Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
6 décembre 2009 7 06 /12 /décembre /2009 13:10

Anatoli Dneprov, de son vrai nom, Anatoli Gross, est né en 1946 à Dnepropetrovsk. Dès son plus jeune âge il appris en autodidacte à jouer de l’accordéon, improvisant à l’oreille tous les airs connus. Après son service militaire dans l’orchestre du ministère de l’intérieur de la république socialiste d’Ukraine, il créa un jazz-band, le premier dans sa ville. Son groupe devint très populaire et fut amené à faire des tournées dans toute l’Union.

Dneprov.jpgDneprov déménage à Moscou en 1971 où il travaille avec les interprètes, les plus populaires de l’époque. Il compose pour de nombreux poètes tels : Kharitonov et la poétesse, Olga Pavlova qu’il épouse. Il crée avec elle, outre « Blancs sur fond bleu » de nombreuses chansons. En 79, Dneprov émigre avec son épouse et leur fils, aux Etats-Unis. À New-York, il Publie plusieurs albums. Parallèlement à cela, il crée avec des musiciens américains, un groupe musical «New Ways ». Sa musique commence à être reconnue à travers le monde. Tout en publiant des disques avec son groupe américain, il continue à faire des tournées tant aux USA qu’au Canada, chantant ses chansons russes dans les milieux de l’immigration. En 1989, Dneprov revient vivre en Russie.

Le 5 mai 2008, alors qu’il se rendait en voiture de Volgograd à Rostov-sur-le-Don, son cœur cessa de battre.

garde blanche

Olga Pavlova – Gross, son épouse, est née à Moscou en 1956, poétesse, chansonnière et journaliste. Elle est animatrice de radio. Nombre de ses poèmes sont chantés par des interprètes connus en Russie tels que Choufourtinski, Kristina Orbakaïte et Alexandre Malinine qui interprète dans ce vidéogramme, « blancs sur fond bleu » ce poème de Pavlova qui parle de l’évacuation de Crimée de l’armée blanche en 1920, de ces officiers et hommes du rang ,quittant pour toujours, sans vraiment le croire, leur patrie.

белые на синем
Blancs
sur fond bleu

Ольга Павлова и Анатолий Днепров
Olga Pavlova et Anatoli Dneprov

Oh, comme sur fond bleu, étaient blancs
Les navires, au loin, s’en allant.
Ils emportaient à leur bord la Russie.
Oh, vous le regrettiez tant, lieutenant.

Pas du tout à la mode et tout usé,
Votre uniforme, à votre peau, se fondait.
S'élevait la plainte du peuple au-dessus de la Russie,
Vous échangiez votre patrie pour la vie.

La Russie s’éloignait, s’estompait,
Devenant mémoire et douleur.
Oh, comme étaient blanches sur fond bleu
Les mouettes pleurant, vous accompagnant de leurs adieux.

Oh, ne froncez pas vos sourcils, lieutenant,
Buvons cul sec à la Russie.
Sur votre uniforme des gouttes de sang,
Pareilles à des médailles pour la Russie.

Nous nous révérons dans un café parisien, je le sais.
A votre sourire, je vous remarquerai.
Oh, vous semblez tellement fatigués, lieutenant,
En un murmure, je crie à travers les ans.

Oh, Golitsyne, vous êtes l’emblème de la Russie,
Derrière vous, des ponts incendiés.
Oh, comme sont blancs sur fond bleu,
Les songes de Russie, l
a nuit.

Traduction et adaptation : Sarah P. Struve

Partager cet article
Repost0
2 décembre 2009 3 02 /12 /décembre /2009 22:33

En russe le mot « Volïa » a deux sens étroitement imbriqués ; ce mot désigne à la fois, et la volonté, et la liberté, ou plutôt une combinaison des deux mots qui ne peut être audible qu’a celui qui est Russe au sens d’être habité par l’âme de l’immensité de cette terre. Le diminutif de « Volïa » ; « volïouchka » amplifie encore l’intensité de cette liberté puissante, irradiante, de ce tsunami qui inonde l’être tout en émanant du fin fond de son âme, en résonance d’avec la nature mouvante. C’est à travers cette « volïouchka » , c’est autour de cette puissante liberté que se fit la rencontre entre les peuples Russes et Tsiganes.

Tabor.jpg

  Le XIX° et le début du XX° siècle russe, furent l’apogée de cette union émotionnelle entre, d’un côté, une Russie s’appropriant à travers sa musique, l’éternelle errance du peuple Tsigane et l’adaptant à l’âme fluide des terres russiennes, et, de l’autre côté le peuple tsigane peu à peu liant sa musique à l’infini de la terre russe qui lui apparaissait telle une rémanence lancinante de son errance séculaire.

Il n’est pas étonnant que Boris Prozorovski, lui qui paya de sa vie, sa liberté d’être, soit l’auteur des mélodies de nombre de ces romances tsiganes. Dont celle de « Adieu mon campement Tsigane ! »

Voici donc un vidéogramme où la voix de Piotr Lechtchenko,  interprète « Adieux mon campement tsigane »

______________

Прощей мой табор!
Adieu, mon campement tsigane !

Paroles : V. Makovski / Musique : B. Prozorovski

Le mode de vie et les coutumes tsiganes, sont anciens,
Comme les chansons que nous chantons.
Sous le bourdonnement des cordes, au son de la guitare,
Brûlant la vie, en vain, nous vivons.

Ce jour, je vous fais mes adieux, Tsiganes,
Et vers une vie nouvelle, je m’en vais.
Ne me regrettez pas vous, les Tsiganes !
Adieu, mon campement, je chante pour la dernière fois !

Je quitte le campement tzigane,
Suffit pour moi, la folle liberté !
Ce qui m’attend dans ma vie nouvelle, Je ne le sais,
Mais, du passé, il n’y a rien à regretter.

Aujourd'hui je suis joyeux avec vous, Tsiganes
Mais demain, je vous aurai quitté, je ne serai plus là …
Ne me regrettez pas vous, les Tsiganes !
Adieu, mon campement, je chante pour la dernière fois !

Variante :
Aujourd’hui, je vais chanter avec vous,
Mais demain, je m’en irai, je ne serai plus là.
De la chanson du Tsigane, Souvenez-vous,
Adieu, mon campement, je chante pour la dernière fois !

Traduction : Sarah P. Struve

Partager cet article
Repost0
5 novembre 2009 4 05 /11 /novembre /2009 22:52

La version habituelle sur l’origine de cette chanson, dit que son histoire débute lors d’un spectacle de Meyrhold « La forêt », où était jouée la valse « Dvé sobatchki - deux petits chiens » (La première du spectacle eut lieu le 19 janvier 1924). Ayant entendu cette valse, le poète Pavel Guerman et le compositeur Valentin Kroutchinine auraient décidés de créer une chanson sur l’air de la valse, Guerman écrivit les paroles et Kroutchinine aurait fait l’arrangement musical. Selon une autre version, ils écrivirent « Les petites briques » encore avant la première de « La forêt », en 1923 pour le théâtre de variété « Pavlini khvost – La queue du paon » où elle aurait été interprétée cette même année. Cependant, cette version ne s’emble pas coler en raison du style de cette chanson qui ne correspond pas au style des théâtres de variété. En réalité, lors de première publication de cette chanson, le nom de Kroutchinine n’apparaissait pas comme étant celle de l’auteur de la musique, mais c’est le nom de Boris Prozorovski qui y figurait. Prozorovski fut victime des répressions, et il semble bien qu’il est le véritable arrangeur de cette musique et non Kroutchinine. Boris Prozorovski est né en 1891 à Saint Petersburg, il était médecin de formation, sa famille refusant qu’il soit musicien. Prozorovski est l’auteur de nombreuses romances telles : «Прощай, мой табор! – Prochtchaï moï tabor! - Adieu mon campement tzigane ! » Il fut arrêté en 1933 sous l’accusation de « compositeur petit bourgeois d’origine noble » et envoyé à la construction du canal de la mer Blanche. Il fut fusillé en 1937 en tant que : « élément socialement dangereux ». En 1957, Boris Prozorovski fut réhabilité à titre posthume.

 

Cette belle valse ouvrière propagandiste, est bien dans l'esprit de l'époque. Il est possible qu’une vieille chanson industrielle " Заводы кирпичные – Zavody kirpitchnyi - les briqueteries" ai pu servir à Pavel Guerman de source d'inspiration. Sur la vidéo ci-après, "kirpitchiki" est interprété par Alla Boyanova.

~~~~~~~~~~~

Кирпичики
Les petites briques

Paroles : Pavel Guerman - Musique : Boris Prozorovski

En ville, quelque part près des faubourgs,
Je suis née dans une famille d’ouvriers,
Tirant le diable par la queue, à l’âge de seize ans,
Dans une briqueterie, je me suis faite embauchée.

Ce fut dur pour moi, les premiers temps,
Mais après, ayant travaillée toute une année,
Pour les petites briques, pour le joyeux bourdonnement,
Cette fabrique, J’ai finie par l’aimer.

A la briqueterie, j’ai rencontré Senka.
Et depuis, dès que j’entends le sifflet,
Je me lave les mains et, mettant mon fichu,
Je coure le rejoindre à l’atelier.

Mais le chômage, comme de coutume,
Soudainement, frappa à la briqueterie,
Senka fut viré et moi à sa suite,
Ainsi que 270 autres vies.

C’est là qu’éclata la guerre bourgeoise,
Le peuple s’est aigrie, il est devenu mauvais,
Et par petite pierre, par petite brique,
La fabrique fut démontée.

Après Smolny et sa folle liberté,
Se releva le peuple ouvrier,
Et, avec Sanka, nous avons décidé,
De jeter un regard sur notre briqueterie.

J’ai retrouvée, là-bas, un bonheur passé,
Pour sa réfection, nous avons dépensé une année,
Et par petite pierre, par petite brique,
Nous avons reconstruits cette fabrique.

Traduction: Sarah P. Struve

Partager cet article
Repost0
10 octobre 2009 6 10 /10 /octobre /2009 12:53

Sur la bande magnétique d’un mauvais enregistrement, apparu par on ne sait quel miracle, au creux des années soixante du siècle passé, dans le milieu de l’immigration russe; la chanson de « La déesse komsomole», suivait la chanson « Marche sentimentale ». Il fallait parfois faire un effort, afin de discerner dans la voix d’Okoudjava déformée à force de copies, le texte. On devinait plus que l’on ne comprenait les paroles, l’imagination faisait le reste… Les boulangeries parisiennes, se trouvant souvent par un  hasard étrange, elle aussi, à l’angle d’une rue; les jours d’été venteux, devenaient involontairement, les vortexs de celle-ci et, une fois les portes franchies au son du carillon, on se retrouvait propulsé magiquement dans le Moscou des années de guerre...

komsomol

Комсомольская богиня
La
déesse komsomole 

B. Okoudjava (1958)  

Je regarde une photographie :
Deux nattes, un regard sévère.
Un blouson de garçon,
Et, tout autour,  les amis.

Derrière la fenêtre, toujours, la pluie tinte:
Là-bas, dehors, c’est l’intempérie.
Et, d’un geste habituel les doigts fins
Ont effleurés l’étui du révolver.

Voila, bientôt elle abandonnera sa maison,
Bientôt, tout autour, les combats éclateront,
Mais la déesse komsomole…
Oh, frérots, c’est autre chose ! (bis)

A l’angle, prés de la vieille boulangerie,
Là, où l’été balaie la poussière.
En T-shirt bleu clair,
S’avance, la petite komsomole.

Sa natte a été coupée,
Elle traine chez le coiffeur
Et, juste une boucle rousse,
Tremble sur sa tempe.

Et on ne voit pas la couleur d’un Bon Dieu,
Seulement, le tonnerre tout autour.
Mais la déesse komsomole…
Oh, frérots, c’est autre chose ! (bis)

Traduction: Sarah P. Struve

Partager cet article
Repost0
26 septembre 2009 6 26 /09 /septembre /2009 13:03

Les parents de Boulat Okoudjava étaient, tous deux, communistes. Son père fut nommé, peut de temps après la naissance de son fils, commissaire de la division géorgienne de l'armée rouge. En 37, ses deux parents furent arrêtés lors des purges, son père fusillé. Sa mère ne reviendra des camps qu’en 1955. Okoudjava s'engagea volontaire à l"age de 17 ans, pour combattre l'envahisseur nazi.

okudjava.jpgLa chanson « Сентиментальный марш – Marche sentimentale » fut écrite en 1957 et est dédiée au poète Evgueni Evtouchenko. Elle fut chantée en 1965 par Okoudjava dans le film de Marlen Khoutsiev : «Мне два́дцать лет – J’ai vingt ans ». Dans la premiere version du poéme Okoudjava parle de « cette lointaine (guerre) Civile » alors que dans le film de Khoutsiev, il chante « Cette seule Civile » La veuve d’Okoudjava interrogée à ce sujet, explique cela par le fait, qu’au début, lorsque Okoudjava interprétait ses textes, il improvisait et changeait souvent les mots. Le mot "seule" remplaça définitivement celui de "lointaine". C’est ainsi qu’elle est chantée maintenant ainsi que sur le vidéogramme ci-après.

En 1966, Nabokov traduisit ce poème en anglais et l’adapta plus tard dans son roman « Ada ou l'ardeur » modifiant en jeu de mot, le sens des strophes tout en sous entendant le texte original d ‘Okoudjava ; « Nadezhda, I shall then be back / When the true batch outboуs the riot… » Le clairon se dit en russe « troubatch » le mot « otboï » signifiant « retraite » en russe, sonne comme « outboys ».
_______________________________

Сентиментальный марш / Marche sentimentale

Boulat Okoudjava ~ Булат Окуджава 

Nadejda, je reviendrai quand le clairon sonnera la retraite.
Lorsqu’il rapprochera la trompette de ses lèvres, relevant son coude pointu.
Nadejda, je resterais entier, la terre humide n’est pas pour moi.
Pour moi, il y a tes inquiétudes et le doux monde de tes attentions.

Mais si tout un siècle passe et que tu te fatigues d’espérer.
Nadejda, si la mort déploie ses ailes au-dessus de moi,
Ordonnes alors, que le clairon couvert de blessures se relève
Afin que la dernière grenade ne puisse m’achever.

Mais si brusquement, un jour, je ne peux me protéger,
Qu’une nouvelle bataille n’ébranle le globe terrestre,
De toute façon, je tomberai pendant l'unique, la Civile,
Et des commissaires aux casques poussièreux, s’inclineront silencieux au-dessus de moi.

Traduction : Sarah P. Struve

Partager cet article
Repost0
20 septembre 2009 7 20 /09 /septembre /2009 13:18

« Là-bas, au loin, de l'autre côté du fleuve » est surtout connue comme l’un des plus beaux chants bolchevik. Il existe plusieurs versions sur l’origine de ce chant, ainsi que différentes paroles.

Dans la biographie de l’auteur de la version bolchevik, Nicolaï Martynovich Kool (1902/3 -1974), il est dit que Kool aurait écrit ce texte en 1924 dans la ville de Koursk, Les fenêtres de son logement donnaient sur le fleuve « Seïm » et se serait la vue sur la Seïm qui l’aurait inspirée pour les premières strophes du chant.

 

Kool est né à Belgorod de père Estonien. Durant la guerre civile, Il fut membre de la Tcheka et plus particulièrement des TchON (ЧОН) «Части Особого Назначения - Unités à destination spécial » crées pour éliminer les contre-révolutionnaires. Ces unités étaient réputées pour leur cruauté et les façons expéditives qu’elles utilisaient contre toute personne considérée comme « contre-révolutionnaire », et la liste en était longue. Mais Kool est plus particulièrement connu pour sa traduction en russe de l’épopée estonienne appelée : « Kalevipoeg », Kool fit la traduction de « Kalevipoeg » essentiellement durant les années de la Grande Guerre Patriotique, où il fut d’abord commandant de compagnie, puis, plus tard, commissaire de bataillon dans le corps d'armée Estonien. Kool racontait qu’il traduisait l’épopée de nuit, à la lueur d’une lampe à mèche fabriquée avec une douille d’obus. Cette Traduction publiée dans l’après-guerre (1949), fut en URSS, un important événement littéraire.

En fait, à ce que l’on sait maintenant, la mélodie de « Là-bas de l'autre côté du fleuve », avait déjà eu une existence autonome des paroles de Kool, pendant plus d’un siècle et avait servie à nombre de textes. Il existait par exemple sur cet air, une chanson de bagnards dont l’un des couplets disait à peu prés ceci : « C’est seulement en Sibérie / Que s'active l'aube, / Dans le village le peuple s'éveille. / Sur la cour d'étape / On entend le tintement des fers / Ce sont les déportés qui se rassemblent pour la route... »

Quand à la thèse disant que Kool fut inspiré pour les premières strophes de son texte par le fleuve « Seïm », celle-ci est contredite par une version antérieure datant de la guerre russo-japonaise (1904 – 1905) guerre que la Russie perdit et dont – d’après nombre d’historiens et comme le raconte Oleg Pagoudine - la conséquence principale fut la révolution russe, la guerre civile et le cortège de terreur et de famines qui s’en suivit.

Durant cette guerre, alors que la marine russe coulait le Variag pour qu’il ne tombe aux mains des Japonais, les troupes russes se bâtaient en Mandchourie contre les troupes du soleil levant: Décembre 1904 en Mandchourie. La chance militaire est du côté des Japonais. La Russie ne compte aucune victoire depuis le début des combats. Une mauvaise nouvelle brise les espoirs de l’armée Russe de Mandchourie - Port-Artur est tombé. Port-Artur a capitulé ! Les Japonais transfèrent leurs troupes de Port-Artur vers le nord, afin de défaire définitivement l’armée russe. C’est justement durant ces jours tragiques que le commandant de la brigade des cosaques de Transbaïkalie, le major général Pavel Michtchenko reçoit l'ordre d’organiser un raide de cavalerie à l'arrière de l'ennemi, de prendre la ville maritime d’Yingkou et de mettre hors service la voie ferrée sur le tronçon Liáo hé - Port-Artur.

 

Michtchenko ne prend que des cosaques qui se portent volontaires, les prévenant que : "les blessés et les malades, en dérogation à la règle, seront abandonnés sur place pour ne pas ralentir inutilement le détachement(…)".

Le 26 décembre (9 janvier selon le calendrier grégorien) les Cosaques volontaires de Michtchenko, ayant enfoncés le flanc gauche des japonais, traversèrent le fleuve Liáo hé ( le nom exacte est Liào, hé voulant dire "fleuve"). Au soir du 31 décembre 1904 (13 janvier 1905 N.C.) les cosaques s’approchent d'Yingkou à l'embouchure du fleuve. Les fantassins japonais attendent déjà au fond de leurs tranchées. Pour ne pas s'égarer dans la nuit, le commandement ordonne d'allumer des feux de camps repères dans les villages des environs de Yingkou. ; Finalement ces feux de camps eurent un rôle fatal dans cette nuit du nouvel an russe. Ne connaissant pas le terrain, les troupes cosaques font fausse route, ne sachant vers quels feux se diriger.

Pavel Michtchenko

 

Les Japonais derrière leurs fortifications, fusillent calmement les cosaques à une distance de cent pas. Les sabres sont impuissants face au feu roulant des mitrailleuses japonaises. Trois fois de suite les détachements cosaques partirent à l’attaque, trois fois de suite, ils furent repoussés. Yingkou ne fut pas prise par les cosaques.

Voici donc les traductions de ces deux chants ; l’un, celui de Kool datant de 1924 , et l'autre celui sur la bataille de Yingkou, à l'embouchure du Liáo hé, la nuit du nouvel an russe. L’auteur de ce dernier chant n’est pas connu, mais c’est bien ces paroles là et le fleuve Liáo hé, qui inspirairent Nicolaï Kool.

Reste que dans la mémoire collective, et non seulement en Russie, la très belle version de Kool est la seule qui soit connue et reconnue.

Voici trois vidéogrammes où on peut entendre ces deux chants:

- Le premier vidéogramme glanée sur la toile, reprend « De l’autre côté du fleuve Liáo hé » sur des photos et des dessins d’archives de la guerre russo-japoonaise.

- Le second vidéogramme extrait du film : « Как закалялась сталь – Et l’acier fut trempé », d’après une nouvelle éponyme de Nikolaï Ostrovski. reprend l’extrait du film où la version de Nikolaï Kool est chantée à deux voix à peine portées par le son d'un accordéon.

- Le troisième vidéogramme reprend la version de Kool, ici, interprété magnifiquement par le chœur de la chanson russe N. koutouzov.

~~~~~~~~~~~~

De l’autre côté du fleuve Liáo hé
За рекой Ляохэ

De l’autre côté du fleuve Liáo hé, s’allumaient des feux
Grondait menaçant le canon
Une centaine d'aigles vaillants
Des régiments cosaques
Au gallot partaient à l’attaque de Yingkou.

Les cosaques avançaient nuit et jour,
Dépassant montagnes et steppes.
Soudain au loin, près du fleuve,
Se mirent à briller des baïonnettes,
C'était les chaînes japonaises.

Et sans peur le détachement galopa vers l'ennemi,
Vers une bataille terrible et sanglante,
Et, de ses mains, le sergent,
Soudain laissa tomber sa lance:
Le cœur du fier gaillard était transpercé.

Il tomba sous les sabots, dans cette attaque audacieuse,
Inondant la neige de son sang chaud
Toi, mon petit cheval moreau,
Transmets, mon ami,
À ma Cosaque, qu’elle ne m'attende plus.

De l’autre côté du fleuve Liáo hé s’éteignaient les feux
Là-bas, dans la nuit, Yingkou finissait de brûler.
S’en retournant de l’attaque
Revenait le détachement
Seulement, de cosaques, il en restait peu.

Traduction : Sarah P. Struve

 

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

Там вдали за рекой
La bas au loin, de l’autre côté du fleuve

Nikolaï. Kool

La bas au loin, de l’autre côté du fleuve, se mirent à briller des lumières,
Dans le ciel clair, le crépuscule finissait de se consumer.
Une centaine de jeunes combattants des troupes de Boudionnov
Partaient en reconnaissance, galopant à travers champs.

Ils avancèrent longuement dans le silence nocturne
A travers la large steppe ukrainienne.
Soudain au loin, prés du fleuve, se mirent à briller les baïonnettes
S’étaient les chaines de la garde blanche.

Et sans peur, la compagnie galopa à la rencontre de l’ennemie,
S’engagea un combat sanglant.
Et le jeune combattant, inclina sa tête brusquement:
Un cœur komsomol était transpercé.

Il tombât auprès des sabots du cheval moreau,
Et ferma ses yeux bruns,
Toi mon petit cheval moreau, transmet mon ami,
Que j’ai périe honnêtement pour les travailleurs…

La bas au loin de l’autre côté du fleuve, s’étaient déjà éteintes les lumières,
Dans le ciel clair l’aurore s’enflammait.
Des goutes de sang épais, de la jeune poitrine,
Dans l’herbe verte, s’échappaient.

Traduction : Sarah P. Struve

Partager cet article
Repost0
6 septembre 2009 7 06 /09 /septembre /2009 17:31

Comme beaucoup de ces enfants nés durant la Grande Guerre Patriotique; Iouri Arkadievitch Borissov, l’auteur de cette romance, a eu une enfance difficile et tumultueuse. Sa famille originaire de Leningrad est évacuée en Extrême-Orient russe, où il nait en 1944 dans la ville d’Oussourisk. Sa mère musicienne, joue de la guitare à 7 cordes et de l’accordéon, mais travaille, entre autre, comme conductrice de tramway, iouri borissov.jpgson père est marteleur. La famille Borissov revient à Leningrad en 1946. Iouri fut élevé principalement à l’orphelinat du quartier de l’Ile Kamenyi. À l’âge de 14 ans il commence l’apprentissage du métier de tourneur. Mais, pour des faits de délinquance, il purge alors 3 ans de colonie pour mineur, plus tard il sera à nouveau condamné et incarcéré pour vol. À sa libération, à l’âge de 18 ans, il intègre une école de coiffeur mais ,il n’exercera pratiquement pas ce métier pour ne pas abimer ses mains. Iouri Borissov, encore adolescent, a appris à jouer de la guitare. Dans le milieu des années 60 il s’inscrit par correspondance à l’institut culturel de Moscou pour étudier la musique. Il commence alors à écrire des morceaux pour guitare, tout en étudiant le solfège et la composition musicale. Plus tard, il sera professeur de guitare. Borissov écrivit de la poésie des son enfance, essayant de la publier sans succés. A l’âge adulte il se met à écrire des textes de chansons. Il fut également luthier, il fabriqua quelques guitares. L'une d'elles fut utilisée par le chanteur Valérie Agaphonov, ami d’adolescence et de dérives de Borissov. De 78 à 79,  Borissov vécu encore une année de relégation en Asie centrale.

Iouri Borissov écrivit au début des années 80 « L’aurore s’effaça derrière le bois » pour le téléfilm "Личной опасности не гарантирую ~ Je ne peux garantir de danger personnel » romance chanté dans le téléfilm par Agaphonov. Iouri Borissov écrivit une série de romances appelées « cycle de chants des gardes-blancs » dont "L’aurore s’effaça derrière le bois" fait partie. Ces poèmes, via la Finlande, furent propagées en occident. Iouri Barissov est mort de la tuberculose le 18 juin 1990.

- La rivière Kat’ (Кать) dont il est question dans cette romance, est une rivière du nord de la Russie européenne, affluant de la rivière Mologa dans la quelle, elle se jette non loin du village Péra. - Voici un vidéogramme de l’une des plus belles interprétations de cette romance, chanté par Jeanna Bitchevskaia,.

_____________

Закатилася зорька за лес
L’aurore
s’effaça derrière le bois

Iouri Borissov / Борисов Юрий Аркадьевич

L’aurore s’effaça derrière le bois, comme disparaissant.
Un ciel, pareil à un froid saphir, s’avança.
Peut être bien que le frère de
Caïn, lui demanda grâce,
Seulement, nous ne pouvions trahir notre uniforme d’officier.

La rivière s’est dissimulée sous de bas nuages,
S’est mise à murmurer l’inquiétante et noire Kat’.
Je n’ai pas eu l’occasion de t’écrire de lettre,
Afin de te faire mes adieux, te souhaiter bonne chance.

Et de l’autre côté, c'est la redoute des commissaires: suffit de l’effleurer,
voila que
la mort-mitrailleuse, déchire le silence.
Au cœur de cette sombre nuit, nous passerons de l’autre côté.
Sans pitié pour nous même,
dans cette dernière attaque.

Et le serment semble plus fidèle, et la prière plus ardente,
Lorsque le combat est désespéré et que tu ne peux attendre de miracle.
D’une baïonnette glacée, mon cœur ardant,
Sans pitié pour l’uniforme, assaille-le, refroidi-le.

Résonnera l’aurore de coups de feu et de plaintes.
Se renversera dans l’herbe, le cornette d’hier.
Sur le mort, une capote avec des épaulettes dorées,
Le coûteux drap cachera la trace du sabre.

Et me pardonneront tout ce que, de mon sang, je salirai,
Ceux, pour qui ma mémoire est chère.
Lorsqu'une larme coulera sur ma photographie
Et une main chère, fermera l’album.

Traduction : Sarah P. Struve.

Partager cet article
Repost0
4 septembre 2009 5 04 /09 /septembre /2009 00:06

Cette chanson est parue en 1982 dans le deuxième album du groupe: « Свинья на радуге – Svinïa na radougué – Un cochon sur l’arc-en-ciel »

Le vidéogramme a été enregistré lors du festival « Нашествие – Nachestvie » de 2001, qui s’est tenue dans la ville de Ramenskoïe, dans l’oblast’ de Moscou.

~~~~~~~~~~~~~~~~

Дождь ~ La pluie

Юрий Шевчук ~ Iouri Chevtchouk

La pluie, d’un voile sonore, a emplie le ciel,
Pluie de mai.
Le tonnerre s’est mis à gronder au-dessus des toits,
Effrayant tous les chats, le tonnerre.
J’ai ouvert la fenêtre, et un vent joyeux
Balaya tout sur la table :
Des vers stupides, que j’écrivais dans un étouffant
Et mélancolique vide.

Eclata le tonnerre de mai et, une gaité impétueuse,
Telle une vague enivrante,
Déferla : "Hé, lève-toi et sautes à ma suite"
Sort dans la coure et cours à travers les flaques,
Au moins, jusqu’au petit matin.
Regarde comme joue la sainte
Et drôle marmaille.

Des gouttes sur le visage… C’est simplement la pluie,
Ou, peut être, est-ce moi, qui pleure.
La pluie a tout nettoyée et, l’âme pataugeant,
Brusquement, s’est détrempée.
Coulant en ruisseau, hors de la maison, vers les prés ensoleillés, embroussaillés,
Se métamorphosant en vapeur,
Avec le vent, elle s’est envolée vers des mondes inexplorés.

Et je me suis imaginé : la ville inondée
Soudainement de gens joyeux.
Ils sortaient sous la pluie, chantants quelque chose en cœur
Et dansaient : Que diantre!
Oubliant la gêne et le danger
De tomber, avec des complications, malade.

Sous la pluie, les gens saluaient le tonnerre, tel un feu d’artifice,
Le premier tonnerre printanier…

Traduction : Sarah P. Struve

Partager cet article
Repost0
29 août 2009 6 29 /08 /août /2009 14:45

Victor Tsoï est né à Leningrad en 1962. Il fait ses études secondaires dans un lycée artistique, où avec un ami, il crée un groupe musical « Salle N°6 ». Après son exclusion du lycée, il entreprend un apprentissage comme sculpteur sur bois. A cette époque il fréquente les milieux musicaux underground et punk de Leningrad, tout en restant passionné d’arts martiaux orientaux. En 1981 il crée avec deux camarades, un nouveau groupe « Garine et les hyperboloïdes » qui deviendra le groupe « Kino » Le premier album est enregistré sous la direction de Boris Grebebchikov, qui soutient et parraine Tsoï.

Le 15 août 1990, Victor Tsoï se tue dans un accident de la route.
La chanson « Кукушка - koukouchka - Le coucou » est issue du dernier album du groupe « Чёрный альбо́м – Tchornyi al’bom – L’album noir ». Enregistré peu de temps avant sa mort. Il est paru en décembre 90.

______

Кукушка / Le coucou
Виктор Цой / Victor Tsoï

De chansons encore non écrites, combien y-en-a-t-il,
Dis-le-moi coucou, chante-le-moi.
Dois-je vivre en ville ou bien de hameau en hameau
Dois-je rester couché telle une pierre, ou brûler telle l’étoile, l’étoile.
Mon soleil, jette un regard sur moi;
Ma paume s’est métamorphosée en poing.
Et s’il y a de la poudre, donne-moi du feu.
C’est ainsi...
Qui ira de par les traces solitaires ?
Les forts et les courageux ont couché leur tête au combat.
Peu nombreux sont ceux qui restent tête lucide;
Sain d'esprit, mains fermes, dans le rang, dans le rang.
Mon soleil, jettes un regard sur moi;
Ma paume s’est métamorphosée en poing.
Et s’il y a de la poudre, donne-moi du feu.
C’est ainsi...
Où es-tu donc maintenant mon libre arbitre ?
Avec qui rencontres-tu, la tendre aurore;
Réponds-moi.
Je me sens bien avec toi et mal sans toi;
La tête et les épaules restent impassibles sous le fouet, le fouet.
Mon soleil, jette un regard sur moi;
Ma paume s’est métamorphosée en poing.
Et s’il y a de la poudre, donne-moi du feu.
C’est ainsi...
Mon soleil, jette un regard sur moi;
Ma paume s’est métamorphosée en poing.
Et s’il y a de la poudre, donne-moi du feu.
C’est ainsi...


Traduction : Sarah P. Struve

Partager cet article
Repost0
23 août 2009 7 23 /08 /août /2009 15:15

J’ai appelée « entrelacement » (en russe « Pérépléténié ») cette interprétation originale de Diana Arbenina et Sergueï Trofimov, faite d’un extrait d’un poème d’Alexandre Kotchetkov et d’une chanson, aux strophes entrelacées. Le vidéogramme est extrait de l’émission « Dvé Zvezdy – Deux étoiles » du 1° kanal.

kochetkov.jpg

Le poème s’appelle "Баллада о прокуренном вагоне – Ballada o prokourinom vogonie – La ballade du wagon enfumé," dont on peut lire la traduction, ici,) il date de 1932. La chanson « Я спросил у ясеня - J’ai demandé au frêne », dont le texte est de Vladimir Kirshon et la musique de Mikael Tariverdyév, a été écrite pour le téléfilm « L'ironie du sort » et date de 1975, que l'on peut visionner, ici..

(Vous pouvez entendre la lecture de l’intégralité du poème « Ballade du wagon enfumé » ainsi que lire l’intégralité de la traduction, ici.)

-Les extraits de « La ballade du wagon enfumé », sont en vert.

-Le texte de la chanson « J’ai demandé au frêne », est en bleu.

 

 

Entrelacement / Переплетение

- Comme il est douloureux ma douce, comme il est étrange,
Lié à la terre, entrelacé d’avec les branches,
Comme il est douloureux ma douce, comme il est étrange,
De se dissocier sous la scie.
Ne guérira pas la plaie au cœur,
Coulera telles de pures larmes,
Ne guérira pas la plaie au cœur,
Coulera telle de la poix enflammée,

- Tant que je serai vivante, je serai avec toi
L’âme et le sang ne sont pas séparables
Tant que je serai vivante, je serai avec toi
L’amour et la mort sont toujours ensemble.
Tu porteras partout avec toi,
Tu porteras partout, mon aimé,
Tu porteras partout avec toi,
La terre natale, la maison aimée.

J’ai demandé au frêne, où était mon aimée
Le frêne ne m’a pas répondu, hochant de la tête
J’ai demandé au peuplier : « Où est mon aimée ? »
Le peuplier m’a recouvert d'un feuillage automnal.

J’ai demandé à l’automne : « Où est mon aimée ? »
L’automne m’a répondu par une pluie battante.
A la pluie j’ai demandé, où est mon aimée,
La pluie versa longuement des larmes sous ma fenêtre.

J’ai demandé au croissant de lune: « Où est mon aimée ? »
Le croissant de lune se cacha dans un nuage et ne me répondit pas.
J’ai demandé au nuage : « Où est mon aimée ? »
Le nuage s'effaçât dans le bleu céleste...

- Cahotant dans un wagon enfumé,
Il devint errant et résigné,
Cahotant dans un wagon enfumé
Pleurant et dormant à moitié
Quand le convoi sur une pente glissante,
Prenant une terrible bande, soudain se pencha,
Quand le convoi sur une pente glissante
Ses roues, des rails, arracha.

- Une force surhumaine,
Mutilant tout dans un pressoir,
Une force surhumaine
Jeta la terre par dessus terre.
Et ne protégea personne,
Au loin, la rencontre promise,
Et ne protégea personne
Cette main appelant au loin.

Mon seul ami: où est mon aimée ?
Dis moi, où elle s’est cachée, sais-tu où elle est ?
Mon ami fidèle a répondu, mon ami sincère a répondu
Elle fut ton aimée, elle fut ton aimée,
Elle fut ton aimée, mais, mon épouse, est devenue

Ne vous séparez pas des êtres aimés !
Ne vous séparez pas des êtres aimés !
Ne vous séparez pas des êtres aimés !
De tout votre sang germez en eux !
Et à chaque fois dites adieu pour l’éternité !
Et à chaque fois dites adieu pour l’éternité !
Et à chaque fois dites adieu pour l’éternité !
Lorsque vous quittez l'espace d'un instant !

J’ai demandé au frêne…

Traduction Sarah P. Struve

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : STENGAZETA - ПАРИЖСКАЯ СТЕНГАЗЕТА
  • : Le mot « Stengazeta » est un acronyme voulant dire « journal mural ». Stengazeta de Paris publie des traductions de chansons russes contemporaines et/ou populaires, ainsi que des articles d'opinions. Il m’a semblé utile, de faire percevoir à travers ce blog, la Russie et ses cultures, hors du prisme propagandiste et réducteur que véhiculent les pouvoirs politiques, économiques & médiatiques occidentaux. S. P Struve
  • Contact

 

 

Recherche

Pages

Catégories