Sur la bande magnétique d’un mauvais enregistrement, apparu par on ne sait quel miracle, au creux des années soixante du siècle passé, ; la chanson de « La déesse komsomole», suivait la chanson « Marche sentimentale ». Il fallait parfois faire un effort, afin de discerner dans la voix d’Okoudjava déformée à force de copies, . On devinait plus que l’on ne comprenait les paroles, l’imagination faisait le reste… Les boulangeries parisiennes, se trouvant souvent par un hasard , elle aussi, à l’angle d’une rue; les jours d’été venteux, devenaient involontairement, les vortexs de celle-ci et, une fois les portes franchies au son du carillon, on se retrouvait propulsé magiquement dans le Moscou des années de guerre...
Комсомольская богиня
La déesse komsomole
B. Okoudjava (1958)
Je regarde une photographie :
Deux nattes, un regard sévère.
Un blouson de garçon,
Et, tout autour, les amis.
Derrière la fenêtre, toujours, la pluie tinte:
Là-bas, dehors, c’est l’intempérie.
Et, d’un geste habituel les doigts fins
Ont effleurés l’étui du révolver.
Voila, bientôt elle abandonnera sa maison,
Bientôt, tout autour, les combats éclateront,
Mais la déesse komsomole…
Oh, frérots, c’est autre chose ! (bis)
A l’angle, prés de la vieille boulangerie,
Là, où l’été balaie la poussière.
En T-shirt bleu clair,
S’avance, la petite komsomole.
Sa natte a été coupée,
Elle traine chez le coiffeur
Et, juste une boucle rousse,
Tremble sur sa tempe.
Et on ne voit pas la couleur d’un Bon Dieu,
Seulement, le tonnerre tout autour.
Mais la déesse komsomole…
Oh, frérots, c’est autre chose ! (bis)
Traduction: Sarah P. Struve
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