Nombre de chansons soviétiques parlant de la Grande Guerre Patriotique, ont souvent été écrites dans l’après-guerre. « Le fichu bleu » est une chanson qui accompagna vraiment, tant les soldats de l’armée rouge durant leur combat contre l’envahisseur nazi, que les gens de l’arrière, parents de soldats et travailleurs des usines produisant l’armement destiné au front.
L’auteur de la musique de cette chanson, JJerzy Petersburski (1895 - 1979) était un compositeur polonais, connu également comme l’auteur de la célèbre valse «Последнее воскресенье – le dernier dimanche» en polonais «Tо ostatnia niedziela», valse qui résonne dans le film de Mikhalkov, « Soleil trompeur ».
D’après une première version, après le partage de la Pologne en 1939, Jerzy Petersburski s’est retrouvée dans la ville de Bialystok rattachée à la République Socialiste Soviétique de Biélorussie et, vers la fin de la même année, il prit la direction de l’orchestre républicain biélorusse de jazz.
D’après une autre version, se sauvant de l’occupant nazi, en 1939, les musiciens du groupe musical polonais « le jazz bleu ciel » ont rejoints l’Union Soviétique. Ce groupe était animé par Henri Gold et son cousin, Jerzy Petersburski.
En 1940 l’orchestre était en tournée à Moscou. Il joua notamment au théâtre de l’Ermitage. Parmi les différents morceaux que jouait l’orchestre, résonnait une valse composée par Jerzy Petersburski. Dans la salle du théâtre, se trouvait le poète et dramaturge Yakov Galitski. Il jeta là, sur une feuille, les premières strophes du poème « Le fichu bleu » Le texte plut particulièrement à Petersburski et, quelques jours plus tard, le poème de Galitski était interprété par le soliste de l’orchestre, Stanislav Landau.
“Tu pars loin / Voilà le sifflet implacable / Et près du wagon / une nuit sans sommeil / Tu es déjà étrangement loin / Nuitamment / Nous nous sommes dits adieu. / Écrits moi, mon ami / au moins quelques lignes / mon doux, mon gentil, mon aimé…“
Cette chanson est vite devenue un véritable tube à la mode. Nombre d’artistes connus, telle Lidia Rouslanova, l’interprétaient.
Durant cette même période la célèbre chanteuse Klavdia Chulzhenko et son accompagnateur, Vladimir Koralli, avec leur jazz-band, donnaient des concerts parmi les unités combattantes. En février 1942 ils étaient en tournée sur le front du Volkov, près de Leningrad. Un jour, l'artiste et son ensemble se produisaient dans l'unité de la Garde du général N. Gaguen sur la légendaire « Route de la vie » qui traversait le lac Ladoga. Elle y fit connaissance avec le lieutenant Mikhaïl Maximov., collaborateur du journal de front de cette unité : “En un combat décisif“. Il décrivit plus tard cet événement : « Ayant appris que j'écrivais des vers, Chulzhenko m'a demandé d'écrire un nouveau texte sur la mélodie de Petersburski. Elle trouvait que la Chanson était populaire, la mélodie agréable, mais qu’il était nécessaire que les paroles reflètent notre combat contre le fascisme“.
« Le fichu bleu » devint le symbole de la Grande Guerre Patriotique. Cette chanson accompagna l’armée rouge jusqu'au combat final, la bataille de Berlin, où au côté des soldats soviétiques se trouvaient, seules soldats étrangers, 155 000 soldats polonais qui participèrent à cette bataille de Berlin qui mit un point final à la deuxième guerre mondiale en Europe.
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Синий, платочек
Le fichu bleu
Musique : Jerzy Petersburski ~ Paroles : Y Galitski / M. Maximov
Un discret fichu bleu
Tombait de tes épaules affaissées.
Tu disais que tu ne saurais oublier
Nos rencontres affectueuses et gaies.
Parfois de nuit
Nous nous disions adieu.
De ces nuits, Il n’y en a plus!
Où es-tu petit fichu,
Désiré, doux et tellement familier ?
Je me rappelle, comme un soir inoubliable
Le petit fichu, de tes épaules, tombait
Et me raccompagnant, tu me promettais
Que ce fichu bleu, tu saurais le conserver.
Et même si tu n’es pas,
Ma douce, mon aimée, avec moi,
Au chevet de ton lit, je sais,
Tu caches le fichu bleu.
Recevant tes lettres,
J’entends la présence de ta voix.
Et d’entre les lignes le fichu bleu
À nouveau, apparait devant moi,
Et souvent au combat
Ton visage est tout près de moi,
Je sens à côté, ce regard aimant,
Tu es avec moi tout le temps.
De doux propos,
Des épaules de jeunes filles
Je m’en souviens dans l’effroi du combat.
Pour eux, tellement proches,
Désirés et tant aimés,
Tiraille le mitrailleur, pour le petit fichu bleu,
Celui qui était sur les épaules adorées !
Traduction : Sarah P. Struve
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