Cette chanson fut créée en 1900 sur les bases d'une romance populaire du temps de la guerre de Crimée (1853-56) « "Послебитвы – Posli bitvy – Après la bataille » romance qui fut très populaire parmi les marins de la flotte russe. Le sujet de « La mer s'étend à l'infini » est nouveau et non lié à celui de la romance. Le texte officiel de la chanson est du poète, G. D. Zoubarev.
Voici deux vidéogrammes. Le premier est interprété par Léonid Outiossov, le second par Iouri Chevtchouk. Le vidéogramme où la chanson est interprétée par Outiossov est issue du film "Двакорабля –Dva koroblia – Deux navires" datant de 1937. Léonid Outiossov racontait qu'il connaissait cette chanson et la chantait déjà du temps de son enfance odessite, qu'elle était particulièrement populaire à la veille de la révolution de 1905.
La traduction commise ici, n'est pas exhaustive. Elle reprend les couplets chantés tant par l'un que par l'autre. Iouri Chevtchouk s'étant inspiré des multiples variantes du texte original.
La mer s’étend à l'infini,
Et les vagues bouillonnent dans le lointain …
Camarade, nous partons vers le large,
Très loin de notre terre.
On n’entend pas de chants sur le pont,
Et la mer rouge gronde,
Le rivage est aride et abrupte,
A peine tu t'en souviens, lecœur en est douloureux.
« Camarade, je n’ai plus la force de tenir mon quart,
Dit un machiniste à son collègue machiniste,
Le feu dans l’âtre, va complètement se consumer,
Les chaudières ne retiennent déjà plus la vapeur.
Il n’y a pas de vent aujourd’hui, je ne tiens plus debout,
L’eau est brûlante, on étouffe, il fait trop chaud,
La température est montée jusqu’à 45°,
Toute La chaufferie est sans un souffle d’air.
Vas dire, que je suis malade,
Et n'ayant pu terminer mon quart, je l’abandonne,
Couvert de sueur, de fièvre, je succombe,
Travailler, je n’ai plus la force, je meurs ! »
Le camarade parti… Il attrapa une pelle,
Rassemblant ses dernières forces,
D’une bourrade, il ouvrit la porte de la chaudière,
Et les flammes l’illuminèrent.
Ayant terminé de charger, il s’abreuva d’eau,
De l’eau dessalée et trouble,
De son visage dégoulinaient de la sueur et de la suie,
Il entendit les paroles du mécanicien:
« Tu ne peux quitter ton quart sans l'avoir terminé,
Le mécanicien n’est pas contant de toi ;
Tu dois aller chez le médecin, et lui parler,
Il te donnera un médicament, si tu es malade ! »
Perdant connaissance, Il sortit sur le pont,
Devant ses yeux tout se brouillait...
L'éclaire d'un instant, il vit une lumière aveuglante...
Il tomba... le cœur ne battait plus...
Toute la nuit, le défunt est resté à l’infirmerie
Habillé de sa tenue de marin,
Dans ses mains, il y avait un cierge,
La cire réchauffée par la flamme, s’écoulait…
Au matin, sont venu lui faire leurs adieux,
Les matelots, amis du machiniste,
Lui apportant un dernier cadeau,
Une lourde grille rouillée, à moitié brûlée.
On attacha la grille à ses pieds,
Dans un méchant drap, on l’enveloppa,
Vint le vieil aumônier du bateau,
Et, chez beaucoup, des larmes brillèrent…
L’océan était silencieux et immobile à cet instant,
Tel un miroir, les eaux brillaient,
Les officiers et le capitaine sont apparus,
On chanta « mémoire éternelle … »
La petite vieille attend son fils pour rien,
On le lui dira, elle éclatera en sanglots…
Et les vagues courent de l’hélice à la poupe
Et leurs traces se perdent au loin.
:
Le mot « Stengazeta » est un acronyme voulant dire « journal mural ». Stengazeta de Paris publie des traductions de chansons russes contemporaines et/ou populaires, ainsi que des articles d'opinions.
Il m’a semblé utile, de faire percevoir à travers ce blog, la Russie et ses cultures, hors du prisme propagandiste et réducteur que véhiculent les pouvoirs politiques, économiques & médiatiques occidentaux.
S. P Struve