Dans la nuit du huit au neuf mai 1945, il y a 67 ans de cela, était signée la capitulation de l’Allemagne nazie. Le fascisme semblait terrassé pour toujours. Les soldats, ceux qui avaient survécu, pouvaient penser à rentrer bientôt chez eux. Parmi ces soldats, il y avait Alexeï Fatianov, l’auteur du texte de cette chanson.
Alexeï Fatianov (1919 – 1959), est issue d’une famille d’importants commerçants de la ville de Viazniki dans l’oblast de Vladimir. En 1937 après avoir suivi les cours de l’acteur et metteur en scène Alekseï Dikiy, il intègre en tant qu’élève l'école d'art dramatique du théâtre Central de l'Armée rouge. À partir de 1940 il joue dans les spectacles de l’ensemble de la région militaire d’Orlov. En juin 1941, après l’invasion de l’URSS, l’ensemble rejoint le front. Fatianov y sera blessé. En 1943 il intègre un bataillon disciplinaire. Il sera blessé une deuxième fois lors des combats pour la libération de la Hongrie.
Fatianov est l’auteur de nombreuses chansons d’après guerre, sa poésie est faite de mots simples et essentiels. Outre le fait d’être poète, il chantait, jouait du piano et de l’accordéon. Décédé brutalement à l’age de 40 ans, il repose au cimetière de Vagankovo à Moscou.
Vassili Soloviov-Sedoï (1907 – 1979) l’auteur de la musique, est un célèbre compositeur soviétique, auteur, entre autre, de la musique de la chanson « les nuits de Moscou » plus connue en France sous le titre « le temps du muguet. » Les parents de Solovïov-Sedoï étaient d’origine paysanne. Sa mère originaire de la région de Pskov, connaissait nombres de chansons populaires russes et, aimait à les chanter. Ce sont ces chansons qui jouèrent un rôle déterminant dans la structuration musicale du futur compositeur.
Solovïov-Sedoï, auteur de nombreuses chansons populaires, ainsi que de musiques de film, a été récompensé de plusieurs titres honorifiques et décorations.
Voici deux vidéogrammes de cette chanson. Sur le premier, dénichée sur le net, sur fond de photos tirées de film et d’archive, c’est Olga Arefeeva qui en est l’interprète. Olga Arefeeva est née dans l’Oural en 1966. Après deux années d’études à la faculté de physique, elle intègre l’école musicale Tchaïkovski de Sverdlovsk. Arefeeva est l’auteur interprète de plus de trois cents titres dont les sonorités vont du reggae à la balade , elle est par ailleurs écrivain.
Le second vidéogramme et celui de la très belle interprétation faite par Oleg Pogoudine et Evgueni Dïatlov lors d’un concert à Saint-Pétersbourg le 17 décembre 1999.
Diatlov est né en 1963 en extrême orient russe à Khabarovsk, il est acteur, chanteur et musicien.
Pogoudine, dont Stengazeta a déjà publié une interprétation, est né en 1968 à Leningrad et est un chanteur, acteur. Il a joué dans plusieurs films musicaux. Depuis 2007 il enseigne la musique à l’Académie des arts du théâtre de Saint-Pétersbourg.
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Давно мы дома не были/ Il y a longtemps que nous n’avons été à la maison
Musique : V. Soloviov-Sedoï – paroles : A. Fatianov (1945)
Se consume la mèche de la chandelle,
Gronde le combat proche.
Verse-nous, l’ami, un godet,
De ceux que l’on sert au front,
Verse-nous, l’ami, un godet
De ceux que l’on sert au front,
Sans perdre inutilement notre temps,
Ensemble, nous parlerons.
Sans perdre inutilement notre temps,
Amicalement et simplement,
Ensemble, nous parlerons.
Il y a longtemps que nous n’avons été à la maison…
Là où il y a des sapins,
Cela fait combien d’années que nos beautés
Se promènent sans garçons.
Cela fait combien d’années que nos beautés
Se promènent sans garçons.
Il semble aux filles, que sans nous,
Les étoiles ne flamboient plus.
Il semble aux filles, que sans nous,
Se couvre de suie, le croissant de lune
Et que les étoiles ne flamboient plus.
À quoi leur servent, les aubes précaires
Si les gars sont à la guerre,
En Germanie, en Germanie,
Dans un lointain pays.
En Germanie, en Germanie,
Dans un lointain pays.
Envole-toi, rêve de soldat
Et souviens-toi de moi.
Envole-toi, rêve de soldat,
Vers la fille la plus tendre
Et souviens-toi de moi.
Il y a longtemps que nous n’avons été à la maison…
Fleurie le sapin familier,
Comme dans un conte irréel
Au bout du monde.
Comme dans un conte irréel
Au bout du monde.
Sur lui, les aiguilles sont neuves,
Sur lui, les aiguilles sont de miel.
Sur lui, les aiguilles sont neuves,
Et les pommes de pin,
Sur lui, sont de miel.
Où donc se répandent les aiguilles des pins,
Où sont donc les sapins,
Cela fait combien d’années que nos beautés
Se promènent sans garçons
À quoi leur servent, les aubes précaires
Si les gars sont à la guerre,
En Germanie, en Germanie,
Dans un lointain pays.
Se consume la mèche de la chandelle.
Gronde le combat proche.
Verse-nous, l’ami, un godet,
De ceux que l’on sert au front;
Traduction : Sarah P. Struve