lointain pays.

Se consume la mèche de la chandelle.
Gronde le combat proche.
Verse-nous, l’ami, un godet,
De ceux que l’on sert au front;

Traduction : Sarah P. Struve

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22 mars 2009 7 22 /03 /mars /2009 08:06

Au tout début de la guerre russo-japonaise (1904-05) le croiseur "Varïag" (Le Varègue) et la canonnière "Korietz" (le Coréen) se trouvaient dans le port neutre coréen de «Chemulpo» des navires de guerres anglais, français et américains y étaient à l’ancre également. Le 8 février (26 janvier d’après l’ancien calendrier) 1904 l’escadre japonaise du contre amiral Ouriou, bloqua le port dans le but d’empêcher le débarquement de troupes russes et l'intervention du croiseur "Varïag." Ce même jour la canonnière "Korietz" pris le cap sur Port Arthur, mais à la sortie du port fut attaqué, suite à quoi elle revint mouiller dans la rade. Le 27 janvier (9 février) le capitaine du "Varïag" Vsevolod Fédorovitch Roudnev reçut un ultimatum du contre amiral japonais. Roudnev l’ignora, et décida de forcer le blocus et de combattre près de Port Arthur, et en cas d’insuccès de saborder les navires. À la mi-journée le "Varïag" et le "Korietz" sortirent de la rade de Chemulpo pour affronter leurs destins. Les capitaines des vaisseaux étrangers présents, n’attendaient pas de la part du croiseur russe une telle attitude. Ils furent surpris, et en même temps ébahis par une tel courage. Les navires anglais et français, au passage du "Varïag" firent jouer leurs orchestres. Les capitaines des navires présents, rendirent les honneurs aux marins russes. A une distance de 10 miles de la rade, les navires rencontrèrent l’escadre japonaise en position derrière l’île d’Ïodolmi. L’amiral japonais proposa aux navires russes de se rendre, mais ne recevant aucune réponse, il fit ouvrir le feu. Ce combat inégal dura 50 minutes. Le "Varïag" coulât un dragueur de mines et quatre croiseurs japonais furent endommagés. Le "Varïag" reçut cinq blessures sous la ligne de flottaison, et pratiquement tous ses canons furent détruits. Un officier et 30 matelots furent tués, 6 officiers et 185 marins furent blessés. Il n’y eu pas de perte sur le "Korietz" Les deux vaisseaux rentrèrent au port, où ils furent sabordés. Le "Varïag" fut coulé, et on fit exploser le "Korietz." Leurs équipages furent recueillis par les navires des flottes étrangères.

L’exploit du "Varïag" émerveilla même l’ennemi, qui considéra que les marins Russes s’étaient comportés selon les canons de « l’honneur Samouraï » Les Japonais utilisèrent cet exploit dans des buts propagandistes, comme un exemple à imiter. Après la fin de la guerre, le gouvernement japonais créa à Séoul un musé à la mémoire des héros du "Varïag."

16 jours après la fin du "Varïag" et du "Korietz", dans le journal « Rus’ » sous la signature de Iakovlev Repninsky fut publié un poème « Varïag (Bouillonnent les vagues froides).» Plus tard, V.Benevsky ; chef de chœur de la cathédrale de l’icône de la sainte vierge de Riazan, de Stavropol, composa la mélodie de ce chant.

- Sur le premier vidéogramme, le texte est interprété par Oleg Pogoudine lors d’une soirée avec les cadets de l’institut F. E. Dzerzhinski de saint-Pétersbourg, en 1998.

- Le deuxième vidéogramme datant de 1990, reprend l'interprétation de l'Ensemble de chants et de dances de la flotte de la mer Noire.

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Плещут холодные волны

Bouillonnent les vagues froides

Bouillonnent les vagues froides,
Se brisant contre la berge marine,
Les mouettes s’élancent au dessus de la mer,
Leur cri est plein de tristesse.
Les mouettes s’élancent au dessus de la mer,
Leur cri est plein de tristesse.

Là-bas, au milieu de la mer grondante,
Tournoie l’étendard de Saint André.
Se bat en un combat inégal,
Le beau et fier "Varïag."
Se bat en un combat inégal,
Le beau et fier "Varïag."

Le grand mat est brisé,
Le blindage transpercé,
Se bat courageusement l’équipage,
Avec la mer, le feu et l’ennemi.
Se bat courageusement l’équipage,
Avec la mer, le feu et l’ennemi.

Mouettes, au monde entier,
Transmettez cette triste nouvelle;
Que nous ne nous sommes pas rendu à l’ennemi,
Sommes tombés pour l’honneur russe.
Que nous ne nous sommes pas rendu à l’ennemi,
Sommes tombés pour l’honneur russe.

Devant l’ennemi, n’avons pas abaissé,
Le glorieux drapeau de Saint André !
Avons fait sauter le "Korietz"
Le "Varïag" fut coulé par nous même.
Avons fait sauter le "Korietz"
Le "Varïag" fut coulé par nous même.

Bouillonnent les vagues froides,
Se brisant contre la berge marine,
Les mouettes s’élancent vers la Russie,
Leur cri est plein de tristesse.
Les mouettes s’élancent vers la Russie,
Leur cri est plein de tristesse.

Traduction : Sarah P. Struve.

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  • : STENGAZETA - ПАРИЖСКАЯ СТЕНГАЗЕТА
  • : Le mot « Stengazeta » est un acronyme voulant dire « journal mural ». Stengazeta de Paris publie des traductions de chansons russes contemporaines et/ou populaires, ainsi que des articles d'opinions. Il m’a semblé utile, de faire percevoir à travers ce blog, la Russie et ses cultures, hors du prisme propagandiste et réducteur que véhiculent les pouvoirs politiques, économiques & médiatiques occidentaux. S. P Struve
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