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3 mai 2010 1 03 /05 /mai /2010 09:37

Nombre de chansons soviétiques parlant de la Grande Guerre Patriotique, ont souvent été écrites dans l’après-guerre. « Le fichu bleu » est une chanson qui accompagna vraiment, tant les soldats de l’armée rouge durant leur combat contre l’envahisseur nazi, que les gens de l’arrière, parents de soldats et travailleurs des usines produisant l’armement destiné au front.

L’auteur de la musique de cette chanson, JJerzy Petersburski (1895 - 1979) était un compositeur polonais, connu également comme l’auteur de la célèbre valse «Последнее воскресенье – le dernier dimanche» en polonais «Tо ostatnia niedziela», valse qui résonne dans le film de Mikhalkov, « Soleil trompeur ».

D’après une première version, après le partage de la Pologne en 1939, Jerzy Petersburski s’est retrouvée dans la ville de Bialystok rattachée à la République Socialiste Soviétique de Biélorussie et, vers la fin de la même année, il prit la direction de l’orchestre républicain biélorusse de jazz.

D’après une autre version, se sauvant de l’occupant nazi, en 1939, les musiciens du groupe musical polonais « le jazz bleu ciel » ont rejoints l’Union Soviétique. Ce groupe était animé par Henri Gold et son cousin, Jerzy Petersburski.

En 1940 l’orchestre était en tournée à Moscou. Il joua notamment au théâtre de l’Ermitage. Parmi les différents morceaux que jouait l’orchestre, résonnait une valse composée par Jerzy Petersburski. Dans la salle du théâtre, se trouvait le poète et dramaturge Yakov Galitski. Il jeta là, sur une feuille, les premières strophes du poème « Le fichu bleu » Le texte plut particulièrement à Petersburski et, quelques jours plus tard, le poème de Galitski était interprété par le soliste de l’orchestre, Stanislav Landau.

Tu pars loin / Voilà le sifflet implacable / Et près du wagon / une nuit sans sommeil / Tu es déjà étrangement loin / Nuitamment / Nous nous sommes dits adieu. / Écrits moi, mon ami / au moins quelques lignes / mon doux, mon gentil, mon aimé…

Cette chanson est vite devenue un véritable tube à la mode. Nombre d’artistes connus, telle Lidia Rouslanova, l’interprétaient.

Durant cette même période la célèbre chanteuse Klavdia Chulzhenko et son accompagnateur, Vladimir Koralli, avec leur jazz-band, donnaient des concerts parmi les unités combattantes. En février 1942 ils étaient en tournée sur le front du Volkov, près de Leningrad. Un jour, l'artiste et son ensemble se produisaient dans l'unité de la Garde du général N. Gaguen sur la légendaire « Route de la vie » qui traversait le lac Ladoga. Elle y fit connaissance avec le lieutenant Mikhaïl Maximov., collaborateur du journal de front de cette unité : “En un combat décisif“. Il décrivit plus tard cet événement : « Ayant appris que j'écrivais des vers, Chulzhenko m'a demandé d'écrire un nouveau texte sur la mélodie de Petersburski. Elle trouvait que la Chanson était populaire, la mélodie agréable, mais qu’il était nécessaire que les paroles reflètent notre combat contre le fascisme“.

Maximov, modifia une partie des strophes du poème déjà célèbres de Galitski. Son texte fut publié le 8 juin 42, en page deux du N°101 du journal de front “Pour la patrie ! “ Le texte était signé « Lieutenant M. Maximov ». C’est dans cette version que Klavdia Chulzhenko continua à interpréter cette valse. C’était, alors l’époque où l’armée rouge résistait sous les coups de boutoir de l’armée allemande. L’atmosphère était particulièrement angoissante, la situation extrême. La direction du pays appliquait des méthodes particulièrement dures. À l’époque il était facile d’accuser n’importe qui de lâcheté. Reculer était interdit. D’un côté du front tiraient l’ennemi, de l’autre, c’étaient les siens qui fusillaient : Staline avait donné cette directive devenue célèbre « Pas un pas en arrière ! » Et là, parmi les slogans patriotiques, les marches militaires, apparurent à tous ces soldats qui s’affrontaient au jour le jour avec la mort, les paroles simples et lyriques de cette valse/chanson. « Le fichu bleu » devin le symbole de la vie. Très vite elle fut gravée sur disque, ce qui lui permit d’être entendue sur les milliers de kilomètres de front, de la frontière finlandaise, jusqu’aux sommets du Caucase.

« Le fichu bleu » devint le symbole de la Grande Guerre Patriotique. Cette chanson accompagna l’armée rouge jusqu'au combat final, la bataille de Berlin, où au côté des soldats soviétiques se trouvaient, seules soldats étrangers, 155 000 soldats polonais qui participèrent à cette bataille de Berlin qui mit un point final à la deuxième guerre mondiale en Europe.

______________________

Синий, платочек
Le fichu bleu

Musique : Jerzy Petersburski  ~ Paroles : Y Galitski / M. Maximov

Un discret fichu bleu
Tombait de tes épaules affaissées.
Tu disais que tu ne saurais oublier
Nos rencontres affectueuses et gaies.
Parfois de nuit
Nous nous disions adieu.
De ces nuits, Il n’y en a plus!
Où es-tu petit fichu,
Désiré, doux et tellement familier ?
Je me rappelle, comme un soir inoubliable
Le petit fichu, de tes épaules, tombait
Et me raccompagnant, tu me promettais
Que ce fichu bleu, tu saurais le conserver.
Et même si tu n’es pas,
Ma douce, mon aimée, avec moi,
Au chevet de ton lit, je sais,
Tu caches le fichu bleu.
Recevant tes lettres,
J’entends la présence de ta voix.
Et d’entre les lignes le fichu bleu
À nouveau, apparait devant moi,
Et souvent au combat
Ton visage est tout près de moi,
Je sens à côté, ce regard aimant,
Tu es avec moi tout le temps.
De doux propos,
Des épaules de jeunes filles
Je m’en souviens dans l’effroi du combat.
Pour eux, tellement proches,
Désirés et tant aimés,
Tiraille le mitrailleur, pour le petit fichu bleu,
Celui qui était sur les épaules adorées !

Traduction : Sarah P. Struve

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2 mai 2010 7 02 /05 /mai /2010 09:45

Le 22 juin 1941, l'agression de l'Allemagne nazie contre l'Union Soviétique, débuta. Voici une chanson sur une mélodie de Petersburski, il existe deux versions. La première version écrite dans les premiers jours de la guerre par le poète Boris Kovynev s’intitule « Le 22 juin, juste à quatre heures du matin ».

- Dans le vidéogramme qui suit, Garik Soukatchev interprète cette chanson.

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Двадцать второго июня, Ровно в четыре часа
Le 22 juin, juste à quatre heures du matin

Musique : Jerzy Petersburski – Parole : Boris Kovynev

Le vingt deux juin,
Juste à quatre heures du matin,
Kiev fut bombardé,
Il nous fut annoncé,
Que la guerre avait commencée.

Finit le temps de paix,
Il est temps de nous séparer.
Je m’en vais,
Mais je te promets
Que jusqu'à la fin, fidèle, je te resterai.

Et toi, ménages moi,
Avec mes sentiments, ne joue pas !
Viens, mon amie,
Au train, ma mie,
Accompagner au front, ton ami.

S’ébranleront les roues du wagon,
Telle une flèche, s’élancera le train.
Et toi, du perron,
Moi, de l’échelon,
Tristement, nous nous ferons signe de la main.

Passerons les années,
À nouveau, je te reverrai.
Tu me souriras,
Contre mon cœur, te serreras,
Et aimante, tu m’embrasseras.

Traduction : Sarah P. Struve

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24 avril 2010 6 24 /04 /avril /2010 09:50

On appelait parfois ce chant de déportés du temps de l’URSS, l’hymne des prisonniers de la Kolyma. La date exacte de la création de ce chant n’est pas précisément connue. A. Morozov, un ancien déporté affirme l’avoir entendu à l’automne 1947, et le date des années 46-47. La construction du port de Vanino fut terminée en juin 45.
La paternité de cette chanson fut attribuée à nombre d’auteurs dont N. Zabolotsky, B. Routchïov ou Boris Kornilov. A. Birïoukov, un spécialiste de la littérature de la région de Magadan affirme que l’auteur serait Konstantin K. Sarakhanov.

Cette chanson porte le nom du port du village de Vanino qui se situe au bord du pacifique. Ce port fut un lieu de transit pour les prisonniers envoyés à la Kolyma. Les prisonniers arrivaient à la Station de Vanino pour être chargés sur les vapeurs en partance vers Magadan, centre administratif du « Dalstroï ». Le terme « zek –Зек » est une abreviation du mot prisonnier qui se dit en russe «Заключённый - zaklioutcheny »

la traduction reprend la version contemporaine de ce chant, qui ne correspond pas exactement au texte que chante ici Tatiana Kabanova dans un enregistrement datant de 1985.

____________________

Ванинский порт / Le port de Vanino
Chanson de prisonniers

Je me rappelle le port de Vanino
Et, des paquebots, le morose mugissement,
Comme nous montions, par la passerelle, à bord
Dans de froides et sombres cales.
Sur la mer descendait le brouillard,
Hurlaient déchainés, les éléments.
S’étendait devant nous, Magadan,
Capitale du pays de la Kolyma.
C’était un cri plaintif et non un chant,
Qui, de chaque poitrine, s’échappait.
« Adieux pour toujours, continent ! »
Le navire surchargé, râlait.
Les zeks, tanguant, gémissant
Tels des frères s’enlaçaient,
Et seulement, parfois s’échappaient
Des bouches, de sourdes imprécations.
Soit maudite toi, la Kolyma,
Que l’on nomme, la planète enchantée.
Tu deviendras fou, forcément,
D'ici, de retour, il n’y en a pas.
Cinq cents kilomètres alentour, la taïga.
Dans cette taïga il n’y a que bêtes sauvages.
Les voitures ne vont pas par là-bas.
Se trainent, trébuchant, des élans.
Ici la mort et le scorbut, se sont liés d'amitié,
Les infirmeries sont pleines à craquer.
Inutilement pour ce printemps,
J'attends une réponse de mon aimée.
Je sais, tu ne m'attends pas
Et mes lettres, tu ne les lis pas,
A ma rencontre, tu ne viendras pas,
Mais si tu viens, tu ne me reconnaitras pas …
Adieu ma femme, Adieu mère!
Adieu vous, mes bons enfants.
Assurément, boire cul sec, il me faudra,
De ce monde,
la coupe amère !

Traduction : Sarah P. Struve

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18 avril 2010 7 18 /04 /avril /2010 09:53

Ludmila Lopato est née en 1914, dans la famille d’un magna russe du tabac, à Harbin, la plus russe des villes chinoises. En 1929 sa famille quitte la Mandchourie pour Paris, où Ludmila étudie le chant au conservatoire russe Rachmaninov. À l’approche de la guerre, elle quitte l’Europe pour l’Amérique du nord, sur le même navire qu'elle prend, se trouvent Ingrid Bergman et Albert Einstein, se sauvant du fascisme.

Elle a chanté dans des cabarets aussi bien en Amérique du nord, qu’à Paris. Les critiques l’appelaient "champagne dans la neige au paprika" ainsi que "La plus russe des Parisiennes". Elle était amie avec des émigrés russes tels que le prince Félix Yousoupoff, Theodore Chaliapine, ou Alexandre Vertinski.

En 1950, à Nice, Ludmila rencontre son second mari, Johnny. En 1960, elle crée un restaurant, « Le pavillon Russe, » restaurant que le milieu des critiques appelle à l’époque "le plus princier, le plus chic des cabarets russes de Paris." Entre les années 60 et 80, Ludmilla Lapato enregistre nombre de romances russes.

En 2000, après une vie commune de 40 ans, son mari, Johnny, décède. Elle quitte alors Paris pour la Côte d’azur où, en 2004, elle quittera doucement le cours tumultueux et brillant de sa vie.

 

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 ВАСИЛЁЧКИ ~ LES BLEUETS 

Paroles: P. Shlakat / Musique A. Tchernïavski

Te souviens tu, te souviens tu de cette prairie,
Le petit soleil rouge, les fleurs ;

Dès l’aurore dans la prairie,
Toi et moi, nous nous promenions.

Les bleuets, les bleuets,
Les bleuets bleus-ciel.
Oh, vous mes douces fleurs,
Oh, vous mes petites fleurs.

Cette prairie déversait
Cette couleur bleue veloutée
Des bleuets, je les ramassais
Et tu étais là, avec moi, mon aimé.

Les bleuets, les bleuets,
Les bleuets bleus-ciel.
Oh, vous mes douces fleurs,
Oh, vous, mes petites fleurs.

Nous penchant, nous rions,
Et, malicieux nos regards brillaient,
Et après, comment nous nous embrassions,
Jusqu'à ce jour, je ne l’ai pas oubliée.

Les bleuets, les bleuets,
Les bleuets bleus-ciel.
Oh, vous mes douces fleurs,
Oh, vous mes petites fleurs.

Aujourd’hui, nous sommes séparés,
Ces jours-là, se sont envolés
Et, en mémoire me sont restés
Des bleuets séchés.

Les bleuets, les bleuets,
Les bleuets bleus-ciel.
Oh, vous mes douces fleurs,
Oh, vous mes petites fleurs.

Traduction : Sarah P. Struve

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9 avril 2010 5 09 /04 /avril /2010 10:21

Voici une chanson de Vladimir Vissotski, datant de ses débuts et faisant partie des enregistrements audio publiés dans les années 70 par YMCA Press. Le texte est directement inspiré d’un poème de N. Ognivtsev (1888 – 1932), poète dandy du siècle d’argent russe.

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Dans une petite flaque solaire
В маленькой солнечной лужице

Vladimir Vissotski

Dans une petite flaque solaire
Sous le regard des Dieux malicieux,
Tel un petit ballon, tourne,
Petite boule noire – la Terre.

Pauvre et triste est ta destinée
Avec tes bonheurs et tes souffrances,
Pauvre petite boule – la Terre,
Laisse-moi te bercer.

Ensommeilles-toi, oublies tout,
Laisse-toi porter par les vents solaires,
À travers la brumeuse voie lactée,
Tu voles vers mars, ton mois bien-aimé.

Il ne viendra pas à ta rencontre, ne t’enlacera pas,
Ne te chuchotera pas un amour sans fin
Et toi, toujours aimante, tu repartiras
À l’appel de la voie lactée.

Tu tourbillonnes dans l’intemporalité,
Le long de siècles sans fin,
Tu es vraiment fatiguée d’éternité,
Ô, dors petite terre bien-aimée.

Tu t’es imbibée d’amers malheurs,
Les larmes et les plaintes brûlent ton cœur,
Pauvre petite boule - la Terre,
Laisse-moi t’ensommeiller,
Dors, dors petite Terre.

Traduction : Sarah P. Struve

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26 mars 2010 5 26 /03 /mars /2010 11:33

L’ensemble "Гостя - Gostia - La convive" qui interprète ici "La sigogne de Vologda" est un groupe qui s’est donné comme but de faire revivre la chanson populaire russe ainsi que les traditions locales de la région de la ville de Vologda, ville dont parle si bien Varlam Chalamov dans "La quatrième Vologda" (Éditions Verdier) Il faut lire et relire ce livre, afin de ressentir cette Russie provinciale mais non moins éclairée, d'avant guerre civile, Dans ce récit de la jeunesse de Chalamov, on voit resurgir comme par miracle, celle ci, pure de cœur qui, plus tard, sombrera un temps pour enfin renaitre peu à peu de nos jours.

 

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Вологодский журавль / La cigogne de Vologda

Chanson populaire

 

Vers son rivage russe natal,
A l’ombre des bouleaux argentés
Dans ses plumes, notre cigogne de Vologda,
Une flèche d 'Afrique, rapporta.

Je ne suis ni une cigogne, ni un cygne,
Mais, juste une simple grue cendrée
Et je reste dans le ciel russe,
Tout en volant à travers
de lointaines contrées..

Le morceau de flèches est en bois
Avec une pointe en acier,
Qu’en se grattant le cou, un palefrenier aviné,
Se penchant au dessus d’elle, extirpa.

Je ne suis ni une cigogne, ni un cygne,
Mais, juste une simple grue cendrée
Et je reste dans le ciel de Russie,
Tout en volant à travers de lointaines contrées.

Et combien les vents ne m’emporteraient
Vers des terres d'outre-mer,
La flèche Russie, de mes ailes,
Restera mon amour, mon regret.

Je ne suis ni une cigogne, ni un cygne,
Mais, juste une simple grue cendrée
Et je reste dans le ciel de Russie,
Tout en volant à travers
de lointaines contrées.

Traduction : Sarah P. Struve

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13 mars 2010 6 13 /03 /mars /2010 11:41

Cette chanson a eu beaucoup d’écho en URSS, parmi des cercles informels, passionnés par l’aspect romantique, de l’épopée de la Garde Blanche, en réponse à la propagande officielle qui représentait celle-ci, d’une façon négative. Elle eu également beaucoup d’écho parmi ce que l’on appelle la troisième vague de l’émigration russe (la première étant celle de la guerre civile et la seconde étant celle que le ressac chaotique de la 2° guerre mondiale, abandonna sur les berges étrangères du monde occidentale) Après la pérestroïka cette romance dite « de ville » commença à être interprétée ouvertement.

Plusieurs personnes ont été présentées comme auteur de cette romance. D’après certains, ce serait Vladimir Romenski qui en serait l’auteur, mais il semblerait que ce dernier n’a fait qu’arranger celle-ci dans une nouvelle version.

Gontcharenko.jpgEn fait, l’auteur en serait le général Youri Gontcharenko, noble né dans une famille de militaire en 1877. Outre l’art de la guerre, Gontcharenko pratiquait l’écriture dont la poésie et la journalistique sous le pseudonyme de Youri Galitch. Il écrivit quatorze livres de nouvelles, de contes et de poésie et publia plusieurs centaines d’articles. La guerre civile le trouva en terre d’Ukraine, où il servait auprès du général Skoropadski. C’est là, à Kiev, qu’il fit la connaissance du lieutenant Konstantin Golitsyne originaire de Saint Pétersbourg, qui lui servi de modèle pour cette romance.

À propos de cet épisode, le journal « Focus » raconte:

« "C'était en janvier 1919, quand en Ukraine, le Directoire « Petlioura / Vinnichenko » gouvernait. La rencontre historique s'est passée dans un cachot de Kiev qui se trouvait quelque part dans la rue Pouchkine. Gontcharenko, identifié comme officier blanc avait été arrêté dans un train près d'Odessa par les gens de Petlioura, et moisissait depuis quelque jours dans ce cachot, lorsqu’on lui amena deux nouveaux compagnons, Belenko, l’ancien directeur de la Nouvelle Banque de Kiev que l’on accusait de détourner de l’argent pour l’armée du général Skoropadski et le jeune lieutenant Golitsyne. Gontcharenko et le futur héros de cette romance passèrent une semaine dans ce cachot, puis au bout de huit jours il fut décidé de transférer les trois prisonniers dans un autre endroit. En guise de garde, on leur désigna un vieux surveillant. Celui-ci s’imaginant que les prisonniers ne s’échapperaient pas sans leurs affaires, les leur avait confisqués. Lorsque cette étrange procession sortie sur l’Avenue Kretchatik, le général s’accroupi pour attacher le lacet de l’une de ses chaussures, le banquier et le lieutenant se jetèrent en avant pour fuir. Le vieux gardien se précipita derrière eux, mais réalisant que Gontcharenko était resté seul, il revint, mais ne voyant que le dos du Général qui s’éloignait d’une démarche rapide, le vieil homme ne pu que secouer d’une façon désespéré, son trousseau de clef. »

Konstantin Golitsyne arriva jusqu'à Odessa et s’engagea dans l’armée des volontaires du général Denikine où il servit en tant que capitaine en second d’une golitsine.jpgcompagnie. Durant un certain temps, servit avec Golitsyne, un autre officier – Youri Gladyrevski - meilleur ami de l’écrivain Mikhaïl Boulgakov, qui devint le prototype du personnage de Chervinski dans le roman « La Garde Blanche ». En aout 19, la compagnie du prince Golitsyne fut la première à entrer dans Kiev, chassant les gardes rouges. Mais, finalement les rouges finirent par reprendre la ville durant l’été 1920. La ville resta bolchevik encore quelques soixante-dix ans. Golitsyne fut fait prisonnier par les rouges sous Odessa. A cette époque c’était la guerre avec les Polonais blancs et l’armée Rouge avait un besoin aiguë de cadres. Le prince fut vite engagé et envoyé au front. Le reste de la guerre civile, le prince Golitsyne, la passa sous l’uniforme de l’armée rouge. Il revint à Kiev, se maria et se mit au service de la municipalité de la ville.

L’affaire №1919 portant instruction sur l’accusation d'activité contre-révolutionnaire de Golitsyne, ex prince, ex lieutenant, ancien de l’armée de Denikine, chef du service municipal « Kievglavproek », resta près de soixante ans dans les archives de l’OGPOU puis de l’NKVD et enfin du KGB.

D’après ces documents rendus publique dans le courant des années 80, Golitsyne fut arrêté de nuit, en janvier 1931, dans le cadre de l’épuration qui frappa l’armée rouge. La condamnation à mort à l’encontre de Konstantin Golitsyne fut prononcée le 20 avril 31. Il fut fusillé onze jours plus tard avec d’autres anciens participants au mouvement blanc. L’endroit exacte de sa sépulture n’est pas connue, Les officiers fusillés dans le cadre de cette épuration qui portait le joli nom de « Vesna – Printemps », étaient enterrés dans des fausses communes au cimetière Kiévien de Loukianov.

Le nom d’Obolensky, le cornette de cette romance, est le nom d’une très ancienne famille noble de Russie, descendante des Riourikides. Certains des Obolensky, dans l’émigration, défendirent leur pays d’adoption durant l'occupation nazie, et cela, aux prix de leur vie.

Quant à Youri Gontcharenko, sa fille, Natalia Gontcharenko, restée en Russie, raconte qu’en 1922 sa mère et elles reçurent des cartes postales, de son père, d’abord de Vladivostok, puis de Nagasaki. En 1923, il s’installa à Riga où il décéda le 12 décembre 1940.

____________________

Поручик Голицын
Lieutenant Golitsyne

Youri Galitch / Юрий Галич

Quatre jours que flambent les villages,
Brûle sous nos pas, la terre du Don.
Lieutenant Golitzine, ne perdez pas courage,
Cornette Obolensky, sellez votre étalon.

Scintillent d’Arbat, des visages familiers,
Par l'allée de la Tzigane, ils entrent au cabaret.
Apportez les coupes lieutenant Golitsyne,
Cornette Obolensky, versez du vin.

Et quelque part, près d’ici, des troïkas passent en coup de vent...
Hélas, nous ne savons pas en quoi est notre manquement.
Lieutenant Golitsyne, ne perdez pas courage,
Cornette Obolensky, sellez votre étalon.

Les chevaux foncent vers le Yar, dans l’obscurité,
Mon jeune cornette, pourquoi donc êtes-vous attristés?
Dans nos salons, sont assis des commissaires
Et,
vers les alcôves, ils emmènent nos hétaïres.

Au-dessus du Don morose, nous avançons en escadron
Au combat, le pays-Russie nous enflamme.
Lieutenant Golitsyne, distribuez les munitions
Cornette Obolensky, mettez vos décorations.

Oh, soleil russe, immense soleil,
Le vaisseau-empereur, tel une flèche, s’est figé…
Lieutenant Golitsyne, peut être devrions nous nous en retourner ?
Qu’avons-nous donc à faire d’une terre étrangère ?

Traduction : Sarah P. Struve

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1 mars 2010 1 01 /03 /mars /2010 12:27

nekrasov_b.jpgAppelée familièrement “Korobouchka – la petite boite“, cette chanson est basée sur le poème « Korobeïniki, - Les Colporteurs » écrit en 1861 par Nikolaï Nekrassov, poètes de la Russie paysanne du XIX siècle, et publiée peu de temps après dans le magazine Sovremennik. Les “ korobeïniki“ étaient des marchands ambulants dans la Russie prérévolutionnaire.

La chanson reprend plusieurs strophes du poème de Nikolaï Nekrassov entre les quelles, parfois, sont insérées un ou deux couplets de ce que l’on appelle en Russie des « Честушки - Tchestouchki » sorte d’improvisation populaire de courtes histoires plus où moins humoristiques. Voici la traduction de l’une de ces tchestouchki : Un rossignol chantait chez ma belle-mère ! / Le rossignol, de dormir, l’en empêchait, / J’ai pris mon fusil, le rossignol, je l’ai tué. / Dors paisiblement ma belle-mère !

La musique de cette chanson, dont le compositeur n’est pas connu, a acquis rapidement le statut de musique folklorique russe. Elle a, entre autre, été utilisée comme bande son dans le film “Voyage au bout de l’enfer“ Elle est également merveilleusement interprété par le quartet “Bond, ici.

colporteur chat statue.jpg

- Dans le premier vidéogramme, la chanson est interprétée par Mikhail Smirnov et son groupe Barynya, groupe de folk russe basé à New-York.
- Le second vidéogramme reprend l’interprétation de Nadezhda Kadychéva et de son groupe « L’anneau d’or »

colporteur dessein

O, elle est pleine, elle est pleine ma petite boite
Y a de l’indienne et du brocard,
Aie pitié, ma petite âme chérie,
De l’épaule du gaillard !

Viens ! Viens dans les hauts blés !
Là, jusqu'à la nuit, je t’attendrai,
Et si j’aperçois tes yeux noirs,
Tous mes articles, j’étalerai.

Leurs prix élevés, moi-seul, les ai payés,
Ne sois pas avare, ne marchandes pas :
Approche
tes lèvres vermeilles
Plus prés de ton chéri, assieds-toi.

Voilà qu’est tombée une nuit embrumée,
Le fier gaillard attend,
Quoi, elle vient ! - Elle est venue, la désirée,
Le camelot, ses marchandises, a étalé.

Katia marchande délicatement,
Elle a peur de céder.
Le gars, embrassant la fille,
Demande un prix plus élevé.

Seule la nuit profonde sait
Comme ils se sont aimés !
Redressez-vous, hauts blés
Gardez pieusement ce secret !

O, elle est pleine, elle est pleine ma petite boite
Y a de l’indienne et du brocard,
Aie pitié, ma petite âme chérie,
De l’épaule du gaillard !

Traduction : Sarah P. Struve

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13 février 2010 6 13 /02 /février /2010 12:56

Pélaguéia Khanova est née en 1986 à Novossibirsk. À l'age de 8 ans Pélaguéia intègre une école spéciale où est enseignée la musique. À neuf ans, elle fait la connaissance de Dima Revïakine leader du groupe " Kalinov Most" il envoie à l’émission Outréniaia zvezda – L’étoile du matin » du 1° kanal, une video de Pélaguéia. Elle participe alors au concours musical de cette émission, qu’elle gagne et obtient le titre de « Meilleure interprète 1996 de la chanson populaire de Russie ». Un enregistrement fait à la sauvette de son interprétation du chant cosaque « Lioubo brattsy - Il fait bon, frères » retrouvé dans le havresac d’un OMON, devient un hit parmi les militaires combattant en Tchétchénie. Devenue célèbre, invité au kremlin, cette gamine de 9 ans rencontre des personnages tel le Patriarche Alexis, Nikita Mikhalkov, Hilary Clinton ou Naina Eltsine… Elle déménage avec sa mère à Moscou et sort son premier album « Любо! – Lioubo ! » où elle est accompagnée par différants musiciens comme le guitariste du groupe « Akvarium », Alexis Zoubarev.

En août 1999 Pélaguéia participe en Ecosse, à l’un des plus importants festivals de folk - FRINGE EDINBURGH FESTIVAL – et y chante avec un autre prodige du rock-folk, une chanteuse ukrainienne, Katia Chilly. En 2000, à l’age de 14 ans, Pélaguéia termine le lycée et intègre l’institue russe d’art théâtral qu’elle termine avec la mention Très Bien en 2005

"Ptachetchka - Le p’tit oiseau" vient du répertoire d’une « babouchka » de Pskov. Cette chanson représente typiquement le folklore paysan russe, ces chansons qui rythment le travail aux champs, que l’on chante durant les fenaisons.

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~                     

Пташечка /Le p’tit oiseau
Pélaguéia / Пелагея

Au jardin verdoyant le p’tit oiseau à chanté
Ce p’tit oiseau a un nid, il a aussi des petits
Ce p’tit oiseau a un nid, il a aussi des petits
Et moi, l’orpheline, je n’ai personne au monde

Et moi, l’orpheline je n’ai personne au monde
La nuit je berçais des enfants, le jour je trayais les vaches
La nuit je berçais des enfants, le jour je trayais les vaches
Ayant traie les vaches, j’allai danser la farandole

Dans la farandole j’étais gaie, je faisais la fête
Mignonne que j’étais, oui, mais mal fagotée
Mignonne que j’étais, oui, mais mal fagotée
À cause de cela, personne ne me prend pour femme

À cause de cela, personne ne me prend pour femme
De chagrin j’irai au monastère prier Dieu
De chagrin j’irai au monastère prier Dieu
Devant l’icône des saints, je m’inonderai de larmes,

Devant l’icône des saints, je m’inonderai de larmes,
Le Seigneur ne m’enverrait-il pas, que je sois heureuse ?
Le Seigneur ne m’enverrait-il pas, que je sois heureuse ?
Un beau gaillard, qui me prendrait pour femme ?

Au jardin verdoyant le p’tit oiseau à chanté
Ce p’tit oiseau a un nid, il a aussi des petits…

Traduction : Sarah P. Struve

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15 janvier 2010 5 15 /01 /janvier /2010 13:05

Tatiana Kabanova est née à la fin des années 50 à Petropavlovsk-Kamtchatski. Elle n’a reçut aucune formation musicale particulière et a commencé à chanter encore dans le cadre du cercle d'art dramatique de son école. Après la fin de ses études elle a continué à étudier à l’académique Théâtrale de Iaroslavl. Après cela, elle a Travaillé au "théâtre de la jeunesse sur la Fontanka" (1980), puis, au «Refuge du comédien» (1988-1989). Tatiana Kabanova est la première femme, qui a repris le répertoire d'Alexandre Vertinski. D'abord à la télévision dans la série «l'Odyssée Vertinski» (1989), puis au "Théâtre de l'Estrade" où avait été mis en scène le spectacle musical «Madame Bomja» (1990-1992). Depuis 1997 Tatiana Kabanova se produit au théâtre « l’entreprise russe ». En 1999 elle créa son propre théâtre, malheureusement, cette expérience ne dura que le temps d’une saison. Kabanova a participé à l’album d’Alexandre Rosenbaum « Transsibérien » Son premier album « С одесского кичмана – S odeskovo kitchmana - D’une geôle odessite » est sorti en 2003. Certains collectionneurs avertis, possèdent une cassette où Kabanova chante Alexandre Vertinski, cassette éditée en 1998. Le timbre de voix si particulier de Tatiana Kabanova, fait que certains de ses admirateurs l’appellent l’Edite Piaf russe.

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 « Les ailes, brisées, fracassées » qu’elle interprète ici, est une chanson datant du début du vingtième siècle, son auteur reste inconnue. La cocaïne qui apparait en fond dans ce texte, permet de dater ainsi cette chanson dite « romance cruelle de prison ». La cocaïne étant particulièrement prisée en Russie à l'aurore du XX° siècle ; elle se retrouve dans nombres de chansons, telle « Cocaïnette » chanson écrite et créé par Vertinski, ou de romans comme « Roman avec cocaïne » de M. Agueev, auteur dont la réèle identité interroge. Cette romance reçut une renommée assez large en 1936, lors de la sortie du film «Заключенные – les prisonniers» où elle est interprétée. C’est une chanson de voleuse, ce qui en soit est une curiosité.

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Перебиты, поломаны крыля
Les ailes brisées, fracassées
Romance cruelle de prison

Les ailes brisées, fracassées,
L’âme réduite à une douleur sourde.
La cocaïne, d’une poussière argentée,
A ensevelie toutes mes routes.

Voler, alors je ne savais,
Au marché, les voleurs me l’apprenaient.
Pour cela, je leur chantai des chansons,
Ces chansons des temps passés.

Commencent alors des jours dorés
D’un amour voleur et caché.
Oh, vous, mes chevaux moreaux,
Mes chevaux noirs-corbeaux.

Le traîneau, de tapis, je recouvrirai,
Les crinières, avec des rubans vermeils, je tresserai.
Je franchirai de lointaines contrées inexplorées
Et, au vol, je t’emporterai.

De cette fatale poursuite, nous nous sommes échappés,
Cesse donc de sangloter, mon bébé,
Les chevaux noirs ne nous trahirons jamais,
Les chevaux moreaux, il n’est plus possible de les rattraper.

Les cordes de la guitare sanglotent doucement,
En réponse à mes tristes pensées,
Je suis une gamine encore jeune
Mais mon âme, elle a plus de milles ans !

Les ailes brisées, fracassées,
L’âme réduite à une douleur sourde.
La cocaïne, d’une poussière argentée,
A ensevelie toutes mes routes.

Traduction : Sarah P. Struve

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  • : Le mot « Stengazeta » est un acronyme voulant dire « journal mural ». Stengazeta de Paris publie des traductions de chansons russes contemporaines et/ou populaires, ainsi que des articles d'opinions. Il m’a semblé utile, de faire percevoir à travers ce blog, la Russie et ses cultures, hors du prisme propagandiste et réducteur que véhiculent les pouvoirs politiques, économiques & médiatiques occidentaux. S. P Struve
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