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23 juillet 2013 2 23 /07 /juillet /2013 11:07

« Уходили мы из Крыма ~ Ukhodili my iz Kryma ~ Nous quittions la Crimée » est une romance dont le texte a été écrit à la fin des années 20 du XX° siècle par un jeune officier cosaque, ayant immigré à la fin de la guerre civile; Nikolaï Touroveroff (1899  Oblast' de Rostov - 1972 Paris). Voici ce qu’en dit Natalia Beliakova sur le site « Росийское казачество ~ Rossiiskoe kazatchestvo ~ Cosaques de Russie »
Touroverov.jpg « Essenine du Don,»  « chantre des cosaques de Russie » - Longtemps, ces appréciations flatteuses du talant de Nikolaï Touroveroff, ne raisonnaient qu’à l’étranger. Et si « le poète en Russie, est plus qu’un poète, » il est alors difficile d’estimer le rôle de ce cosaque du Don dans la vie de ceux qui durent se retrouver dans une émigration obligée et douloureuse.

Un rassembleur infatigable de l’héritage cosaque et un gardien dévoué de ses traditions, symbole pour l’européen, du cosaque russe; Voilà seulement quelques traits du portrait de Nikolaï Touroveroff, qui a su dans sa créativité, refondre sa douleur personnelle en un âpre élixir dilué de larmes, des traditions ethniques et de la fierté cosaque.
En novembre 1920, lorsque dans la rade de Sébastopol, on porta à bord d’un bâtiment, le lieutenant du régiment Ataman, gravement blessé, accompagné de son épouse et de son frère cadet, il était l’un des derniers cosaques des cinquante mille du corps du Don du général Vrangel, à embarquer. Savait-il qu’il voyait sa patrie pour la dernière fois ?
Nikolaï Touroveroff va continuellement revenir dans sa poésie, au tragisme de l’exode des gardes-blancs. La Crimée fut un tournant non seulement pour sa destinée d’homme, mais également pour sa créativité. Pour ce jeune officier à peine sortie de l’école des cadets du régiment Ataman, de ne pas tomber dans un désespoir sans fond, l’aida le désir de mettre en rimes, de conserver pour les contemporains et, peut-être aussi, pour leurs descendants, ce qui s’appelle « mémoire nationale. » Se sauvant par sa créativité, par elle, il exaltait aussi les autres. A l’étranger, il subsistait, faisant les emplois les plus obscures, d’abord en Serbie, puis en France.

Engagé dans la légion étrangère, il combattra l’envahisseur fasciste en Afrique du nord.

En 1928, Touroveroff présente son premier recueil de poésie sous un nom simple et contenant : "Путь ~ Pout’ ~ La voie" Dans ce recueil, il y avait des textes sur cette déchirure fatale, que fut la Crimée, pour les blancs (dont le texte de "Nous quittions la Crimée".»)IzkhodLe poème - ironie du destin - sans le nom de l’auteur, était également populaire dans la Russie soviétique et le thème sur l’adieu d’un officier de la garde blanche à sa monture, a même trouvé un reflet au cinéma : En 1988, sort sur les écrans : «Служили два товарища ~ Slougyli dva tovarichtchia ~ Deux camarades, servaient » Le héros du film ;  Broussentsov (interprété par Vladimir Vissotski) n’arrive finalement pas à abattre son cheval, préférant se tirer une balle dans la tempe.»

Voici un vidéogramme où Alexandre Smyrnov interprète cette romance qu'il a lui-même mis en musique. 

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Уходили мы из Крыма / Nous quittions la Crimée

 Nikolaï Touroveroff 

Nous quittions la Crimée
Au milieu du feu et de la fumée,
Depuis la poupe, en visant mal,

Je tirais sur mon cheval.

Et lui, il nageait, n’en pouvant plus,
Derrière la poupe élevée,

Ne sachant pas, ne croyant toujours pas
Que, ses derniers adieux, il me faisait.

Combien de fois, une seule sépulture,

Dans les combats, nous était  destinée.
Perdant ses forces, mon coursier nageait

Toujours, croyant en ma fidélité.

Mon ordonnance ne tirait pas à côté,

L’eau avait rougie légèrement…
La côte de la Crimée s’éloignant,

Jamais,  je ne pourrai l’oublier.

Traduction : Sarah P. Struve

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20 juin 2013 4 20 /06 /juin /2013 19:42

Il y a 72 ans  de cela, Le 22 juin 1941, les troupes hitlériennes  attaquèrent le territoire soviétique,  Les peuples d’Union  Soviétiques se levèrent en masse et finir, après de meurtriers combats, par  raccompagner  l’envahisseur nazis chez lui. En souvenir de tous les anciens combattants qui participèrent à cette délivrance, voici  une chanson: "Спой ты мне про войну ~ Spoï ty mne pro boïnou ~ Chante-moi sur la guerre," qui fut écrite pour un film en deux épisode de 1966  du réalisateur Alexeï Guerman  "Рабочий поселок ~Rabotchii posiolok ~ La cité ouvrière."  Ce film parle du retour difficile des combattants chez eux et comme la solidarité entre anciens frères d’armes peut redonner espoir et vie à ceux qui furent mutilés durant la guerre.
L’auteur du texte de la chanson est le poète et scénariste, Guennadi Chpalikov. La musique fut écrite par le  compositeur Isaak Schwarz.
Au début  de cette chanson, il est question de l’épouse du soldat. « L’épouse du soldat » est une expression populaire pour designer  le fusil du soldat et, également les compagnes de guerre qu'avaient certains militaires. 

Todorovskiy copier

La chanson est interprétée sur ce vidéogramme par Piotr Todorovski décédé le 24 mai 2013, réalisateur, operateur, scénariste et compositeur ;  il fut également, à partir de 1944, commandant d'une section de grenadiers.  il est accompagné par le chanteur  Garik Sukhatchev déjà présenté par  SengazetA.

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Спой ты мне про войну / Chante-moi la guerre
Isaak Schwarz ~ Guennadi Chpalikov

Chante-moi la guerre,
A propos de l’épouse du soldat,
Moi, les camarades tués,
Je les commémorerai, comme je pourrais.
Toi, Sergueï, de l’autre côté de la Volga, on t’a enterré,
On t'a installé une étoile en contreplaqué.
Mon frère ainé, en Ukraine, fut tué
En quarante et un, quarante et amère année.

Chante-moi la guerre,
Sur ceux qui furent en captivité.
Moi, les camarades tués,
Je les commémorai comme je pourrais.
Ceux n’ayant pas donnés de nouvelles, les portés disparus,
Et, durant la guerre, combien ont disparu !
Tous les gars, les gars n’ayant pas trahi la Russie.
Comme je peux, comme je peux, je les commémorerai.

Chante-moi  la guerre,
à propos du pays soviétique,
Il y a beaucoup de pays au monde,
Pour un seul, je me porte garant.

Il m'a appris, gamin,
Le difficile labeur des champs,
Et à gagner durement mon pain

Tu es seule, seule pour tous, ma Russie
Mon espoir, ma défense, mon destin.


Traduction : Sarah P. Struve

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14 mai 2013 2 14 /05 /mai /2013 17:45

"Эта женщина ! – Eta genshtchina ! - Cette femme !" est une chanson du barde Boulat Okoudjava. Elle fait partie du cycle des chansons sur l’amour. Voilà ce qu’en dit l’auteur :

"... Le thème de nombre de mes chansons-poésies, c’est l’amour. Longtemps, chez nous, on ne chantait pas à propos de l’amour et, pour certains, il y avait même quelque chose de douteux dans le mot  même de "femme." En raison de mon refus de cette bigoterie puritaine, je me suis décidé à chanter la  femme comme sacrée, de tomber à genoux devant elle.  Je dois reconnaître que là, l’ironie m’a fait défaut. Et si je me moquai, ce n’était que de moi-même, ainsi que des héros de ces chansons, qui reflétaient l’impuissance et la malchance des hommes…"

En 1999,  Boris Grebenchikov, créa un nouvel album ayant l’apparence d’un petit chef-d’œuvre, (mais pour B. G. c'est une habitude déjà très ancienne…) Sur cet album, il chante avec sa sensibilité épurée, certaines des chansons d’Akoudjava  et Parmi celles-ci,  y figure "Cette femme !"

Voici donc un vidéogramme crée par "77malkis," avec l’interprétation de cette chanson-poésie par Grebenchikov, à écouter et réécouter en litanie.  Vous pouvez, par ailleurs, voir l’interprétation de Boulat Okoudjava, ici.

~~~~~~~~~~~~ 

Эта женщина ! / Cette femme !
Boulat Akoudjava

Cette femme !  Je la vois et j’en deviens muet.
C’est pour cela, comprends-tu, que je ne la regarde pas.
Ni aux coucous, ni aux marguerites, je ne crois
Et, chez les gitanes, tu comprends, je ne vais pas.

Elles prophétiseront : ne l’aime pas, celle-là,
Elles marmonneront : avant l’aube, tu guériras,
Elles Jetteront un sort, vaticinant, interrogeant les coucous…
Alors qu’elle vit dans notre rue !

Traduction : Sarah P. Struve

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8 mai 2013 3 08 /05 /mai /2013 15:38

 

Cette chanson-là, Boulat  Okoudjava l’écrivit pour le film "Белорусский вокзал – Biélarusskii vokzal –La gare de Biélorussie" sortie sur les écrans soviétiques en 1970 ; Histoire de quatre anciens camarades de front et de régiment, de divers milieux sociaux, qui en 1945, s’étaient séparés gare de Biélorussie,  et se retrouvent au même endroit, 25 ans après, pour l’enterrement de l’un d’entre eux.

Belorusskiy-vokzal - plakatDans le premier vidéogramme, extrait du film, la chanson est chantée par Nina Ourgant dans le rôle d’une infirmière, qui, 25 ans plus tôt avait soignée les blessures de ces quatre soldats.

Sur le deuxième vidéogramme , c’est Boulat Okoudjava  qui interprète, ici, sa propre chanson.

Vous pouvez voir le film en V.O. ici

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Здесь птицы не поют / Ici, les oiseaux ne chantent pas

Boulate Okoudjava

Ici, les oiseaux ne chantent pas,
Les arbres ne poussent pas,
Et nous seuls, épaule contre épaule,
Nous nous enracinons dans cette terre.
Brûle et tourne la planète,
Au-dessus de notre patrie s'élève de la fumée,
Et cela veut dire qu’il nous faut une victoire,
Une seule pour tous, nous ne regarderons pas au prix.

Un feu mortel nous attend,
Mais il reste  impuissant.
Loin le doute, s’en va seul dans la nuit,
Notre dixième bataillon de débarquement.

A peine le feu se tait,
Un nouvel ordre résonne
Et le facteur devient fou,
Nous recherchant partout.
S’envole une fusée  rouge,
Infatigable, la mitrailleuse cogne…
Et, cela veut dire, qu’il nous faut une victoire,
Une seule pour tous, nous ne regarderons pas  au prix.

Un feu mortel nous attend,
Mais il reste  impuissant.
Loin le doute, s’en va seul dans la nuit
Notre dixième bataillon de débarquement.

Depuis Koursk et Orel
La guerre nous amena
Jusqu’aux portes même de l’ennemi ;
Telles sont les  affaires, frère.
Un jour nous nous en souviendrons,
Et nous-mêmes, n’arriverons pas à y croire…
Seulement, maintenant, il nous faut une victoire,
Une seule pour tous, nous ne regarderons pas au prix.

Traduction : Sarah P. Struve

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11 avril 2013 4 11 /04 /avril /2013 15:11

"Рябиновый вальс – Riabinovyi vals - Valse du sorbier" est une chanson du barde et écrivain, Boris Almazov, dont StengazetA a déjà parlé. Almazov, originaire d’une vieille famille Cosaque, fut très marqué, tant par les répressions staliniennes que par la grande guerre patriotique, qui touchèrent sa famille. 

Sur le vidéogramme ci-après, la chanson est interprétée par Alexandre Khotchinski .Né en 1944 à Leningrad, Khotchinski  fut un barde et un acteur. Il a surtout travaillé au "Théâtre des jeunes spectateurs" (ТЮЗ- TIOuZ) de Leningrad, puis au "Театре Сатиры на Васильевском – Teatr Satiry na Vassileskom -  Théâtre de la satire sur l'île Vassilevski".  À partir de 1991, il fut acteur pour les studios "Lenfilm'. Alexandre Khtchinski décédera en 1998 à  Saint Petersburg. 

Рябиновый вальс / Valse du sorbier

Boris Almazov

Cet automne tout fut inondé comme par le feu.
Les vieux disent : "les temps semblent à la guerre".
Le long des chemins s’est enflammé, flamboie le sorbier,
Ah, comme me brûle mon cœur,
Ah, comme me  brûlent mes yeux,
Simplement, je n’ai pas de sauveur.

Couleur de sorbier, de rubis, triste, désespéré,
Gronde l’orchestre à travers tout le jardin d’été.
Offrez-moi une valse, cédez au moins une fois,
Cette valse pour les fiancées des soldats.

Et elle vous dit : « Mon bon, au fond de mes yeux, l’automne !
Et mes mains, d’un baiser, on ne peut réchauffer ! »
Et vous, vous dites ; « regarde mes tempes, elles grisonnent…
Le sorbier flamboie, mais ne saura se consumer ».

Couleur de sorbier, de rubis, triste, désespéré,
Comme le cri des grues, le sanglot des trompettes,
De sorbier, de rubis, triste, désespéré,
Le gout sorbier-amer de vos lèvres.

Cet automne tout fut inondé comme par le feu.
Ah, toutes les prémices mènent à la guerre, les vieux ont raison.
Le long des chemins de soldats, Tels des cierges, flamboient les sorbiers,
Ah, comme ils me brûlent le cœur,
Ah, comme ils me brûlent les yeux,
Et  je n’ai pas de sauveur.

Couleur de sorbier, de rubis, triste, désespéré,
Comme le cri des grues, le sanglot des trompettes,
De sorbier, de rubis, triste, désespéré,
Le gout sorbier-amer  de vos lèvres.

Traduction : Sarah P. Struve

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24 mars 2013 7 24 /03 /mars /2013 14:55

V.g-Zakharov.jpgVladimir G. Zakharov (1901 – 1956) a dirigé de 1932 et jusqu’à la fin de sa vie le Chœur Piatnitski. Il écrivit  sa première chanson pour ce Chœur durant l'automne 1933. C’était une chanson sur des paroles de Mikhaïl Issakovski. Puis, de nombreuses autres chansons issues de cette collaboration et amitié fructueuse, suivirent, toujours pour le chœur Piatnitski. La chanson, ici présenté : "И кто его знает – I kto ievo znaiet – Qui donc, sait" écrite en 1938, reçut un accueil exceptionnel toujours sur des paroles d'Issakovski. En envoyant son poème à V. Zakharov,Mikhaïl  Issakovski lui avait écrit :

"Si cette chanson vous plaît et vous décidez d'en écrire la musique, ce serait très bien. JeIssakovski.jpg voulais seulement pour que cette chanson ne soit pas « volubile », et que la musique soit harmonieuse, ralentir son rythme. Quant au refrain, il doit avoir un côté, me semble-t-il, quelque peut « malicieux » parce que la jeune fille, elle, elle sait ce qui se passe, mais en partie par modestie, mais aussi par malice et coquetterie, elle fait semblant de ne pas comprendre.". Zakharov entendit ce que le poète lui disait; il apportât à la mélodie de nouvelles sonorités. Dans la chanson est alors apparu un léger reflet de chagrin tendre, donnant à celle-ci un charme tout particulier.

Cette chanson est devenue tout de suite une chanson populaire. Ecrite peu de temps avant la guerre, d’abord pour le chœur Piatnitski,, elle devint vite très populaire, tout le monde la chantait, y compris à l’étranger où tout émigré blanc et enfant d’émigré blanc l'entonnait lors de réunions de famille ou de feux de camps. Sans doute fut-elle apportée durant la guerre par des prisonniers et des travailleurs déportés, ayant pu rejoindre les diverses résistances actives dans les pays européens. En Union Soviétique, puis en Russie, de nombreux artistes la reprirent, tels que; Lydia Rouslanova, Marina Diviatova, Alïona Petrovskaïa, Irina Krutova ou encore  le groupe cubanaty @ radiocity, la chanteuse rock-folk Matrïochka et nombre d’autres. Il existe une version chinoise et même une autre anglaise.

Le vidéogramme ci-après reprend l’interprétation du Chœur Piatnitski sur un montage étrange & lancinent de pustinnik50's channel "  avec les solistes  Alexandra  Prokoshyna et Valentina Klodnina.

 

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И кто его знает / Qui donc, le sait

Musique : V. Zakharov – Paroles : M. Issakovski

Au couchant, un gars se balade près de ma maison,
Il me cligne des yeux et ne dit rien.
Qui est-cet donc, pourquoi cligne-t-il,
Pourquoi cligne-t-il, Dieu seul le sait.

Dès que j’apparais sur la promenade, il se met à danser et à chanter,
Mais soupire et se détourne lorsque nous nous quittons, aux portillons,  
Mais qui le sait, pourquoi soupire-t-il,
Pourquoi soupire-t-il, Dieu seul le sait.

Je lui ai demandée,
Pourquoi as-tu l’air chagriné ?
Est-ce la vie qui t’a attristé ?
Il m’a répondu – c’est mon pauvre cœur que j’ai égaré,
Mais, qui le sait, pourquoi égare-t-il,
Pourquoi égare-t-il et, qui sait.

Hier, il m’a envoyé par la poste, deux lettres énigmatiques,
Chaque ligne n’est que points de suspension,
Devines donc, toute seule.
Mais, qui le sait, que sous entent-il,
Que sous entent-il et, qui sait.

Je n’ai pas essayée de deviner, n’attends rien et n’espère rien,
Seulement, je ne sais pourquoi, dans la poitrine, mon cœur, doucement, fondait.
Mais, qui sait, pourquoi fond-il,
Pourquoi fond-il et, qui sait ?

Traduction : Sarah P. Struve.

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16 février 2013 6 16 /02 /février /2013 11:00

Bella_Akhmadulina_3.jpgBella Akhmadoulina est la poétesse lyrique russe signifiante de la seconde moitié du XX° siècle. Née en 1937 à Moscou d’un père Tatar, haut fonctionnaire d’Etat et d’une mère russe d’origine italienne, elle commence à écrire de la poésie alors qu’elle est encore collégienne. A l’âge de 15 ans, elle est remarquée par des critiques littéraires.

En 1959, agée de 22 ans, elle écrit le plus célèbre de ses poèmes « По улице моей – Po oulitsy moïei – Le long de ma rue ». la même année elle est exclue momentanément de l’université, car elle refuse de soutenir la campagne de diffamation contre le poète Boris Pasternak.

Bella Akhmadoulina fut également actrice, scénariste ainsi que traductrice. Elle est décédée en novembre 2010 à Peredelkino, village d’écrivains près de Moscou.

En 1975, le compositeur russe d’origine arménienne, Mikaël Tariverdiev (1931 – 1996) mit une partie de ce poème en musique et la romance résonna dans le film d’Eldar Riazanov (1927 - 2015) « L’ironie du sort » Dans ce film la chanteuse Alla Pougatcheva prête sa voix à l’actrice polonaise Barbara Brylska dans le rôle de "Nadia", pour interpréter « Le long de ma rue ».  Le vidéogramme où Bella Akhmadoulina récite son poème est visible, ici, Akhmadoulina 2

Le vidéogramme ci-après reprend l’extrait du film où est chanté ce poème.

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По улице моей / Le long de ma rue

Bella Akhmadoulina - Eldar Tariverdiev

  Le long de ma rue, cette année-là, 
 Résonnent des pas, mes amis s'en vont. 
 L'absurde départ de mes amis 
 À cette obscurité derrière les fenêtres, correspond. 
   
 O solitude ! Comme est dur ton caractère, 
 Etincelant tel un compas de fer, 
 Comme tu clos froidement le cercle, 
 De certitudes vaines, ne t'encombrant pas. 
   
 Laisse-moi me mettre sur la pointe des pieds dans ta forêt, 
 À cette extrémité du geste ralenti. 
 Trouver le feuillage et, du visage, le rapprocher, 
 Et ressentir l'abandon tel une félicité. 
   
 Accorde-moi le calme de tes bibliothèques, 
 De tes concerts, les motifs sévères 
 Et, sage, j'oublierai ceux 
 Qui sont morts ou ont terminés leur temps, vivants.   

 

 Et la sagesse et la tristesse, je connaîtrai. 
 Leur sens secret, me confieront, les objets, 
 La nature, sur mes épaules, s’épanchant,  
 Découvrira ses secrets d'enfant.   

 

 Et puis là, des larmes, de l’obscurité, 
 De la pauvre ignorance du temps passé, 
 De mes amis, de merveilleux traits  
 Apparaîtront et se dissolveront à nouveau.

 Traduction : Sarah P. Struve. 
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4 janvier 2013 5 04 /01 /janvier /2013 11:46

J’avais écouté et aimée les sœurs Fedorov alors que j’étais encore enfant, leurs voix m’avaient envoutés et m’avaient accompagnées durant toute mon enfance, puis les vieux microsillons 25cm de Melodia, s’étaient abimés ou perdus dans les déménagements et je ne les avais plus entendues.  Elles restaient présentes dans mon esprit avec  leur chant polyphonique issu plus particulièrement de la région de Pskov, je les ai redécouvertes avec un grand bonheur, l’année dernière sur la toile.

La chanson russe vivait depuis longtemps dans la famille Fedorov. Elle résonnait dans le village natal, Staryi Borok dans la région de Pskov, elle résonnait dans la rue Baltiskoïa, où les  Fedorov se sont installés depuis qu’ils étaient partis de Leningrad. Dans la famille tout le monde chantaient: le père, la mère, les enfants. Ivan Fiodorovitch et Daria Iakovlevna chantaient souvent ensemble. Les sœurs étaient assises à cette époque sur un vieux coffre, en écoutant les voix de leurs parents. Déjà, Il ne passait pas de jour sans que la mère, Daria Iakovlevna, n'entende la même chanson  sur ses filles. « Apprenez aux filles, la musique – lui conseillait-on – il sortira toujours quelque chose d’elles ». À Leningrad, les sœurs travaillaient à l’usine Kirov. Mais la guerre, le siège de Leningrad, ont chamboulés  leur  vie. Le père est parti au  front. La famille fut évacuée dans l'Oural, à Sverdlovsk (Ekaterinbourg)    Nous travaillerons tous, excepté Galia– elle est trop petite encore – avait décidé la mère. Katia est allée à l'atelier de couture, Nastia est devenu cordonnier, Ninel’,  constructeur,  Nina était tourneuse. Elles travaillaient beaucoup, mais la chanson n'était pas oubliée dans les conditions difficiles de la guerre.
Voici un premier vidéogramme des sœurs Fedorov : «  При народе, в хороводе - pri norodie, V khorovodie - Devant les gens, dans la ronde »

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При народе, в хороводе / Devant les gens, dans la ronde

Chanson populaire

Devant les gens, dans la ronde,
Un gars, une fille a enlacée,
Et la gamine a eu honte,
Elle s’est mise à pleurer, à sangloter.

Frappe, frappe, frappe, bats,
Danse sans pitié pour tes pieds.

Comment irai-je à la maison, maintenant,
Chez moi, on va me tancer.
Tes baisers enflammés,
Sur mes lèvres, sont brûlants.

Frappe, frappe, frappe, bats,
Danse sans pitié pour tes pieds.

Qu’est-ce donc que ce luron,
Tellement badin,
Qu’est-ce donc que ce gamin,
Tellement mignon.

Frappe, frappe, frappe, bats,
Danse sans pitié pour tes pieds.

Devant les gens, dans la ronde,
Un gars, une fille  a enlacé,
Et la gamine a eu honte,
Elle s’est mise à pleurer, à sangloter.

Traduction : Sarah P. Struve

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31 décembre 2012 1 31 /12 /décembre /2012 15:19

Le Billy’s Band est un groupe de Saint Petersburg créé en 2001 par Billy (Vadim) Novikov et Andreï Reznikov. Le Band enregistre, édite et distribue lui-même ses disques, il a toujours refusé de travailler avec des majors.
Les musiciens du groupe disent d’eux-mêmes, qu’ils sont des "marginaux romantiques" jouant de "l’alcojazz". La voix grave de Billy Novikov porte naturellement cette sorte de blues, qu’une oreille avertie et entraînée, trouvera toujours au fond d’une bouteille.Billys-Band.jpg

Sur le vidéogramme ci-après, Le Billy’s Band interprète en compagnie de Garik Soukhatchev, "Кладбище девичьих сердец – Kladbichtche devitchikh serdеts – Le cimetière des cœurs de jeunes filles"

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Кладбище девичьих сердец / Le cimetière des cœurs de jeunes filles
Billy Novikov

"C’est une sorte de saga en trois parties et  trois issus létales, ce qui ne l’empêche pas d’avoir l’habituel happy end."

Les étoiles me chantaient "bonne nuit",
Lorsque, de tes portes, je suis tombé.
Je m’assoirai dans un bar, je boirai un p'ti verre
Au repos de ton âme...
Je m’assoirai dans un bar, je boirai un p'ti verre
Au repos de ton âme...

Les voitures chassèrent des boulevards, le matin,
Dans ma poche, de tes bagues, à poignée.
Je boirai  et je parlerai au gardien,
Du chemin qui mène au cimetière des cœurs de jeunes filles
Nous boirons, nous serons joyeux ensemble, avec le gardien,
Tous les deux, au cimetière des cœurs de jeunes filles.

J’allai voir, un soir de février,
Comme, joyeusement, ta maison brulait,
Après, toute la nuit, j’ai fait la fête avec les pompiers
Parce qu’ils n’ont pas pu t’aider...
Je fumai avec les pompiers et, tout compte fait,
Au cimetière des cœurs de jeunes filles, me suis évaporé.

Traduction : Sarah P. Struve

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2 décembre 2012 7 02 /12 /décembre /2012 13:11

"Чайф - Tchaïf" est un groupe créé par Vladimir Chakhrine et Vladimir bégounov, en 1985. A cette date le groupe enregistra son premier album, l’enregistrement se fit sur bande magnétique et circula ainsi, comme  il était souvent de coutume en union-Soviétique, avant que ne vienne le premier disque. Pour Tchaïf, ce fut en 1987, après trois albums sur bande magnétique.

La chanson "Поплачь о нём - Poplatch o niom - pleure-le" est issue de l’album "Не беда - Ne béda" publier en 1989. Vladimir Chakhrine, qui est L’auteur et le compositeur de cette  chanson,  est également soliste du groupe.

A propos du nom du groupe, Chakhrine raconte : "L’auteur du néologisme « « tchaïf » est le poète et musicien, Vadim Koukouchkine, membre de la première mouture du groupe. Pour ce faire il a utilisé deux mots « tchaï – thé » et « kaïf – planer, être bien »  - c’est ainsi que nous appelions le thé noir préparé à la façon « tchefir, » que nous consommions en grande quantité durant les répétitions. Au début, ce n’était pas vraiment sérieux, cela ressemblait plus à des soirées thé/guitares et « aller aux répétitions » avait la connotation comme « aller boire le thé » et lorsque est venu le moment compliqué, où il fallait donner un nom au groupe, nous nous rappelâmes le mot « Tchaïf »".

___________

Поплачь о нём / Pleure-le

Vladimir Chakhrine (1989)

Pourquoi devrais-tu savoir quand il va s’en aller,
Pourquoi devrais-tu savoir, ce qu’il veut chanter.
Pourquoi devrais-tu savoir ce que lui-même ne sait.
Pourquoi devrais-tu savoir ce qu’il demandait.
Pourquoi devrais-tu savoir qui il a aimé,
Pourquoi devrais-tu savoir ce qu’il tait.

Pleure-le, tant qu’il est vivant.
Aime-le, tel qu’il est.

Sur un dessin d’enfant, une maison avec une cheminée.
Fidel, de sa main, fait signe à Mikhaïl.
Nous n’arrivons vraiment pas à vivre sans guerre.
Dans le cosmos des vols communs et monnayés.
La nuit c’est la foule – une procession religieuse.
Elle se voit déjà dans le rôle de la veuve.

Pleure-le tant qu’il est vivant.
Aime-le tel qu’il est.
Pleure-le tant qu’il est vivant.
Aime-le tel qu’il est.

Tu as, pour lui, quelques mots,
Tu as même pour lui, certainement, de l’amour.
Tu attends le moment pour lui rendre tout.
Le marbre froid, tes fleurs.
Tu as l’estomac noué et  une boule dans la gorge.
Ces rides abîment tellement ton visage.

Matin calme, smog sur la ville,
Verdure du mois de mai - encéphalite.
Là-bas, il fait bon, là où toi et moi ne sommes pas.
Un bidon de bière, que vient faire l’eau, ici ?
Des protéines synthétiques, Que vient faire le peuple, ici.
Si tu meurs aujourd’hui, demain on dira – C’était un poète.

Pleure-le tant qu’il est vivant.
Aime-le tel qu’il est.
Pleure-le tant qu’il est vivant.
Aime-le tel qu’il est.

Traduction : Sarah P. Struve

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  • : STENGAZETA - ПАРИЖСКАЯ СТЕНГАЗЕТА
  • : Le mot « Stengazeta » est un acronyme voulant dire « journal mural ». Stengazeta de Paris publie des traductions de chansons russes contemporaines et/ou populaires, ainsi que des articles d'opinions. Il m’a semblé utile, de faire percevoir à travers ce blog, la Russie et ses cultures, hors du prisme propagandiste et réducteur que véhiculent les pouvoirs politiques, économiques & médiatiques occidentaux. S. P Struve
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